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Julie Graziani, ses propos honteux, et les dangers de la colère

Internet a réagi avec beaucoup de colère aux propos choquants de Julie Graziani sur LCI. Océane a assisté à ce déferlement de haine sur les réseaux, et ça l’a questionnée.

Hier matin, j’ai découvert avec effroi la vidéo virale de l’extrait de l’émission 24h Pujadas sur LCI dans laquelle Julie Graziani, journaliste, chroniqueuse, et éditorialiste de L’Incorrect, prononçait sans sourciller des mots choquants.

J’imagine que toi aussi tu l’as vue, puisque toute la journée et toute la soirée j’ai été inondée, sur tous mes réseaux, d’articles qui relayaient ses propos…

Julie Graziani sur LCI : ses propos choquent

Moi qui ne regarde pas la télé et qui me suis longtemps tenue loin des infos, je découvrais hier l’existence et le positionnement politique et social de Julie Graziani.

Pourtant déjà en 2010, elle se faisait connaître par le biais de son militantisme anti-avortement et pro Manif pour tous.

Les propos qu’elle a tenu sur LCI et qui ont provoqué la colère de nombre de Français attaquaient cette fois-ci une femme célibataire, avec deux enfants, n’ayant pour seul revenu qu’un SMIC.

Cette femme expliquait sa situation précaire au président Emmanuel Macron :

Ce n’était pas la première fois que Julie Graziani tenait en plein live à la télévision des propos choquants.

Et hier, tout est ressorti, notamment un autre extrait datant de 2017, dans lequel elle comparait le fait d’être trisomique au fait d’être noir.

https://www.youtube.com/watch?v=mAi98dE3qzA

Après des heures d’acharnement médiatique, Julie Graziani s’est exprimée sur son compte Twitter. D’abord pour renforcer son positionnement :

Puis pour faire des excuses peu convaincantes :

Julie Graziani tient des propos choquants : Internet réagit

Hier soir, alors que j’avais découvert la vidéo hier matin mais que j’avais décidé de l’ignorer pour ne pas plomber toute ma journée de travail avec de la colère…

J’ai finalement rouvert Instagram et découvert toutes les stories et posts de personnes très influentes qui exprimaient leur haine et leur incompréhension.

J’ai assisté à tout ça, éberluée, et plusieurs questionnements me sont venus.

Comment en 2019, une journaliste qui tient de tels propos peut-elle avoir autant de présence sur des chaînes de télévision ?

Comment cette femme a priori cultivée peut-elle accuser une citoyenne française d’être seule responsable de sa précarité, faisant comme si l’égalité des chances était de mise en France, et l’existence des classes sociales un fantasme ?

Sans chercher, je suis finalement tombée sur le compte Instagram de Julie Graziani via une story.

Par curiosité, sûrement comme beaucoup d’autres, j’ai parcouru son profil : le feed classique d’une mère de famille catholique pratiquante qui passe ses week-ends à la campagne.

Mais en regardant son nombre de followers assez petit, comparé au nombre effarant de commentaires sous ses publications… Je me suis aperçue que j’assistais en temps réel à une shitstorm : du harcèlement, un déferlement de haine.

À lire aussi : Ces héros qui répondent aux commentaires haineux sur Internet

Voici un tout petit échantillon des commentaires qui ne cessaient (et ne cessent encore) de s’agglutiner :

IMG_5190_censored IMG_5184_censored

Attaques sur son physique, insultes sexistes, « pute », moqueries, mesquinerie, violence verbale, haine.

Tout ça dans des milliers de commentaires en l’espace de quelques heures, et très certainement aussi sur Twitter et dans ses DM.

Et en assistant à tout ça, prostrée sous ma couette, j’ai commencé à bouillir doucement. Moi-même, qui avais partagé sur mon compte Facebook l’extrait de son apparition sur LCI, je suis allée supprimer ma publication.

Je ne voulais pas participer à tout ça.

Internet réagit violemment aux propos de Julie Graziani sur LCI

Bien sûr, je comprends la colère.

C’est la colère qui a été mon premier moteur militant, et qui m’a permis pendant de longs mois de me renseigner, de revendiquer, de m’affirmer dans mes positionnements.

