Depuis plusieurs semaines, Judith Godrèche a frappé un grand coup contre l’immobilisme imposé à #MeToo. Après avoir réalisé une série, porté plainte pour viols et agressions sexuelles contre les réalisateurs Benoit Jacquot et Jacques Doillon, fait un discours salutaire aux Césars, porté des propositions concrètes au Sénat, la réalisatrice et actrice va porter les voix silenciées de #MeToo jusqu’en compétition au Festival de Cannes.
Au cinéma qui nie : le témoignage de mille victimes
Rappelez-vous : en février dernier, Judith Godrèche appelait toutes les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles à se confier sur un compte Instagram, dont elle s’engageait à lire tous les messages. Moins de trois mois plus tard, les milliers de témoignages recueillis ont pris la forme d’un film qui sera projeté à la Croisette.
D’une durée de 17 minutes, ce court-métrage choral intitulé Moi aussi donnera à entendre les récits traumatiques d’un millier de victimes de ce fléau né du patriarcat. Ce film s’apprête à mettre des images, des visages et des voix sur « l’impunité, le déni et le privilège » du milieu du cinéma que Godrèche avait dénoncé pendant la cérémonie des Césars.
Un fléau universel
Dans la perspective de le rendre accessible au plus grand nombre, le film sera projeté dans la sélection « Un Certain Regard » le 15 mai, au lendemain du début du festival, mais aussi au cinéma en plein air à Cannes, le Cinéma de la Plage, puis sur les antennes de France Télévisions. Dans un communiqué, le Festival de Cannes a appuyé son soutien à Judith Godrèche en déclarant à propos du court-métrage qu’il « met en lumière les récits de victimes de violences sexuelles. Autant d’expériences individuelles qui s’ajoutent à la sienne et soulignent leur caractère tristement universel ».
Sept ans après l’émergence de la vague #MeToo, Judith Godrèche a participé à empêcher le déni qui ronge le mouvement dans le cinéma français. Pour l’heure les réalisateurs Jacques Doillon et Benoit Jacquot font l’objet d’une enquête préliminaire à Paris. Par ailleurs, les enfants ne seront plus seuls sur les plateaux de tournage mais seront forcément accompagnés par un parent ou un coach spécialisé, sans quoi le film ne recevra pas de subventions du CNC.
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