[Mise à jour du 8 février à 11h25]
Le cinéma français est-il enfin en train de faire sa révolution #MeToo ? Si les langues se délient peu à peu sur les abus permis durant de longues années dans ce milieu ultra-privilégié, où les violences sexuelles étaient permises au nom de « l’art », l’histoire retiendra notamment un nom, celui de Judith Godrèche.
La comédienne, qui a récemment réalisé pour Arte la mini-série Icon of French Cinema, largement inspirée de sa vie, a décidé de ne plus se taire. Dans une enquête parue dans Le Monde mercredi 7 février, Judith Godrèche indique avoir porté plainte pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans » contre Benoît Jacquot. De 1986 à 1992, elle a vécu une « relation d’emprise » avec le réalisateur. À leur rencontre, elle avait 14 ans, lui 39. Le parquet de Paris a indiqué dans la soirée avoir ouvert une enquête préliminaire.
Mais le réalisateur, qui l’a faite tourner dans Les Mendiants n’est pas seul à avoir profité de son ascendance sur cette jeune actrice alors mineure pour pouvoir abuser d’elle. Dans une interview accordée ce jeudi 8 février à Sonia Devillers sur France Inter, Judith Godrèche accuse le réalisateur Jacques Doillon de l’avoir agressée sexuellement à deux reprises lorsqu’elle avait 15 ans. Selon une nouvelle information Franceinfo, la comédienne a porté plainte pour viol contre Jacques Doillon en même temps que son dépôt de plainte visant Benoît Jacquot.
Jacques Doillon voulait « la même chose » que Benoît Jacquot
Au micro d’Inter, Judith Godrèche rapporte que les faits se sont déroulés en 1989, alors qu’elle tournait pour lui La Fille de 15 ans, l’histoire d’une adolescente entamant une relation amoureuse et sexuelle avec le père de son petit-ami.
Les faits se seraient déroulés à l’abri des regards, « dans la maison de Jane » Birkin, alors compagne de Jacques Doillon, « dans le bureau de Doillon ». « Personne ne l’a vu et je n’en ai parlé à personne », détaille Judith Godrèche, qui rapporte que cette « relation » était connue de Benoît Jacquot, et même consentie par lui. « Il est flatté, il se sent envié par Doillon […] C’est une forme de truc narcissique car il a quelque chose que les autres veulent. » Que veut Doillon d’elle, lui demande alors Sonia Devillers. « La même chose » que Benoît Jacquot, répond Judith Godrèche. « Votre corps ? ». La comédienne acquiesce.
Le tournage en lui-même a été profondément traumatisant pour Judith Godrèche puisque Jacques Doillon a renvoyé l’acteur principal pour prendre sa place face à la jeune actrice. « À Ibiza, il me faisait écrire des scènes la veille pour le lendemain. Et puis tout d’un coup, il décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi. Et là, on fait 45 prises. Et j’enlève mon pull, et il me pelote, et il me roule des pelles. Et il y a Jane qui est là, et c’est une situation extrêmement douloureuse pour elle. »
Pour l’heure, Jacques Doillon n’a pas réagi à ces accusations.
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Les Commentaires
en revanche, je pense que le témoignage de Judith Godrèche permettra à d'autres victimes de prendre la parole pour dénoncer les abus/viols qu'iels sont subis.
En tout cas, pour le moment, il n'y a aucune pétition pour protéger l'artiste/l'art/le cinéma d'un acharnement médiatique/de la cancel culture-Woke/des horribles féminazies