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Moi, moi et moi

Journal infernal d’une bachelière

Tu passes le bac en 2013 et tu es stressée ? Attends de voir à quoi ressemble la journée d’une bachelière vraiment maudite !

Publié initialement le 17 juin 2013

[Rappel: cet article est entièrement basé sur des témoignages de lectrices. Par conséquent tout est réellement arrivé, si ce n’est que c’est arrivé à plusieurs dizaine de personnes différentes. Demain lundi 17 juin 2013, l’article sera mis à jour à 9h, 12h, 16h et 18h, pour que vous puissiez suivre en temps réel la plus malchanceuse des bachelières.]

Bac Jour J-1

20h : veille du bac. Demain, l’épreuve de philosophie. Consciencieuse, je prépare mes affaires pour le lendemain. Je vérifie tous mes stylos et je sors les vêtements que je vais porter. Je constate avec étonnement que mon jean fétiche n’est pas dans mon armoire. Le jean, tu sais, le jean dans lequel tu es bien, l’accessoire indispensable d’une semaine entière d’épreuves. 20h18 : Après enquête, il s’avère que ma mère a tout bonnement jeté mon jean fétiche. Parfaitement ! La veille du bac. Au prétexte qu’il n’était « pas mettable ». Je pique une colère mémorable et file récupérer mon jean dans la poubelle. Non mais ! 21h : Je décide de me détendre en câlinant Gustave, mon rat de compagnie. Ou pas. En l’occurrence Gustave m’a tout l’air d’être mort la veille de mon bac. Heureux présage.

Réveil sur les chapeaux de roue

7h : Départ pour le lycée en voiture On préfère partir tôt « au cas où ». Ma mère me conduit et la malédiction commence. Un incendie a eu lieu et un périmètre de sécurité a été installé, nous empêchant de continuer. Pas de déviation possible en voiture. On se gare et  on  continue à pied pour contourner le périmètre de sécurité. 7h34 : Bilan : le bac c’est dans 25 minutes et on fait du stop. Oui, oui. Ma mère hystérique et moi complètement anéantie. Une gentille dame s’arrête, ouf ! 7h50 : J’arrive tant bien que mal au lycée mais je ne trouve pas mon nom sur les listes. Mon nom n’est  tout simplement PAS sur les listes. En relisant ma convocation je constate, que mon centre d’examen n’est pas mon lycée mais un autre établissement situé à l’autre bout de la ville. Cestuncauchemarjevaismereveiller. 7h51 : Miracle, une su-pe-rveillante m’embarque en voiture et me conduit dans le bon lycée. Je peux passer l’épreuve in extrémis.

Coup d’envoi : l’épreuve de philo

8h02 : les surveillants me demandent ma carte d’identité. Ils vérifient deux-trois infos à leur bureau pendant que je m’installe au mien tout en reprenant mon souffle. 8h04 : les surveillants ont perdu ma carte d’identité. 8h05 : désabusée, je commence à remplir l’en-tête de mes copies. J’écris mon nom, mon prénom, la date, le sujet du jour et quand j’arrive à la nature de l’épreuve, le drame arrive. Je me rends compte que je n’ai jamais écrit le mot baccalauréat de ma vie et j’ai peur que cela fasse mauvaise effet d’écrire « bac ». Je cherche désespérément dans la salle et sur mon sujet un endroit où le nom de l’épreuve serait écrit. Rien. 8h06 : voilà ce qui apparaît sur mon en-tête : bac à l’oréat. 8h09 : trop plein d’émotions ou trop de nuits passées à réviser ? Je l’ignore. Toujours est-il que j’entame cette série du baccalauréat par une petite sieste improvisée. Comme ça sur la table. Boum. 8h40 :Un surveillant réalise enfin que je suis un peu trop penchée sur ma copie. Réveil en sursaut ; il va falloir sauver les meubles maintenant. 9h12 : Averse imprévue. Le plafond de ma salle fuit. O joie. On dépose un seau à mes côtés. Plic, plic, plic, ploc pendant trois  heures. Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville comme dirait l’autre. 9h30 : je commence à rédiger au stylo à bille comme à mon habitude. Première faute d’orthographe. Malédiction je ne trouve plus mon blanco. J’ai oublié mon blanco le jour de l’épreuve de philo mais quelle imbécile ! Autant aller à un baptême en oubliant le bébé. Toutes les trois phrases, je ne peux m’empêcher de relire dix fois ce que je viens d’écrire. 9h47:   Une surveillante passe devant moi, jette un coup d’oeil rapide à ma copie puis fait quelques pas en arrière pour revenir à la hauteur de ma table. Je rêve ou son regard a l’air plus que dubitatif ? 9h52 : conséquence directe de la pluie, ma vessie se rappelle à mon bon souvenir.  Je me fais escorter aux toilettes. Une surveillante est carrément debout sur l’une des cuvettes et nous observe par-dessus les cloisons histoire de vérifier qu’on ne cacherait pas des antisèches dans nos tampons. C’est marrant, ça m’a coupé l’envie. Ça ou alors l’inscription « Jésus te regarde » sur la porte… 9h53 : à peine rassise la surveillante revient et étudie à nouveau ma prose. Je pense qu’elle m’en veut. Ce coup-ci elle hausse clairement les sourcils et laisse échapper un “Mmmmmh ?” désapprobateur. C’en est trop, je m’étale en mode cachalot échoué sur ma table pour qu’elle ne voie pas le reste de ma copie. 10h : ma glycémie est en chute libre, je n’arrive plus à réfléchir. Je décide d’entamer mon paquet de bonbons pour me donner du courage. Il résiste. Je force et provoque une explosion de dragibus dans toute la pièce. So-li-tu-de. 10h09 : ma voisine a apparemment eu la même idée que moi… Sauf qu’elle mange des carrés de sucre. DES CARRÉS DE SUCRE. Un boucan d’enfer toutes les 10 min, impossible de se concentrer. 10h22 : Je crois que mon surligneur veut entamer une partie de cache-cache. Alors que je pars en expédition spéléologique dans les profondeurs de ma trousse, une surveillante octogénaire se rue vers ma table et se met à brailler « MAIS QU’EST-CE QUE VOUS CHERCHEZ A LA FIN ? » 10h27 : Je pense à Gustave et je pleure en pleine épreuve, ça dure un bon moment. 11H01 : Une série de bruits bizarres me sort de mon chagrin. On dirait qu’il y a une légère altercation dans le couloir… 11h30 :

