Ce 25 novembre, c’est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Pour beaucoup, cette journée est celle des femmes battues. On l’associe facilement aux campagnes de prévention où le visage d’une jeune femme se couvre progressivement de bleus.
Et c’est normal. Dans l’imaginaire collectif, les violences faites aux femmes, ce sont les violences conjugales, toujours envisagées comme des violences physiques.
Le 25 novembre, contre toutes les violences faites aux femmes
Mais les violences faites aux femmes recouvrent un panel de situations bien plus large.
Bien sûr, elles contiennent les violences conjugales.
Faut-il rappeler qu’au cours de l’année 2016, 123 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, c’est-à-dire une tous les trois jours en France ?
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Ces violences conjugales, d’ailleurs, ne se limitent pas aux violences physiques : elles relèvent également de la maltraitance psychologique, et revêtent souvent des caractères économiques, verbaux…
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La dimension de violences sexuelles y est également présente, puisque « trois femmes sur quatre, parmi celles qui en ont subies, les ont vécues [dans l’espace privé, c’est-à-dire dans les relations avec la famille, les proches, les conjoints et ex-conjoints, y compris les petits amis] ».
Mais elles atteignent également d’autres sphères que celle du privé : l’espace public est le théâtre de schémas de domination qui se traduisent notamment par le harcèlement de rue, le harcèlement sexuel.
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À tel point que, pour se déplacer dans l’espace public, les femmes développent des stratégies de ninja
, des stratégies de survie même, comme le décrivait cette semaine Marlène Schiappa.
Des comportements d’évitement que la Secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes n’hésite pas à lier à d’autres formes d’inégalités :
« Comment les femmes pourraient arriver à briser le plafond de verre seules, à se transformer en wonder women conquérantes et en femmes carriéristes en arrivant sur leur lieu de travail quand elles viennent de passer 40 minutes dans les transports en commun, à devoir élaborer des stratégies de survie, rien de moins […] ? ».
Et c’est d’autant plus vrai que ces comportements oppressifs se poursuivent parfois y compris sur le lieu de travail.
Suite au scandale de l’affaire Weinstein, les langues se sont déliées, les femmes ont pris la parole pour dénoncer cette forme de harcèlement.
On a notamment vu un nombre incroyable de témoignages postés sur les hashtags #balancetonporc ou #myharveyweinstein.
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Les violences sexistes, produits d’un système de domination
En réalité, ces violences sexistes et sexuelles sont le fruit de schémas de domination, de stéréotypes genrés appliqués à la fois aux femmes et aux hommes – qui ne sont d’ailleurs pas exclus du compte des victimes.
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Les préjugés sexistes qui induisent l’infériorité des femmes par rapport aux hommes et instituent une division genrée du travail et de l’espace public, sont à la source de ces violences.
Pour lutter contre celles-ci, c’est donc une réelle culture de l’égalité qu’il faut instituer, dès le plus jeune âge, puisque comme le développe le Planning Familial dans sa campagne :#toutestlié.
Tout est lié, y compris le fait que certaines femmes subissent en plus du sexisme d’autres formes de domination, du racisme aux stéréotypes liés au handicap ou encore aux préjugés de classe.
Les violences sexistes et sexuelles sont diverses
Il est désormais commun de réunir toutes les violences faites aux femmes sous le terme de « violences sexistes et sexuelles ».
Celui-ci recouvre un large périmètre, y compris les questions de mariage forcé et de mariage des enfants, les problématiques d’excision, de traite des êtres humains, de harcèlement et d’agressions sexuelles, de violences commises par un partenaire… Et il n’exclut personne du compte des victimes.
C’est pour cette raison que le gouvernement a décidé de travailler sur cet axe, pour préparer la loi visant à mieux protéger les femmes et à améliorer la prise en charge judiciaire des affaires.
Une loi qui abordera :
- L’allongement à 30 ans du délai de prescription des crimes sexuels commis sur mineurs
- L’instauration d’un seuil d’âge en dessous duquel un enfant sera présumé ne PAS avoir consenti
- La verbalisation aux infractions relatives au harcèlement de rue
En parallèle, pour lancer cette Journée Internationale, le gouvernement devrait faire d’autres annonces ce samedi 25 novrembre à l’Elysée, à l’occasion du lancement de la « Grande cause du quinquennat ».
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