Peut-être que le nom de Camille Jourdy vous dit quelque chose ? L’adaptation cinématographique de sa bande dessinée Rosalie Blum vient de sortir au cinéma, où l’on retrouve notamment le mirifique Kyan Khojandi dans le casting.
Rosalie Blum racontait la rencontre entre trois personnages solitaires et vaguement dépressifs qui apprenaient à se sortir de leurs tourments. La trilogie, réunie en une intégrale au mois de février, avait reçu un accueil critique enthousiaste, le troisième tome remportant notamment le Prix de la révélation à Angoulême en 2010.
Camille Jourdy revient donc avec Juliette, un roman graphique dans lequel on retrouve son inclination naturelle pour le récit de vie de personnages à l’humeur nostalgique !
Juliette délaisse un temps son quotidien de Parisienne pour revenir auprès de ses proches.
Avec Juliette, on a droit à une chronique de la vie familiale des temps modernes, avec ses petits bonheurs et ses petits fiascos.
Dans la famille de la jeune fille, il y a d’abord son père avec lequel elle retourne vivre, un individu un peu paumé et à la mémoire vacillante. Il y a sa mère aussi, haute en couleurs, qui vit une nouvelle jeunesse en multipliant les aventures et qui s’est découvert une vocation d’artiste.
Il y a sa sœur, Marylou, mère de famille excédée, lassée des obligations et des routines, qui entretient une liaison extra-conjugale avec un homme plus jeune qu’elle. Et enfin, il y a Polux, célibataire endurci, un peu ours, qui habite l’ancienne maison d’enfance de Juliette et passe son temps au bar-restaurant Le tropical.
De cette palette de personnages va naître une chronique de la vie familiale des temps modernes, avec ses petits bonheurs et ses petits fiascos.
À lire aussi : Résolution : prendre soin de soi et cultiver le bonheur
Juliette raconte non seulement le quotidien de son héroïne éponyme, douce et névrosée, mais aussi celui des personnages qui gravitent autour d’elle.
En effet, des récits indépendants constellent la bande dessinée et viennent progressivement s’imbriquer les uns aux autres. Ils forment alors toute une toile narrative explorant des contrées psychologiques différentes grâce aux personnalités plurielles des protagonistes.
Le sous-titre « Les fantômes reviennent au printemps » le laisse présager : le roman graphique est traversé d’une grande mélancolie.
Le sous-titre Les fantômes reviennent au printemps le laisse présager : le roman graphique est traversé d’une grande mélancolie. Juliette essaye de reconstituer les morceaux de son passé, ceux de son enfance où elle était une petite fille choyée et préservée de toutes les complications de la vie.
C’est cette même réserve des autres vis-à-vis d’elle qui, à l’âge adulte, lui fait ressentir un manque, un mal-être qui vont être propices à la révélation de secrets que sa famille avait préféré oublier.
À lire aussi : Tout ce qu’on ne m’avait pas dit sur l’âge adulte
Les secrets, voilà bien le fil rouge de la bande dessinée. Chaque petite incursion dans la vie d’un personnage est l’occasion de fouiner son jardin secret, de découvrir ce qu’il cache à l’autre.
On en vient à la conclusion que, finalement, c’est le propre de l’humain de dissimuler des choses — pour le bien d’autrui, pour son propre bien.
Mais dans cette atmosphère de faux-semblants, ce qui brille, c’est bien le rapport à l’autre quand il représente la bouée de sauvetage pour éviter de sombrer — dans la dépression, dans la maladie, dans l’oubli.
C’est l’être humain dans toute sa complexité et ses nuances qui est au centre de cette tragi-comédie familiale, où alternent des moments qui déclenchent des rires francs et des moments aux résonances beaucoup plus graves.
Difficile de ne pas s’attacher à cette famille un peu bancale. Chacun des petits événements de leur vie, plus ou moins signifiants, est vécu dans la compassion et l’identification. Et c’est peut-être pour ça que cette bande dessinée fonctionne aussi bien : elle sonne juste.
C’est peut-être pour ça que cette bande dessinée fonctionne aussi bien : elle sonne juste.
Les personnages sont des gens comme tous les autres, avec leurs défauts, leurs doutes, leurs ratés, leurs peurs et leurs moments d’ennui. Juliette n’est pas un personnage intimidant avec son côté hypocondriaque et sa légère tendance à la dépression.
Au contraire, elle pourrait être la voisine d’à côté à qui l’on aurait envie de tendre la main pour la sortir de ses angoisses.
À lire aussi : Je suis hypocondriaque, mais je me soigne
Le roman graphique est, d’un point de vue esthétique, à l’image du sentiment général de l’histoire, à savoir d’une grande tendresse.
Avec son trait plein de candeur, Camille Jourdy insuffle de la légèreté à son texte dans les instants de joie mais aussi dans les périodes plus difficiles. L’humeur parfois maussade de ses personnages ne vient pas dissiper le rythme et la vivacité de la bande dessinée, permis par l’alternance des formats et des styles de cases.
Juliette est un roman graphique qui témoigne d’une vraie bienveillance à l’égard de l’être humain et d’un souci d’analyse de ses comportements.
L’auteure met le doigt sur les incertitudes du quotidien avec justesse dans une bande dessinée qui relate toute la richesse de l’existence, avec ses victoires et ses difficultés, et sa quête pour comprendre qui l’on est et ce que l’on veut.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Je suis un peu plus dans la retenue avec celui là....