Une nouvelle affaire de tenue vestimentaire jugée « inappropriée » par les membres d’un établissement scolaire est apparue sur la Toile, deux semaines seulement après qu’une collégienne de 15 ans s’est vue refuser l’accès aux cours à cause d’une jupe jugée trop longue pour respecter la laïcité (eh oui). Le 9 mai dernier, a Alger, une jeune femme n’a pas pu accéder à un concours de droit à cause d’une jupe qu’un des surveillants a trouvé trop courte.
Cette décision a été approuvée par le recteur de l’université qui a indiqué que le règlement imposait aux étudiant•e•s de porter une tenue décente. Pour protester contre cette décision sexiste allant l’encontre des libertés des femmes, la réalisatrice Sofia Djama a créé une page Facebook nommée Ma dignité n’est pas dans la longueur de ma jupe. Elle a tenu à clarifier la situation :
« Depuis quand décide-t-on de la longueur de ma dignité ? Voici mes jambes. Elles ne peuvent choquer que les esprits malsains. Indignez-vous contre le mépris que vous subissez, indignez-vous contre la corruption, indignez-vous contre l’islamisme d’affaires, contre l’islamisme ordinaire, contre ceux qui vous volent votre humanité, mais pas contre mes jambes. Elles ne vous ont rien fait. Au pire, elles ne vous auront pas plu… »
De nombreuses femmes, mais aussi des hommes, ont partagé des photos de leurs jambes nues afin de dénoncer l’invraisemblance et le caractère sexiste de cette décision.
Interrogée par France 24, Sofia Djama dénonce à nouveau ce qu’elle qualifie d’« humiliation » envers cette jeune étudiante :
« C’est comme un aveu d’échec, le corps de la femme devient un champ de bataille quand la situation d’un pays est désastreuse. À force de rester silencieuses, on perd nos petits acquis et la condition de la femme dans l’espace public régresse. Aujourd’hui, la violence verbale est quotidienne et normalisée. C’est hyper violent de marcher dans la capitale, à Alger, en jupe ou en pantalon. Même montrer ses bras est devenu problématique, mais les femmes le font. Au pire, c’est une main baladeuse, au mieux, une remarque.
Je n’en veux pas aux hommes, parce c’est la paupérisation et le manque d’éducation qui les conditionnent. Pour eux, les femmes ne sont méritantes que lorsqu’elles respectent la pudeur instaurée par la société. Ce bout de jambe est le catalyseur d’un mal profond, comme en France, la jupe trop longue exprime un autre malaise. C’est symptomatique des pays qui n’ont pas réglé leurs problèmes politiques et économiques. »
Cette nouvelle affaire rappelle que malheureusement, de nombreuses femmes sont encore jugées et discriminées à cause leur tenue vestimentaire, en France comme ailleurs. Il reste de nombreuses actions à accomplir pour faire respecter les libertés individuelles des femmes, encore condamnées en 2015 pour des jupes trop courtes ou trop longues…
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