Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est June* qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : June*
- Âge : 29 ans
- Profession : enseignante spécialisée
- Salaire net avant prélèvement à la source : 2 558,39 €
- Salaire net après prélèvement à la source : 2 287,29 €
- Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son conjoint et leur chat
- Lieu de vie : une maison sur la côte (Nord-Pas-de-Calais)
La situation et les revenus de June
June, bientôt 30 ans, est enseignante spécialisée dans un institut d’éducation motrice. Elle y travaille depuis plusieurs années, après avoir enseigné à des jeunes porteurs de déficiences intellectuelles.
« Être en classe, me former sur des domaines ou compétences particulières me plaît beaucoup. C’est un métier où l’on ne s’ennuie jamais mais qui peut être très prenant. Il faut mobiliser beaucoup d’énergie sur le moment, la préparation pour ce public est également prenante. C’est également parfois difficile de déconnecter le soir et durant les vacances. »
June vit avec son conjoint – « nous allons nous pacser le mois prochain » – dans une petite ville sur la côte, dans le Nord-Pas-de-Calais. Ils sont propriétaires depuis juillet 2021 d’une maison d’environ 100 m2.
« Auparavant nous étions dans un appartement de 65 m2 dont j’étais propriétaire seule. »
En devenant propriétaire, June a décidé d’investir dans le locatif en conservant son appartement, qu’elle loue 600 € par mois.
C’était important pour moi de conserver ce bien. Je suis très contente d’avoir pu acheter ce premier appartement il y a cinq ans à moindre frais et sans apport, et d’avoir eu l’aide de mon père pour les travaux. Je l’ai acheté seule car je souhaite me protéger en cas d’imprévus quel qu’il soit et je souhaite plus tard réduire mon temps de travail et avoir un complément de salaire. »
Pour son travail d’enseignante, June touche un salaire net de 2 558,39 €, ramené à 2 287,29 € une fois déduit l’impôt sur le revenu.
« Je me sens payée correctement, mais je ne me sens pas forcément ‘bien’ payée au vu de mes études (bac +5 et spécialisation), au vu de l’inflation et également au vu du travail fourni et de la charge mentale. »
Le conjoint de June, pour sa part, touche un salaire net de 1 582 €. Avec le loyer de l’appartement de June, le couple vit donc chaque mois avec 4 476 €.
Le rapport à l’argent de June et son organisation financière
June a grandi auprès de parents qui étaient loin d’être riches mais qui savaient bien gérer leur budget.
« Nous n’allions pas forcément en vacances tous les ans, mais je n’ai jamais ressenti de manque. J’ai même le sentiment, avec le recul, d’avoir eu trop. »
De son aveu, June n’a jamais manqué de rien et a toujours bénéficié de l’appui financier de ses parents, que ce soit pour l’aider à financer son permis ou ses études. « Tant que nous n’avions pas de travail fixe, nos parents nous ont aidés. Ils nous aident même encore lorsqu’on ne le demande pas.
« On a tout de même travaillé dès que possible : BAFA pour moi puis centre aéré. Et quand nous étions plus jeunes, les bons bulletins étaient valorisés : 15 à 30 € par trimestre et cadeau au brevet et au bac. J’ai donc assimilé le ‘bon travail’ à la valorisation par l’argent. »
Cette valeur de l’argent, June en a désormais conscience grâce à ses parents et tâche de maîtriser au mieux ses finances, quitte parfois à être un peu angoissée à l’idée de dépenser trop.
« J’ai souvent eu tendance à avoir ‘peur’ de dépenser et à me sentir coupable vis-à-vis des grosses dépenses (comme un PC, un téléphone …) mais j’essaie de garder ce genre d’objets le plus longtemps possible ou de les réutiliser en classe lors des changements. J’achète aussi beaucoup de livres (mais je me soigne !). »
Rarement à découvert, il arrive à June de s’autoriser quelques « folies », même si elle essaie toujours de privilégier la qualité à la quantité.
Concernant l’organisation financière qu’elle a mise en place avec son conjoint, elle comprend un compte commun pour les charges communes, et leurs comptes personnels.
« Gagnant davantage que lui, j’ai proposé un système au prorata ou de mettre tout en commun et de dégager une somme semblable sur chacun de nos comptes mais il n’est pour l’instant pas partant. »
Les dépenses de June
Le premier post de dépenses de June et de son compagnon est le remboursement de prêts immobiliers. Pour leur maison, ils remboursent chaque mois 721 €. June rembourse aussi 485 € pour son appartement qu’elle a mis en location.
Les dépenses fixes du couple comprennent 252 € mensuels de factures (195 € pour le gaz et l’électricité, 57 € de provision pour l’eau), 95,50 € pour divers abonnements (45 € pour le téléphone, 30 € pour internet, 13,50 € pour Netflix et 7 € pour Amazon Prime), 15 € de frais bancaires et 188 € pour les assurances. Dans le détail : 113 € pour deux voitures, 5,50 € pour le prêt de l’appartement, 18,18 € pour le prêt de leur maison, 37,99 € au titre de l’assurance habitation et 13,13 € en guise d’assurance propriétaire.
