Le mouvement fondé en 2003 par Fadela Amara se mobilise aujourd’hui, comme le reste de l’année, contre les « viols collectifs, mariages forcés, excisions, pressions des obscurantistes, loi du silence » et pour « l’hébergement d’urgence, application de l’ordonnance de protection qui permet l’éviction du conjoint violent ».
La différence depuis ce matin ? Le 25 novembre est la 2e édition d’une mobilisation coup de poing – une journée qui se veut symbole du droit à la féminité. « Parce qu’aujourd’hui porter une jupe est devenue pour beaucoup de femmes un acte de courage, parce que la féminité est un droit qu’il faut encore défendre », explique NPNS sur son site Internet.
L’année dernière, l’opération avait permis de récolter des fonds pour financer le premier appartement relais, un lieu unique pouvant accueillir 3 à 4 femmes et leurs enfants pour « commencer leur travail de reconstruction ». Ce soir, l’inauguration aura lieu à la Maison de la Mixité, au 70 rue des Rigoles, dans le 20ème arrondissement à Paris.Chez madmoiZelle, on a voulu savoir ce que vous pensez des jupes, le rapport que vous entretenez avec ce vêtement et comment vous percevez cette journée de mobilisation. Certaines d’entre vous aiment les jupes depuis toujours, d’autres ont appris à les apprivoiser. Certaines ne portent que des jupes courtes et/ou sobres, d’autres préfèrent la longueur et/ou jouer avec les couleurs. Et puis il y a celles qui se sentent femmes et à l’aise avec les jupes, les autres qui aiment jouer avec l’enfance et/ou réservent les jupes aux jours où elles sont « d’attaque ». Rencontre avec nos lectrices, dans un coin de ma cour.
Fanny (Athénaïs_M), 23 ans, étudiante en communication
Quel est ton rapport à la jupe ?
J’ai vécu 21 ans en Bretagne avant de venir habiter sur Paris pour mes études. Là-bas je portais des jupes quasiment tous les jours. Je dois avouer que les bigotes de mon village qui me regardaient d’un air désapprobateur me faisaient plus rire qu’autre chose. À Paris, il en a été tout autrement… et très vite j’ai décidé de limiter le port de la jupe. Les sifflets, les insultes lorsque tu te promènes dans certains quartiers ont eu raison de mon amour pour la jupe. Donc aujourd’hui, mon placard s’est rempli de pantalons, et la jupe ou la robe c’est pour les soirées, lorsque je sais que l’endroit où je vais n’est pas trop craignos.
Que penses-tu de la journée de la jupe en tant que moyen de sensibiliser à la lutte contre les violentes faites aux femmes ?
Je trouve que c’est une très bonne idée car (malheureusement) aujourd’hui porter une jupe est considéré comme un acte militant.
À quoi ressemblent tes jupes du moment ?
En ce moment, je suis plutôt jupes aux couleurs flashy – comme celle que je porte aujourd’hui, car avec l’hiver et ses couleurs tristes et ternes pour les vêtements (gris, noir, marron), j’essaye, de cette façon, de redynamiser mes tenues.
Sandra, 31 ans, assistante de direction, se décrit comme « pro – anti-violences »
Quel est ton rapport à la jupe ?
J’ai toujours été très garçon manqué. Il y a eu un long moment durant lequel je ne portais que des jeans. Et quand pour le travail on me demandait de porter des tailleurs (je travaille pour une entreprise de travaux publics), je ne portais que des vestes et des pantalons. Mais il y a un an, je me suis mise à porter des jupes.
Pourquoi ce déclic ?
J’avais un collègue un peu pervers sur les bords – le genre à systématiquement faire des remarques aux filles en jupe, leur pincer les fesses, plaisanter… Ça ne me mettait pas à l’aise et je m’auto-censurais en refusant de porter des jupes. Depuis qu’il est parti, il y a un an, j’en porte. Avant, j’avais peut-être peur que l’on me regarde trop. Aujourd’hui, je porte même des jupes en faisant du vélo. C’est dire si j’ai évolué !
