Le cinéma français n’en a pas terminé avec #MeToo. Quelques jours après avoir porté plainte pour viol contre les réalisateurs Benoit Jacquot et Jacques Doillon, la réalisatrice et actrice Judith Godrèche a proposé une aide concrète aux victimes de violences sexistes et sexuelles. Pour palier à la peur de témoigner par des voies plus traditionnelles, Godrèche a créé une adresse mail pour recueillir leur parole.
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Une adresse mail pour témoigner
Le samedi 10 février marque la date de son appel à témoignages, dans lequel elle explique :
« Chères et chers followers, dans ma réflexion pour que je puisse organiser mes pensées et vos contacts (en toute sécurité) chacune et chacun d’entre vous qui a été abusé peut-il m’écrire à [email protected] »
« Je suis là », a commencé Judith Godrèche en légende de son post Instagram. Précisant que son aide ne se borne pas aux personnes ayant été agressées dans le cadre du monde du cinéma, la comédienne s’est adressée à ces personnes victimes de violences sexistes et sexuelles en expliquant qu’elle était prête à lire tous les témoignages et « réfléchir à un projet qui vous rend hommage ».
Un sentiment de responsabilité
Le lundi 12 février, elle était invitée d’une émission spéciale de Mediapart consacrée à #MeToo dans le cinéma français. Seulement deux jours après le lancement de son appel à témoignages, Judith Godrèche a confié :
« Ce qui est terrifiant, c’est le nombre de victimes, c’est le nombre de personnes réduites au silence, c’est le nombre de personnes qui évoluent dans des milieux où ils ne savent pas à qui s’adresser. »
Évoquant cette boîte e-mail comme un lieu sûr pour « ces femmes et hommes » victimes de violences sexuelles, l’actrice et réalisatrice a expliqué vouloir faire profiter ces dernières de sa visibilité :
« Comme les gens sont obligés de m’entendre, comme j’ai ce privilège-là, si ces gens n’arrivent pas à sortir du silence (…), s’ils se disent tiens si ça commençait par un email à Judith pour mettre le pied dans la porte. »
Face au journaliste Mathieu Magnaudeix, Judith Godrèche a aussi évoqué une forme de « responsabilité » de sa part. Évoquant la relation d’emprise dans laquelle Benoit Jacquot l’a enfermée lorsqu’elle n’avait que 14 ans quand lui en avait 39, elle a confié :
« J’ai le sentiment qu’à travers le couple que je formais aux yeux du monde très jeune avec ce réalisateur, j’ai incité ou involontairement encouragé des très jeunes filles qui regardaient cette image et qui, quand elles se sont faites draguer par un mec plus vieux, elles se sont dit ‘Pourquoi pas dans le fond, ça a l’air cool’ »
Avec cette initiative, Judith Godrèche brise le plafond de verre entre les victimes et les agresseurs, souvent présentés comme intouchables. À son échelle, elle propose une alternative à un problème d’écoute des victimes systémique.
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Les Commentaires
J'espère qu'elle va continuer sur cette voie, elle est la mieux placée pour être la voix de toutes ces victimes invisibles.
ajout : YouTube Judith Godrèche revient sur l'émission de Laure Adler en 1995 - C Ce soir du 12 février 2024