Pour lutter contre toutes ces mésaventures, je décide de sortir mon remède anti-stress par excellence : les fleurs de Bach, une préparation homéopathique. Seul bémol : la surveillante me regarde en train de me shooter à cet effet placebo. Elle se met en tête de regarder la composition du médoc, et constate avec stupéfaction que l’un des ingrédients est tout bonnement … du cognac ! Résultat 15 minutes de perdues à batailler avec elle, en lui expliquant que mon médecin me l’a prescrit, et que non, madame je ne suis pas une alcoolique en perdition ! 11h45 : Ma voisine en est à trente carrés de sucre environ. 11h59 : Je viens de finir de rédiger ma troisième partie ce qui me laisse approximativement 15 secondes pour ma conclusion. Oups.  Je commence par un « ainsi » très prometteur lorsque la surveillante annonce qu’il nous faut impérativement poser nos stylos. L’urgence n’est plus soutenable. Dans un geste désespérée j’écris « voilà » en gros et en diagonale sur ma copie. « Ainsi, voilà ». Une bien belle conclusion. 12h00 : fin de l’épreuve donc. Apparemment les bruits étranges étaient ceux d’une intervention des forces de l’ordre. Un homme recherché par la police avait bien choisi son jour pour venir se réfugier dans le lycée… Super rassurant. 12h05 : Je viens de retrouver mon blanco au fond de la poche de ma veste. Logique, mon amie.

Pause dej

12h07 : départ pour la sandwicherie du coin avec quelques copines pour reprendre des forces. Une femme un peu bizarre entre pour acheter du pain. Il se trouve qu’elle porte une tenue assez olé-olé qui découvre une bonne partie de ses seins. Nous nous mettons à pouffer, rire et critiquer avec beaucoup de maturité et… un peu trop ouvertement. Les insultes fusent et sans avoir le temps de comprendre ce qui m’arrive, je me retrouve la tête enfoncée dans ma quiche. 12h25 : Des gens essaient de s’interposer, mais nous en sommes déjà au point où le mari de la femme nous attend à la sortie pour nous casser les dents. Cool. Exactement ce dont on avait besoin. 12h27 : Panique totale. Je m’évade en courant comme une furie et en évitant le mari-brute-épaisse. Traumatisée, dégoulinante, essoufflée mais pas défigurée. 13h13 : Bientôt la reprise du calvaire. Cet après-midi c’est histoire-géographie. Je hais l’histoire-géo, depuis toujours. Perdue pour perdue et vu ce qui m’arrive depuis ce matin, j’estime que la seule manière d’avoir une note correcte dans cette matière est d’être fin torchée (Les enfants ne faites pas ça chez vous, c’est fort stupide). C’est ainsi que je passe à la supérette afin de remplir ma petite bouteille d’eau d’un peu de jus d’orange et d’une quantité phénoménale de rhum.