Que penses-tu de la journée de la jupe ?
Mon sentiment est un peu double : à la fois, je trouve cette initiative intéressante et un peu dérangeante. Intéressante, parce que la jupe permet une opération coup de poing : on est des femmes, on porte des jupes pour bien marquer la différence avec les hommes, on choisit une journée puis on s’assume. Et en même temps, je ne suis pas sûre que la jupe soit très représentative de la lutte contre les violences faites aux femmes. On se défend mieux en pantalon, non ? (rires)
Quel genre de jupes portes-tu ?
Peu importe le motif ou la matière : je les aime courtes. Je les porte avec des talons ou à plat, ça dépend. Aujourd’hui, je porte des bottes : c’était plus pratique, je suis venue te voir à vélo !
Paquita, 18 ans, étudiante en histoire de l’art et archéologie à la Sorbonne
Est-ce que tu as toujours porté des jupes ?Non. Dans la cour de récré, j’étais du genre à courir partout ! Je n’ai commencé à porter des jupes que quand j’ai grandi. Il y a deux ans, je me suis mise à porter des bijoux et à me maquiller – c’est à ce moment-là que j’ai porté des jupes pour la première fois.
Quand tu es en jupe, est-ce que tu as l’impression que les regards sur toi changent ?
J’habite le 93, un endroit où porter des jupes ne passe pas inaperçu. Donc oui. Et dans le métro, les gens ont tendance à te fixer quand t’es en jupe. C’est toujours drôle de voir que le réflexe des gens va être de d’abord regarder ton visage, puis immédiatement après, tes jambes. Mais je ne me résume pas à mes jambes ! (rires)
Quel genre de jupes aimes-tu porter ?
En général, des jupes au-dessus du genou. J’adore ce vêtement pour 2 raisons : la première est que je fais de l’athlétisme 5 à 6 fois par semaine, donc porter une jupe est une façon parfois de me rappeler que je sais aussi faire autre chose qu’être toute suante dans une tenue de sport. La seconde : c’est un fantastique prétexte pour porter des collants rigolos !
Que penses-tu de la journée de la jupe ?
Je trouve que c’est une bonne chose. L’année dernière aussi j’y avais participé. Après, je ne suis pas sûre que « ça marche vraiment » : l’initiative reste assez isolée, peu de gens en ont entendu parler… Ce matin dans le métro, j’ai vu très peu de filles en jupes.
Lula, 25 ans, auteur-rédactrice
Quel rapport entretiens-tu avec les jupes ?
Toute ma vie, la jupe a été un double motif de conflit. Un peu comme un double effet kiss kool, mais qui pique, et ce, pour deux raisons :
D’abord, mes jambes sont mon motif de complexe numéro un. Je les tiens de ma mère et je déteste mes genoux. Par conséquent, la jupe n’a jamais été « ma tenue de séduction ». C’était plutôt ma tenue « oui j’ai des genoux de trois-quart-centre de football et si t’es pas content, c’est le même tarif ». Et puis un jour, j’ai découvert les cuissardes. Et là, la jupe est devenu mon atout séduction. Avec une paire de collant chair laissant entrevoir l’arrière de mes cuisses sans cellulite (les mystères du corps humain) et une jupe mignonne, j’arrive à me sentir en confiance. Ça marche aussi avec les bottes à talons très hauts et les petites robes colorées. Depuis, je vois la jupe comme les poireaux : difficile à aimer comme ça – mais, en soupe accompagnée de pommes de terre… c’est vraiment sympa !
