« Je n’ai jamais commis de violence psychologique à l’égard de mon ex-compagne et je compte bien le démontrer. »
Dans une interview au Monde publiée ce matin, Julien Bayou monte au créneau. Mi-septembre, la mobilisation en ligne Rélève Féministe dénonçait l’absence de mesures d’Europe Écologie Les Verts après la saisie de la cellule de signalement dédiée aux violences sexistes et sexuelles concernant des accusations de violences à l’égard du Secrétaire national du parti.
L’affaire Bayou a rapidement pris de l’ampleur quelques jours plus tard lorsque Sandrine Rousseau a été interrogée sur ce point dans l’émission C à vous. Elle a alors affirmé avoir recueilli la parole d’une ex-compagne qui aurait été victime de violences psychologiques.
« Rumeur », « croisade », « maccarthysme », « réglement de compte » : les éléments de langage dans l’entretien au Monde ne laissent pas planer le doute sur l’axe de défense de Julien Bayou : le député s’estime victime d’une cabale et compare d’emblée la situation — comme l’avait fait son avocate une semaine plus tôt — au Procès de Kafka : « Il n’y a pas d’accusation, je ne peux pas m’en défendre, et pourtant je suis présumé coupable. »
À l’image du traitement médiatique de l’affaire, Julien Bayou pointe directement la responsabilité de Sandrine Rousseau :
« Elle est allée trop loin. Et tout le monde le mesure. […] Beaucoup à EELV m’écrivent pour me dire que c’est allé trop loin, mais ils n’osent le dire en public. Ce n’est pas un excès du féminisme, c’est un dévoiement. Le mouvement #metoo est une révolution nécessaire et inachevée. »
Julien Bayou aura beau, au gré de cet entretien, louer le combat pour l’égalité femmes-hommes, certains propos s’inscrivent néanmoins dans le discours de diabolisation des féministes.
Une enquête de Libération sur ces femmes qui auraient conspiré contre Bayou
Une interview qui sort quelques jours après l’enquête controversée en une de Libération qui tente de mettre en lumière les manigances dont plusieurs femmes auraient été à l’origine pour surveiller les agissements de Julien Bayou à l’égard des femmes.
Ce que montre surtout cette enquête, c’est que des femmes se seraient mises en garde les unes et les autres face à des comportements de Julien Bayou dans ses relations intimes. Qu’elles auraient échangé entre elles, notamment via un groupe WhatsApp.
Symbole du climat rétrograde actuel concernant le traitement des affaires de violences sexistes et sexuelles, cela nous est présenté comme un « collectif féministe informel » dont le seul but aurait été de conspirer pour obtenir la chute de Julien Bayou.
Après les incitations à parler et à dénoncer les violences qu’elles subissent, les féministes reçoivent aujourd’hui des torrents de « ça va trop loin » et de « vous desservez la cause », et sont dépeintes comme les instigatrices d’une chasse aux sorcières.
Il faut que les femmes parlent, entend-on depuis maintenant cinq ans, mais les femmes semblent incapables de le faire comme il faut, quand il le faut, dans le cadre qu’il faut, ni même avec les mots qui conviennent.
Vous avez dit « backlash » ?
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Crédit photo : LCP (capture)
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Les Commentaires
Elle ne se tait pas, elle est là.
Ce n'est pas elle qui est radicale, ce sont les violences faites aux femmes, systémiques.