La Journée de la Femme est souvent l’occasion médiatique de dire « allez hop c’est le tour des femmes aujourd’hui, on vire les mecs ! ». Meilleur exemple cette année : Le Grand Journal avec un plateau 100% nanas et 2h de questions trépidantes par Ariane Massenet, promulguée animatrice en chef pour l’occasion.
Fondateur MASCULIN (oui je suis un mec, non je ne m’appelle pas Fabienne) de madmoiZelle.com, magazine féminin de la « nouvelle génération qui n’en veut », j’ai deux-trois réflexions sur la Journée de la Femme :
1/ Je ne supporte pas ce clivage que les médias font entre les sexes à l’occasion du 8 mars. Les garçons d’un côté, les nanas de l’autre. La question qui intrigue le plus la planète entière à propos de mon rôle sur madmoiZelle : « mais pourquoi tu as créé un magazine pour filles ? », avec un petit regard du genre « t’es gay, hein ? ». Bah non, je suis hétéro et si mon petit robinet/ma préférence pour ma femme ne fait pas de moi l’ambassadeur né pour mon magazine, ça ne m’empêche pas de parler de ce qui peut concerner les filles d’aujourd’hui. Au nom de quoi les mecs ne pourraient-ils pas « bien » s’adresser à des gonz’ ?
madmoiZelle, avec son forum « réservé aux nanas », n’est pas exempt de tout reproche à ce sujet. C’est une force d’un point de vue communautaire, mais aussi une faiblesse éditoriale. En 2010, je compte donner plus la parole aux mecs sur madmoiZelle et partager ce trône fauteuil de seul mec sur mad’. Ca a démarré avec Kamel Toe et on va continuer dans ce sens. Promis :)
2/ Plutôt que de faire la Journée de la Femme, on devrait faire La Journée anti-clichés, parce que dix ans d’expérience m’ont montré que c’était les clichés qui flinguaient les filles. Père de deux fifilles de 3 ans et 18 mois, c’est un combat de tous les jours de les protéger contre ces bons vieux a priori sur le genre féminin, et ça démarre dès le plus jeune âge, les jouets (Titiou avait écrit avant Noël un papier que je ne peux que plussoyer) et plutôt en provenance de devinez qui… les femmes les entourant. Oué madame.
Du côté de madmoiZelle, le patron de la ligne éditoriale que je suis a toujours voulu tenter d’y échapper. C’est pas évident, hein, parce que la facilité tend à embrasser le cliché… mais la volonté est là.
3/ Enfin, en tant que mec, j’ai eu une révélation, une épiphanie sur des millénaires d’oppression de la femme lorsque la mienne était enceinte de notre premier rejeton. D’un point de vue macro-sociétal, macro-économique, macro-de la vie.
Ma vision de l’existence était on ne peut plus limpide : je pouvais me péter la nuque dans mes escaliers, passer sous un train, me faire bouffer par un supporter du PSG, une chose était sûre : mon enfant viendrait au monde. Et s’il arrivait le moindre pépin à ma femme ? C’était ma descendance qui était menacée et par extension, la survie de l’humanité.
Je voudrais être dans la tête du premier homme sur Terre qui a compris qu’il n’était qu’une ptite kékette sur pattes, sans grand autre intérêt que de féconder. Tu m’étonnes qu’il a voulu montrer à sa femme qui était le patron (par la force, of course).
Alors bien sûr, en France du moins, la Journée de la Femme, c’est important au nom des femmes qui en prennent plein la tronche au quotidien, qui sont sous-payées dans les entreprises, qui subissent la non-parité mais à mon avis, le combat mérite d’être porté vers les nénettes qui restent à la maison parce qu’on leur a expliqué dès le plus jeune âge que c’était leur rôle. Et même en 2010, il en reste. Plein.
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