Et la seconde raison ? J’ai grandi dans un quartier dit « sensible ». À l’époque où j’y vivais, porter une jupe était un acte presque militant. J’en portais toujours une au début du printemps, tu sais, pour ressentir le plaisir du vent frais sur les gambettes pour le premier jour de l’année où il faisait soleil, à l’heure d’aller à l’école. Malheureusement, j’essuyais les remarques plus ou moins discrètes et les regards qui te font te sentir comme un steak Charal. Dans mon école, on était toujours deux ou trois à avoir eu la même idée. Alors on se regardait toutes avec la même pensée en tête : « qu’est-ce qui nous a pris ? Que cette journée termine vite… »
Donc dans le quartier « sensible » où tu as grandi, « porter une jupe » rimait forcément avec « vouloir attirer les regards » ?
C’était un acte quasi-politique. Ça voulait dire qu’on acceptait publiquement le fait d’être potentiellement désirables. Les regards nous cataloguaient et on essayait tant bien que mal de garder une contenance. Mais les yeux de nos voisins nous gueulaient « salope ». Aujourd’hui, j’habite à Paris et je porte des jupes été comme hiver. J’ai appris à apprivoiser mon corps et attirer les regards sur moi ne me fait plus peur. Ma jupe, c’est devenu mon signe extérieur de maturité.
Que penses-tu de cette journée de mobilisation ?
Je la trouve intéressante. C’est l’occasion pour nous toutes de se saisir de cette opportunité, qui devrait être possible tous les jours : c’est aux autres de se maîtriser, pas à moi de me cacher. La journée de la jupe permet à toutes les filles, quelle que soit leur morphologie – les plus fines, les moins fines, les plus réservées, les moins réservées… de s’imposer en jupe. Qu’est-ce que peuvent répondre les mecs ? Si même leurs copines participent à la journée, ça leur enlève subitement le droit de dire qu’une fille en jupe est un morceau de viande.
Donc pour toi, le rapport entre le port de la jupe et la lutte contre les violences faites aux femmes est clair ?
J’ai grandi en banlieue, donc oui, pour moi, le port de la jupe peut être stigmatisant. Après, je conçois bien que cette initiative n’est que la petite chose que nous, occidentales, pouvons faire. On serait ailleurs que le véritable acte militant serait de proclamer une journée tête à l’air. Mais enfin, cette journée me paraît intéressante dans la mesure où elle fait écho à d’autres combats, dans d’autres pays. Il faut aussi rappeler qu’aujourd’hui, la jupe fait aussi office de procès d’intention : il n’est pas rare que les filles qui portent plainte contre viol se voient poser des questions du type « portiez-vous une jupe ? Étiez-vous provocante ? Avez-vous cherché votre agresseur ? ». Il y a beaucoup à faire avec les moeurs en cours…
Quel est ton genre de jupes ?
J’aime les jupes « de princesse » : trapèzes, fleuries, en soie, à volants. Mais il m’arrive aussi de porter des jupes crayon pour le travail.
Clara, 24 ans, blogueuse
Raconte-moi ton rapport aux jupes.
J’en porte très souvent. C’est ce que j’appelle « mon privilège de fille ». Tous les matins, je prends 30 minutes environ pour m’habiller. C’est le petit moment durant lequel je me fais plaisir : je choisis la jupe parce que c’est un vêtement que je trouve féminin, mignon. J’ai toujours beaucoup aimé les jupes. Quand j’étais petite, j’adorais celles qui tournaient.
Quel est ton type de jupes ?
Courtes ou longues, je les aime toutes. Mais en ce moment, mes préférées sont les jupes longues et plissées.
Que penses-tu de cette journée de la jupe ?
Il m’arrive de regretter d’en avoir mise une dès le premier pied mis dehors. Même si je ne suis jamais vulgaire, je me prends quand même parfois des petites remarques dans mon quartier, Place Clichy… C’est dommage. Les jupes devraient rester des petits plaisirs de fille, pas des appels au viol ! En fait, je suis un peu partagée : le truc que je regrette avec cette journée, c’est son côté éphémère. La journée de la jupe, c’est aujourd’hui – pas hier, ni demain. Après, là où je comprends mieux l’utilité de l’opération, c’est qu’elle permet de parler du numéro spécial violences conjugales au plus grand nombre : le 3919 – j’ai même fini par le retenir !
