En ligne comme IRL, le sexisme violente les femmes. Outre les mouvements comme Balance Ton YouTubeur, les enquête sur Norman Thavaud (alias Norman fait des vidéos) ou Victor Bonnefoy (aka InThePanda), plusieurs streameuses bien connues de la plateforme Twitch ont commencé à dénoncer les cyberviolences qu’elles subissent. Insultes misogynes, menaces de viol et de morts, divulgation publique d’informations privées dans le but de nuire (ce qu’on désigne par l’anglicisme doxxing), photomontages pornographiques pouvant aller jusqu’aux deepfake forment le lot commun de nombreuses créatrices de contenus, hélas. C’est ce que dénonce à son tour la YouTubeuse fitness Juju Fitcats, de son vrai nom Justine Becattini, dans une vidéo publié le 9 janvier 2023, intitulée « Mes N*DES fuitent… (il est temps d’en parler) ».
Juju Fitcats s’insurgent contre la circulation de faux nudes de créatrices de contenus
Comme d’autres streameuses avant elle, la YouTubeuse de 28 ans prend donc le temps de témoigner à son tour de l’ampleur des cyberviolences sexistes :
«J’ai constaté que le fait de ne pas en parler n’arrangeait absolument pas les choses. Rien n’avait évolué. Au final, et si on essayait d’en parler en cette rentrée ? On verra bien. Peut-être que les choses bougeront un peu plus. Peut-être que ça libérera la parole d’autres créatrices de contenus. Aujourd’hui, j’aimerais sincèrement parler de cette grosse problématique qu’on a en tant que femmes, dans nos métiers, en tant que YouTubeuse, streameuse, actrice, chanteuse… C’est un vrai problème, on n’en parle pas assez. C’est un problème très pervers. Vous l’aurez compris, aujourd’hui je voudrais parler des fameux « nudes » qui circulent de moi sur la toile depuis des années maintenant. »
Faux nudes, deepfakes, appels aux viols et propos sexistes
Juju Fitcats raconte ensuite comment ces fausses photos d’elle ont commencé à circuler, au moins depuis 2018. D’abord, il s’agissait du cliché d’une femme de dos qui n’était pas elle, qu’un anonyme a envoyé à son petit-ami le YouTubeur fitness Tibo InShape, en lui conseillant de « surveiller sa petite-amie ». Justine Becattini a ensuite constaté au fil des années des photomontages de son visage incrusté sur le corps dénudé d’autres femmes se multiplier, quand il ne s’agissait pas de partir de véritables photos d’elle habillée pour lui retirer ses vêtements par Photoshop.
Les progrès en intelligence artificielle rendent la création de ce type de faux nudes ultra vraisemblables de plus en plus faciles et accessibles (on parle alors de deepfake). Échangées sur des forums comme jeuxvideo[.]com, ces images suscitent de nombreux commentaires dégradants et appels au viol. Cela contribue à en désinhiber certains qui se permettent alors d’inonder les messageries de Juju Fitcats de propos pénalement répréhensibles.
Hélas, le cas de Juju Fitcats n’est bien évidemment pas isolé. Au contraire, comme elle l’évoque elle-même dans sa vidéo, ce type de violences masculines s’avère monnaie courante pour la plupart des femmes. Et plus elles sont connues en ligne, plus ce genre de propos sexistes et photomontages pornographiques semblent nombreux.
Les témoignages de créatrices de contenus ont beau émaner aussi bien de Twitch que de YouTube, les plateformes rechignent à agir et investir pour une meilleure modération. On peut également s’interroger la responsabilité des sites qui herbergent ces forums remplis de propos pénalement répréhensibles, et même sur les recours à la loi possible dans ce genre de cyberharcèlement aussi massif et anonyme.
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Les Commentaires
J'aimerais tellement être surprise en bien un jour Soutien aux influenceuses.
édit: J'ai honte, les fautes A ma décharge, il allait y avoir partiel