En tant que propriétaires, ils payent tous les mois la taxe foncière de 97 € et 18 € de frais de syndic.
June et son conjoint ont chacun leur voiture. Ils les utilisent aussi bien pour aller au travail que pour leur loisirs, ce qui leur revient à 80 € au total pour l’essence et le parking (1,20 € par jour). « Comme nous sommes dans une petite ville, les transports en commun sont contraignants. »
Côté alimentation, June estime leur dépense mensuelle entre 350 et 400 € par mois, essentiellement en drive dans les grandes enseignes pa soucis de temps.
« Nous ne faisons pas réellement attentions aux marques ou au bio, nous faisons vraiment en fonction des promos. De plus, nous mangeons régulièrement à la cantine de nos établissements respectifs. Nos repas coûtent environs 3 €. Mon conjoint y mange quatre fois semaine et moi deux fois, et seulement en période scolaire. »
Il y a en revanche une dépense que June aimerait bien réduire : celle de la livraison de repas.
« Nous commandons régulièrement, par paresse bien souvent. Comme ça m’allège d’une tâche et d’une charge mentale, j’ai dû mal à lâcher. »
Outre les dépenses alimentaires, June liste aussi 25 € de frais mensuels pour son chat et environ 100 € par mois de dépenses dites « féminines », qu’elle répartit comme suit : entre 30 et 40 € par mois en épilation aisselles et visage, et 60 € tous les deux mois environ en produits pour les cheveux frisés.
« Je mets du maquillage que je rachète une fois vide, donc pas souvent. J’ai aussi un budget médical car j’ai de grosses migraines et doit me déplacer une fois tous les deux ou trois mois à Lille pour les rendez-vous. »
June souffre aussi de vaginisme, ce qui l’oblige à voir différents spécialistes, pas toujours remboursés par la Sécurité sociale. « Actuellement, j’ai un suivi une fois par semaine chez la sage-femme pour de la rééducation périnéale (65 € par mois envrions). J’ai aussi un suivi psy de temps en temps (en pause car loin et qui n’est pas non plus remboursé). »
Actuellement en « projet bébé » avec son compagnon, elle n’a plus de contraception et utilise des culottes menstruelles.
Son prochain gros achat concernera des lunettes de vue, qui ne sont pas intégralement prises en charge par sa mutuelle : 400 € non remboursés. « J’aurais pu choisir des montures moins chères, mais je considère que devant mettre des lunettes tous les jours, c’est quand même plus agréable d’en avoir des jolies. Après je peux me le permettre, ce ne sera peut être pas toujours le cas, j’en ai bien conscience. »
Les dépenses loisirs de June
Le principal loisir de June est la lecture. « Je lis beaucoup mais j’achète bien plus de livres que je n’en lis. » Elle est abonnée à une box de livres en anglais, qui lui revient à 55 € par mois, frais de port compris. « Je songe à l’arrêter car j’ai beaucoup de lecture à rattraper, mais en même temps, c’est mon petit plaisir matériel du mois. » Elle va aussi à la bibliothèque – un loisir qui ne lui coûte rien.
La jeune femme pratique aussi du yoga de manière occasionnelle (12 € la séance). Abonnée à une salle de sport, elle ne prévoit pas de reconduire son abonnement car pour le moment, elle court en extérieur pour préparer une course inclusive de 10 km.
« Avec mon conjoint, on a aussi un budget VOD qu’on paie en commun. »
Au total, June estime dépenser 100 € par mois pour ses loisirs, sans compter les sorties. « Entre amies, je pense sortir deux fois maximum par mois au resto. » Elle estime cette dépense à « 100 € par mois », lissés sur l’année. « Mais cela dépend vraiment des vacances scolaires, pendant lesquelles je me détache vraiment de mon travail. »
Concernant les dépenses vestimentaires, qu’elle effectue principalement sur Vinted et sur les sites de ventes privées comme Showroom et Veepee, June a un peu de mal à la chiffrer.
« Je ne saurais pas dire combien je dépense. Récemment, j’ai fait deux gros achats de 180 € en vente privée, mais je sais que je ne vais pas racheter de grosses pièces avant plusieurs mois, à moins d’un besoin. »
L’épargne de June et ses projets d’avenir
Même si le montant varie selon les mois, June arrive régulièrement à mettre un peu d’argent de côté.
« Si je gère bien, je peux économiser environ 500 € par mois. En ce moment, avec la fin des travaux, je suis plutôt dans la décoration des dernières pièces donc je n’économise pas systématiquement, mais je place moins 50 € sur mon PEL. »
June essaie aussi de placer son argent sur différents comptes pour divers projets, comme l’achat d’une nouvelle voiture – « la mienne ne va plus tenir longtemps » -, de futures vacances ou un futur projet immobilier.
« Je souhaite investir dans un second appartement, donc créer un petit apport pour pouvoir sécuriser mes vieux jours et ne plus jamais faire classe avant mes 67 ans, puisque c’est certain que je ne tiendrai pas jusque là ! Mais pour l’instant et au vu des taux, c’est plutôt compliqué. »
Merci à June* de nous avoir ouvert ses comptes !
* Le prénom a été modifié.
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