Sarah, 19 ans, étudiante en philo et en japonais
Quel rapport entretiens-tu avec la jupe ?
J’ai longtemps détesté ça. Et puis un beau jour, je m’y suis mise : j’ai osé montrer mes gambettes. J’ai commencé par le mini-short, et puis j’ai voulu porter des jupes. Alors j’ai directement opté pour la minijupe moulante, et je crois que cette décision a fait office de vaccin : depuis, plus aucune jupe ne me complexe. J’aime beaucoup les jupes crayon aussi.
Quel est ton type de jupes ?
Je suis un peu une intégriste de la jupe. Je les aime noires ou grises.
Quel est ton avis sur la journée de la jupe ?
Je vais être un peu critique, mais je me pose la question de l’intérêt de la multiplication des journées (journée internationale des droits de la femme, etc) de ce type. J’ai peur que ça brouille le message. À la limite, j’aurais peut-être préféré que cette journée soit un appel à surjouer la féminité, un truc un peu plus drôle et poussé que simplement porter une jupe. Mais bon, il est aussi normal de s’alarmer sur les violences faites aux femmes. L’écueil est de tomber dans un truc pleurnichard, mais c’est une histoire d’équilibre.
Est-ce que t’as déjà été emmerdée dans la rue à cause d’une jupe ?
J’ai eu beaucoup de mal à comprendre à quel point un mini short ou une mini jupe peuvent faire de vous une proie. À un moment, j’avais d’ailleurs décidé de mal me fringuer, histoire de ne plus me faire emmerder dans la rue. C’était avant de comprendre que d’une part le nombre de violeurs n’est pas équivalent au nombre d’hommes sur terre. Oui, il m’est déjà arrivé de me demander si je devais arrêter d’en porter. Mais j’ai réalisé que ça aurait été une décision ridicule. Je porte des jupes courtes, et alors ? Tout ce qui doit être caché est caché. Il ne devrait pas y avoir de souci avec ça. Étrangement, j’ai beau avoir fait un tour d’Europe avec ma meilleure copine, en mini-short dans le train, je n’ai jamais été embêtée. À Paris, c’est autre chose. Bizarrement, alors même que le cadre se veut plus rassurant et citadin, on n’est pas exemptes de remarques pour autant.
Manon (JudeMartha), étudiante en cinéma, 20 ans
Tu portes souvent des jupes ?
Qu’il pleuve ou qu’il vente, oui ! D’ailleurs, même le froid de l’hiver n’a jamais raison de moi : au contraire, avec une bonne paire de collants opaques, je trouve que ça passe très bien.
Quel type de jupes aimes-tu ?
Je fonctionne énormément au coup de coeur. J’aime beaucoup les volants, le tulle, les jupes de danseuse… Je joue avec les jupes et essaye de me moquer des codes. J’aime bien la jupe en tant que vêtement potentiellement infantilisant. Du coup, mes tenues sont assez colorées.
Est-ce que tu te sens plus regardée quand tu es en jupe ?
C’est marrant, ce matin j’étais dans le métro, assise dans un carré de strapontins avec d’autres filles. On était quatre : deux portaient un pantalon, deux autres dont moi étaient en jupe. Et j’observais la scène : les oeillades allaient évidemment plus en direction des filles en jupe que de celles en pantalon. Après, je dois avouer que les réactions des passants ne sont pas les mêmes en fonction de la couleur de mes collants. C’est amusant, mais quand je porte des collants verts comme aujourd’hui, je me sens beaucoup moins observée. Moins observée encore que quand je porte un slim !
Que penses-tu de cette journée de la jupe ?