C’est reparti pour un tour

14h00 : Début de l’épreuve. Il est statistiquement impossible que le seul chapitre d’Histoire qui n’a pas été vu en classe par manque de temps tombe, tout comme la seule carte de géo sur laquelle j’ai fait l’impasse. 14h01 : Ouverture des sujets. Vous savez quoi ? J’ai toujours été nulle en statistiques. Allez hop, cul sec. 14h02 : début de ma crise de hoquet 14h06 : à la réflexion, je suis peut-être une alcoolique en perdition. 14h09 : je décide d’invoquer mes ancêtres sur plusieurs générations lorsqu’un prof déboule dans la salle pour nous dire qu’il y a eu une fuite sur les sujets et qu’il faut donc les changer. Mes aïeuls ont bien bossé. 14h16 : une fille demande très gentiment s’il faut séparer les deux sujets ou si l’on peut écrire en continu sur la même copie. La surveillante lui aboie dessus : « EH BAH TU FAIS TA VIE HEIN, TU FAIS TA VIE! TU F-A-I-S TA V-I-E ». Je crois que nous sommes tous en train de sombrer dans la folie. 14h42 : je pense n’avoir toujours pas compris le sujet lorsque PAF ! Coupure de courant générale. La salle étant déjà sombre à la base (les vitres sont teintées) on n’y voit plus rien. Un de mes voisins relève brusquement la tête et pique un scandale “Nan mais ils sont sérieux ?! Ils auraient pas pu faire ça pendant l’épreuve d’anglais plutôt ? ». Pourquoi l’anglais ? Nous ne le saurons jamais. 15h15 (Marignan !) : je demande aux surveillants d’aller aux toilettes. Apparemment Big Brother n’est plus perchée sur sa cuvette. En revanche, au moment de tirer le papier toilette de son étui métallique une vingtaine de fiches de pompes me tombent dans les mains. 15h16 : minute de panique totale avant de tout balancer dans les toilettes et de tirer la chasse. Avec soulagement, j’observe le petit tourbillon d’eau. 16h00 : pause goûter réglementaire. J’attends ces mini-brownies depuis le début de cette journée infernale. Mais avec la chaleur, eux ne m’ont pas attendue. J’ai du chocolat fondu plein les doigts et accessoirement plein ma carte de géo. C’est décidé, demain je me mets aux carrés de sucre. 16h22 : « PIGEON ! ». C’est ce que vient de crier un jeune homme au premier rang. Comme un seul homme tout le monde tourna la tête vers l’entrée. Effectivement un pigeon vient de franchir le seuil de la porte. Il sautille vers une table et se perche sur une chaise visiblement prêt pour son épreuve lui aussi. 16h57 : fin de ma crise de hoquet. 16h58 : enfin l’épreuve se termine, plus rien ne peut m’arriver. C’est ce que je pensais jusqu’à ce que j’aperçoive une grosse araignée rampant sur ma copie. Légitime défense oblige je l’exécute, aplatie d’un coup sec entre deux feuilles. L’araignée reste incrustée, pas le choix, je rends ma copie telle quelle. Les correcteurs vont être ravis !

Enfin libres

17h00 : Je range mes affaires. Mon voisin me demande pourquoi j’ai écrit ça, ça et ça. Il a lu toute ma copie pendant l’épreuve. Tranquille, Emile. 17h05 : au moment où je franchis la porte de la salle, j’aperçois un groupe de garçons courant, sautant et dansant dans l’allée centrale… Ils sont nus. Normal. La pression qui retombe quoi. 17h06 : je peux désormais rallumer mon portable : 54 appels manqués, 97 SMS, 12 menaces diverses sur mon répondeur et 3 supplications. Ah, apparemment les surveillants qui s’occupaient de gérer les listes d’émargement ont zappé mon nom dans la liste et le lycée a appelé mes parents pour leur dire que j’avais séché le bac cet aprem. Je retourne à l’intérieur me manifester histoire qu’on le sache une bonne fois pour toute. C’ETAIT LE PREMIER JOUR DU BAC ET J’ETAIS BIEN LA. J+1 : L’héroïque surveillante qui m’a conduite dans le bon lycée dans la matinée a reçu un bouquet de fleurs de la part de ma maman.

Avec par ordre d’apparition dans cet article : Marie.charlotte, Pigmenthe, Julien, Julie, Bichettejolie, Purpuline, Margaux, anonyme, Crocuta, Arlie, Trois, anonyme, Zi-frappadingue, Mathilde D, Cy, Lara, Coltilde, Elisabeth, Amandine, Hawley, Marie, Solemnia, Myaou, Baron_saturday, Emilie, Gingermind, Myriam_h

Merci encore à toutes les contributrices. L’ensemble des témoignages est téléchargeable en cliquant ici.

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Les Commentaires

69
Avatar de yuyunaa
20 novembre 2016 à 16h11
yuyunaa
OOOOh merci pour ces fous rires >< J’espère que vous avez toutes eu votre bac ! Perso je l'ai pas encore passée ( dans deux ans ) mais le jour J je repenserai à tout ça et je relativiserai
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