On nous dit tout le temps que boire ou conduire il faut choisir, et c’est parfaitement vrai : il en va de notre sécurité et de celle des autres. Mais savais-tu également que pour éviter certains petits tracas, il fallait également parfois choisir entre boire et taktak ?
Pourtant, j’ai depuis quelques années expérimenté le fait que boire un peu avant de faire le grand saut dans le lit d’un inconnu pouvait aider à briser la glace et à prendre confiance en soi. N’étant pas forcément dotée d’une estime de moi très élevée (sur une échelle de 1 à 12, on atteint allégrement les -715 par rapport au niveau de la mer), m’enfiler deux-trois bières m’a souvent bien aidée à balancer mon slip par dessus tête sans trop d’arrière-pensées, si ce n’était celle que l’alcool brouillait peut-être aussi la vue de mon partenaire de galipettes et l’empêchait de remarquer ma cellulite et mes nichons flasques. Douce illusion certes, mais je rappelle que j’étais un peu pétée alors bon, voilà, un peu de tolérance que diable.
Globalement ça marchait plutôt bien et je repartais le lendemain avec une bonne gueule de bois, la démarche mal assurée et l’haleine un peu fétide, mais satisfaite.
Mais tout ceci, c’était avant le drame bien sûr.
Un soir, après le boulot, on se retrouve avec différents collègues et mon mec de l’époque pour aller boire une bière au bar d’en face, comme il était alors coutume en ces temps reculés. D’habitude on prend quelques verres et on râle sur Germaine, la responsable RH qui a encore envoyé la paie en retard et sur Roger qui pourrait quand même nettoyer les toilettes derrière lui, mince quoi, on est pas chez Mémé non plus. Ensuite on va chercher un kebab et on se colle devant une série comme des retraités et bonne nuit messieurs-dames.
Ambiance du feu de Dieu, donc.
SAUF QUE. Je ne sais pas ce qui se passe ce soir-là, si la bière est plus forte que d’habitude, si le soleil nous tape sur la tête ou si c’est la blanquette de la cantine du midi qui nous fait de l’effet (on m’en avait pourtant dit le plus grand bien), on se retrouve tous raides bourrés déglingués, du genre à ne plus savoir comment on s’appelle ni combien font 2+2.
Évidemment, devant notre état pire que douteux, on fait exactement ce qu’il ne faut pas faire, à savoir continuer à picoler. Pire que tout, on s’enfile du RHUM, à savoir un des rares alcools à me casser en deux encore plus rapidement qu’une rediffusion de septembre 1992 de La Chance aux chansons un dimanche après-midi pluvieux à Dancourt-Popincourt.
En revanche, ce qu’il faut savoir, c’est que le rhum rend mon mec du moment complètement dingue du cul, lui qui est plutôt taciturne du zboub en temps normal.
Ma réaction devant la perspective d’une fête à la saucisse dans les règles de l’art.
C’est à ce moment que les choses deviennent vraiment drôles : on rentre en zigzagant comme des crétins, avant de nous péter la gueule dans les escaliers et de les monter en rampant — heureusement qu’il habitait au premier, on aurait jamais atteint son appart’ sinon. Arrivés chez lui se tient alors un fail en trois actes qui restera je pense dans mes annales personnelles (hoho).
Acte 1 — Au moment de me désaper, de manière sensuelle et sexy (dans ma tête en tout cas), je reste bloquée dans ma robe et me transforme donc en abat-jour grognant pendant une durée de 2 minutes 37. Ambiance pétales de rose et Marvin Gaye, à peu près.
Acte 2 — En voulant rouler dans le lit comme dans les comédies romantiques venant des zétazunis, je me suis pété la gueule de manière artistique, genre triple salto arrière avec réception parfaite sur le côté.
Sans déconner, 10/10, le jury composé de moi-même est unanime mais la sentence est irrévocable : sur le coup et grâce à mon taux d’alcoolémie plus qu’élevé ça m’a juste fait rire, mais le lendemain j’avais une bosse de la taille d’une orange et toute la palette de couleurs de Paint sur la cuisse, ce qui n’arrangeait étrangement pas mon physique, toujours un brin disgracieux.
Un peu comme ça, voilà.
Acte 3 — Mon mec, qui je le rappelle était complètement déglingué au rhum et dégageait donc une subtile odeur d’alcool des îles, a soudainement cédé à l”appel des bras de Morphée, ce gros bâtard (Morphée, pas mon mec, dites, un peu de respect).
Oui,
il s’est endormi en pleine partie de papa-dans-maman : niveau soufflé qui retombe à la vitesse de la lumière on ne m’avait pas encore fait mieux.
Tu m’étonnes Simone.
En résumé, je me retrouve donc avec un bestiau de 85 kilos de viande saoûle et ronflante posé sur mon dehors, son kiki bien planqué dans mon dedans, tandis que résonnent les accords de Du rhum des femmes et de la bière nom de Dieu dans mon cerveau atrophié.
Je ne sais toujours pas aujourd’hui si cette hallucination était dûe à la raréfaction de l’oxygène ou aux vapeurs de rhum s’échappant délicatement de mon pirate endormi : le mystère reste entier.
Bon alors je te rassure, il s’est quand même très vite réveillé et on a beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP ri avec cette histoire. J’ai tendance à penser que ce genre de ratés fait complètement partie de la sexualité et qu’il faut apprendre à dédramatiser nos fails et autres pets de foune impromptus.
Imagine, si on niquait tous comme des acteurs d’Hollywood avec le drap judicieusement posé sur la taille, le brushing en place et sans une goutte de sueur se frayant malicieusement un chemin vers nos SIF*, on se ferait quand même bien chier.
Toujours est-il que la prochaine fois que tu auras l’occasion de coucher avec un mec ou une fille ayant abusé de la bouteille, mets-toi au dessus, c’est plus sûr. Bisous avinés.
* Sillon Inter-Fessier
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