Je la trouve intéressante, c’est vrai qu’il fut une époque où les femmes devaient s’en tenir à la robe ou à la jupe, et n’avaient pas le droit aux pantalons. Entre temps, la jupe est devenue synonyme de « hé, regarde moi ! » quand tu te balades dans la rue. Donc je comprend que NPNS ait eu envie de marquer le coup autour de ce vêtement.
Sophie (Eden04), 22 ans, étudiante en droit
Quel est ton rapport aux jupes ?
Je suis très robe, un peu moins jupe. Mais dans l’absolu, je trouve que les pantalons sont plus faciles à porter. Ils te dispensent du côté « je porte une jupe, venez tous me parler, aujourd’hui c’est les portes ouvertes ! » Le matin, je ne décide de me mettre en jupe que quand je me sens d’humeur combattante, prête à essuyer les regards lourds. Sinon, un pantalon, c’est plus passe-partout. Après, évidemment, y’a « jupes » et y’a « jupes » : celles des catholiques de 70 ans n’ont rien à voir avec… toutes les autres.
Quel est ton type de jupes, les jours où tu en portes ?
Le critère de base, c’est la taille : il faut qu’elle soit pile au niveau des genoux. Ni au dessus, ni en dessous – histoire de flatter la morphologie. Sinon, j’aime beaucoup les jupes crayon et j’ai une préférence pour les couleurs un peu basiques, du type gris, noir, beige ou crème.
Que penses-tu de la journée de la jupe ?
Je suis un peu mitigée. À la limite, je pense que je me sens plus proche de la Slutwalk : on y vient habillé comme on veut, avec juste son attitude supposée salope. C’est une mobilisation plus large que le simple port de la jupe. Spontanément, j’ai envie de me demander en quoi la jupe aurait le monopole de la féminité. Puis, je comprends que dans toute mobilisation il faut un symbole.
Alors dans ce cas, oui, effectivement : la jupe est un avatar de la féminité. Mais pas l’unique. Il y a 10 000 façons d’être féminine. J’ai aussi un regret : celui que les hommes ne puissent participer à cette manifestation. Pourtant, on n’a pas besoin d’être une femme pour être féministe. Après, ce que j’aime avec ce genre de journées, c’est qu’il est toujours bon de rappeler que l’excision ne se pratique pas qu’en Afrique, et qu’environ toutes les 7 minutes une femme se fait violer en France. Les droits des femmes, ce n’est pas qu’une histoire de brûler son soutif en gigotant dans tous les sens. C’est aussi un combat quotidien, qui a déjà été partiellement gagné avec le droit de vote pour les femmes, mais dont les fondamentaux doivent encore faire l’objet de nombreux rappels au quotidien…
Raphaëlle (RaphaLaVanille), 24 ans, graphiste illustratrice, raphaelledreyfus
Tu aimes les jupes ?
Avant, je détestais les jupes et j’avais les cheveux courts. Je ne portais que des pantalons, et sans nécessairement être un garçon manqué, je n’étais pas spécialement fille. Puis, à l’âge de 18 ans, les choses ont changé : je me suis laissée pousser les cheveux et me suis mise à porter des jupes. Et le gros avantage avec les jupes, c’est que tu peux porter les chaussures que tu veux avec ! Même avec des UGGS tu restes féminine. La jupe, c’est un peu mon vêtement de flemmarde : je suis bien dedans, je me sens confortable et à l’aise, et contrairement à certains pantalons, on ne voit pas mes petites poignées. J’ai même tendance à porter plus de jupes (et de shorts) l’hiver que l’été ! Avec une paire de collants opaques, l’affaire est vite dans le sac.
Quel genre de jupes aimes-tu ?
