Si je dis « Kamasutra », il y a fort à parier que, tandis que quelqu’un au fond va se mettre à pouffer de rire, vous allez voir apparaître dans votre imaginaire débridé des positions sexuelles toutes plus exotiques les unes que les autres.
En effet, le Kamasutra a rapidement été assimilé à un guide des positions acrobatiques à tester avec son ou sa partenaire. Alors que ça n’est pas ça. Enfin, pas que !
Le Kamasutra, c’est quoi ?
Voici le Kamasutra.
Coucou Jojo, c’est moi qui ai (toujours) ton bouquin, pardon
Voici le nombre de pages, sur près de 300, consacrées aux positions :
Eh oui, c’est pas grand-chose. Et ne vous attendez pas à des illustrations sulfureuses : ce ne sont que des paragraphes, extrêmement descriptifs, qui expliquent de façon très pratiques où mettre ses jambes.
Certes, ce livre est érotique… mais seulement dans la mesure où il parle de sexe ! (Qui est appelé congrès : autant dire que pour le côté sensuel on repassera.)
Mais du coup, que se passe-t-il d’érotique dans les 250 autres pages du Kamasutra ? Des choses dont vous n’avez peut-être pas idée.
Le Kamasutra, un manuel sur l’amour
Le Kamasutra est un recueil indien écrit entre les VIe et VIIe siècles, par un certain Vatsyayana.
Ce recueil prend la forme d’un manuel, dont les propos sont divisés dans des chapitres et sous-parties autour de l’amour, de la séduction, le mariage, la vie de couple — mais avec une vision très lointaine de la nôtre, dans le temps et dans l’espace.
L’idée est d’abord d’expliquer comment tenir un foyer, quel « type » de femme privilégier (je n’ai pas dit que c’était classe)…
Puis ensuite de s’attaquer à tout ce qui est union sexuelle, à commencer par la manière d’enlacer, d’embrasser, les marques à faire avec ses ongles (oui) et ses dents (oui oui), de frapper avec passion (ambiance BDSM entendons-nous bien) et par le descriptif des différentes positions (des différents congrès donc, si vous suivez bien).
Le Kamasutra aborde ensuite les fiançailles, la manière de rassurer sa dulcinée et de lui faire la cour.
Ensuite, il est question du respect des aînées, des efforts à faire pour conquérir sa promise, et même des maîtresses — ce qui peut être assimilé à un guide du comportement dans un plan cul, mais où la femme n’est pas franchement en position de force.
Bon, vous l’aurez compris, le Kamasutra c’est un guide des relations amoureuses (un peu comme le nouveau livre de Sophie-Marie Larrouy d’ailleurs, Cœurs à gratter) plus qu’un livre qui titille l’entrecuisse à la lecture.
Le Kamasutra, obsolète mais finalement très touchant
Le Kamasutra a beau être terriblement suranné dans ses propos, avec ses conseils complètement hétérocentrés teintés de machisme dus à l’époque où il est rédigé, il a aussi quelque chose de délicieux quand on parvient à prendre du recul.
Il est délicieux dans son aspect « à côté de la plaque à cause des années », qui vire parfois à l’absurde complet — quand il préconise de ne pas s’associer avec des femmes qui ont un grand front, pour ne citer qu’un exemple !
Déso Riri.
Il est truffé de conseils témoignant d’une autre époque, d’une autre culture, qui peuvent parfois être originaux, fascinants.
Un de mes préférés est par exemple de demander à ses amis de se faire passer pour des astrologues auprès de la famille de la femme que l’on souhaite épouser.
L’idée est de leur garantir que les planètes sont tout à fait favorables à l’union, et donc encourager son acceptation par les parents !
À lire aussi : Comment je suis devenue dingue d’astrologie (et accessoirement relou avec ça)
Il est aussi très appréciable que l’érotisme selon le Kamasutra ne se concentre pas uniquement sur tout ce qui est appareil reproducteur : il passe aussi par les onguents que l’on prépare, les traces d’ongles qu’on laisse sur l’autre pour qu’il se souvienne de soi.
C’est particulier, je vous l’accorde, mais au fond, tout en délicatesse.
Le Kamasutra : les leçons à retirer pour notre époque
Le Kamasutra a quelques échos non négligeables pour notre société actuelle, notamment sur la question de la confiance. Je n’ai pas envie de parler de consentement non plus car ça reste une époque de mariage arrangé.
Mais Vatsyayana s’efforce tout de même de livrer des conseils pour faire en sorte que le couple soit une réussite.
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Bon, ok, le chapitre De la confiance à inspirer à la fille commence ainsi :
Pendant les trois premiers jours qui suivront le mariage, l’homme et la femme coucheront sur le plancher, s’abstiendront de plaisirs sexuels, et prendront leur nourriture en l’assaisonnant d’alacli ou de sel.
N’allons peut-être pas jusque-là !
Il y a tout de même dans le Kamasutra des conseils à retirer sur le fait de prendre son temps, avec une femme plus ou moins réservée, de faire connaissance, de rassurer… plutôt que de lui sauter à la bouche pour asseoir sa supériorité patriarcale.
Alors j’ai vraiment envie de vous conseiller la lecture du Kamasutra, pour le plaisir du décalage temporel, pour celui de la découverte d’une culture, et pour se rendre compte qu’au Vème siècle en Inde, on avait à cœur de favoriser l’entente dans le couple !
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Les Commentaires
- Le Kamasutra?
- ... Non, les rongeurs.
(C'est tout pour moi. Je m'en vais.)