À lire aussi : Je suis féministe, mais ce matin, je n’avais plus l’énergie de militer

Je comprends le ras-le-bol, je comprends l’impuissance, le besoin de poser sa voix par tous les moyens contre la voix de personnes comme Julie Graziani qui sont exposées médiatiquement et dont les propos sont si rabaissants et blessants pour des gens comme moi, et peut-être comme toi.

Mais la violence légitime-t-elle la violence ? La violence légitime-t-elle le harcèlement ?

Est-ce que pour faire entendre sa voix et son opinion, il faut nécessairement rabaisser, insulter, s’acharner sur les personnes dont les convictions sont opposées aux nôtres, même s’ils tiennent des propos insultants ?

Comment peut-on se revendiquer défenseur d’une lutte sociale, défenseur des opprimés quels qu’ils soient, tout en étant soi-même oppressant, et en perpétuant des dynamiques sexistes, impulsives et violentes ?

À lire aussi : Contre le cybersexisme et les violences sexuelles sur Internet, voici comment agir !

Parce que oui, j’ai vu des personnes qui se sont exprimées avec mesure, avançant leur argumentation pour contrer les raisonnements douteux de Julie Graziani.

Mais ce que j’ai vu, aussi et surtout, c’est encore une fois une femme attaquée sur son physique, sur sa sexualité, dont la famille et les enfants ont eux aussi été pris à parti…

Les mêmes propos qui ont pu être tenu sur les réseaux contre Greta Thunberg quand elle a osé s’exprimer. Tout ça dans une légitimation collective.

Et ça m’a donné envie de vomir.

La colère, le principal carburant d’Internet

Bien sûr, tu l’auras compris, ma réponse à toutes les questions que j’ai posées plus haut c’est non, selon moi.

Non, je pense que tenir des propos déplacés, choquants, racistes, sexistes ne justifie pas de se faire harceler et d’être soi-même victime d’insultes oppressives.

Non, la violence n’est pas plus légitime quand elle est un outil de vengeance. Non, je ne trouve pas cohérent que les médias alimentent toute cette haine.

Personnellement, ce n’est pas par la colère que j’ai envie de lutter, ce n’est pas en me rabaissant au niveau des propos des personnes que je méprise que je veux me faire entendre.

Et je suis triste de voir encore une fois qu’Internet est toujours si prompt au rassemblement et à la mobilisation pour persécuter quelqu’un.

Et je suis surtout curieuse de savoir ce que tu en penses, chère lectrice, et comment tu as vécu ces évènements si tu y as assisté en temps réel ?

À lire aussi : Comment arrêter de s’énerver sur Internet


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

70
Avatar de grenouilleau
10 novembre 2019 à 23h11
grenouilleau
@Margay Bien vu, effectivement tu as raison, le nombre de votants est clair. J'avais pas regardé cette donnée
Par contre pour le calcul des européennes, vraiment je crois pas m'être trompée, si tu ajoutes l'abstention au résultat, tu vois que le FN-RN ne représente pas 23% des votes, puisqu'en réalité les genTes qui ont le droit de vote et qui sont inscrits sur les listes électorales n'ont pas exprimés leur opinion, mais seulement 10%.

Si tu compares le 1er tour avec le 1er tour, et le 2e tour avec le 2e tour :
- au 1er tour de 2002, le père Le Pen fait 4 millions de voix et quelques (je prends la source que tu as mis en lien)
- au 1er tour de 2017, la fille fait 7 millions = augmentation d 2,8 millions.
Donc ce que tu dis est vrai (et me désole), le vote FN-RN a augmenté de 2,8 millions.

Donc on reste sur un vote FN-RN limité, 7 millions (population française environ 70 millions). Ça reste en-deça de ce que les sondages nous vendent, quand ils mettent en avant les chiffres de 20% et quelques : les médias gonflent les chiffres.

Pour le 2e tour en revanche, où la fille Le Pen double le score de son père, là je suis pas d'accord sur l'interprétation des résultats, dans ce sens que les genTes qui votent FN-RN au second tour peuvent l'avoir fait pour contrer Macron. Mais c'est une opinion.
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