J’aime les jupes taille haute – comme tu peux le remarquer, je ne suis pas très grande. Alors les tailles hautes me tassent moins. J’ai eu ma période mini jupe en jean, mais maintenant, je suis très tournée vers tout ce qui est coloré, tout ce qui brille… Celle que je porte aujourd’hui, c’est ma jupe préférée. C’est une jupe Manoush qui doit bien valoir plus de 200 euros, mais que j’ai réussi à avoir sur Asos pour 20 euros. Ah, les bonnes affaires ! C’est comme ces petites ballerines que j’ai aux pieds : c’est des Marc Jacobs, mais je les ai eues à 6 euros lors d’un vide-grenier. La dame qui me les a vendues ne devait pas connaître cette marque…
Est-ce que tu as le sentiment d’être observée quand tu marches dans la rue avec une jupe ?
Oui. Y’a deux choses qui provoquent les remarques dans la rue : le bruit des talons (et les mecs se retournent sur toi) et les jupes (et les mecs t’observent de la tête aux pieds). Et pourtant : j’habite dans le 15e, un quartier qui a priori ne craint pas.
Que penses-tu de cette initiative de NPNS ?
Je trouve ça très bien. C’est dommage que certaines filles en viennent à être obligées de se censurer et choisir de ne pas porter de jupes les soirs où elles sortent et prévoient de rentrer à 3h du matin. Enfin, de mon côté, j’ai choisi de m’en foutre. Je me suis déjà faite agresser dans la rue – un mec m’a plaquée contre un mur. Ce jour-là, comment étais-je habillée ? J’avais un gros sweat Snoopy, un jean, et une sale gueule de fille qui venait de passer un oral. Et pourtant ! J’ai 15 ans de non-jupe à rattraper, alors non, je ne me priverai pas. Même si je comprends que dans certains quartiers, les filles n’ont malheureusement pas le choix… Ma mère est magistrate et me raconte que de nombreuses filles de cité se font violer pour le simple motif d’avoir porté une jupe…
À toutes les lectrices que l’on n’a pas pu rencontrer aujourd’hui : votre avis nous intéresse aussi ! Portez-vous des jupes ? Pourquoi ? Quel est votre ressenti sur la place de la jupe dans nos rues ? Que pensez-vous de cette journée de la jupe à l’initiative de Ni Putes Ni Soumises ? Y avez-vous participé, et pourquoi ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
YO
Je m'incruste...
NPNS n'est pas un excellent exemple de mouvement féministe et est plutôt controversé, du fait des doutes quant à son indépendance politique, ses subventions financières (beaucoup plus importantes que la plupart des autres associations - quoique ce soit visiblement en train de changer depuis quelques semaines), certaines de ses positions politiques (port du voile notamment, tu as raison) et plus récemment de sa dirigeante.
En revanche, personnellement, je pense que le féminisme s'imbrique dans le politique et doit installer ses débats dans le champ médiatique pour justement sensibiliser... En espérant que peu à peu, ça rentre
Je suis aussi militante (et pas toujours d'accord avec tout ce que dit mon asso - du coup, j'en joins plusieurs), et parfois c'est compliqué d'entendre tout ça : on passe énormément de temps sur le terrain, à faire de "petites" actions, à sensibiliser, à flyer, à accompagner, à mettre en place des trucs, à batailler... Lorsque certaines actions sont médiatisées, c'est difficile d'entendre qu'elles ne font pas partie des "vrais" sujets
Je suis d'accord quand tu dis que le féminisme ne doit pas oublier les hommes, mais pour moi le nom reste important, d'une part pour son héritage et d'autre part parce qu'on parle bien de faire parvenir un groupe "femme" à l'égalité - et par conséquent que certains (en l'occurrence le groupe "homme" devront perdre certains privilèges (quelques sièges politiques, quelques places professionnelles, etc...)... Même si la libération de la femme implique aussi la libération de l'homme : si l'égalité est acquise et que le genre n'est plus crucial, ni les hommes ni les femmes ne seront plus enfermés dans leurs rôles de genre.
Viendez, on va faire la révolution !