Je me suis sentie prête assez jeune à avoir des rapports sexuels. Plus que prête : j’en avais super envie. À partir de, disons grand max 13 ans, je VOULAIS avoir des relations sexuelles. J’en crevais du slip et les mots me manquent pour expliquer à quel point j’étais une boule d’hormones.
J’aurais largement pu sauter le pas très jeune, par pure envie, mais il me manquait un élément crucial : quelqu’un qui veuille bien de moi, et dont je voudrais bien en retour. Le problème, c’est qu’à cette époque, « on ne se bousculait pas aux portillons de ma shneck » apparaît comme un euphémisme énorme. Je ne plaisais pas.
Parce que je ne me trouvais pas jolie, et que manquer de confiance en soi n’aide pas forcément à donner envie à d’autres de leur plaire. Et puis aussi parce que j’avais un humour un peu particulier, qui serait peut-être très bien passé si j’avais eu un physique correspondant aux goûts des autres… mais j’sais pas, j’veux pas avoir l’air amer, t’as cru que j’étais une endive ?
Ceci n’est pas moi.
Mais bon, de toute façon, j’étais super timide, de type maladivement, alors ça ne m’aidait pas à choper. En vrai, je crois qu’il faut se rendre à l’évidence : entre mon mal-être évident, mon corps qui ne me convenait pas, mon visage que je détestais et tentais de cacher devant mes trop nombreux cheveux trop longs et mal coiffés, et le fait que je ne parlais jamais, sauf pour faire des blagues qui ne venaient de nulle part, j’étais pas craquante comme une bonne vieille chips, hein.
Je plaisais pas, quoi.
La frustration s’est accentuée quand, à l’âge de 14 ans, ma meilleure pote est, comme qui dirait, « passée à la casserole ». J’étais en troisième et je me disais « ÇA SUFFIT MAINTENANT, FAUT QUE CE CALVAIRE SE TERMINE VITE ».
Ça n’a pas été le cas. Quatre années sont passées entre le moment où j’ai été déterminée à forniquer et le moment où je l’ai effectivement fait. Je comptais beaucoup sur le lycée, en me disant que j’allais forcément rencontrer des gens à mon goût, et que j’allais être au leur. Le problème, c’est que changer d’établissement ne signifie pas forcément changer la case dans laquelle on vous a mise : beaucoup trop de gens qui connaissaient la moi du collège étaient dans le même lycée que moi et m’empêchaient inconsciemment de montrer d’autres aspects de ma personnalité que « la meuf moche qui fait des bides ».
Au lycée non plus, je n’ai pas plu.
Et puis je suis arrivée à la fac où personne ne me connaissait. J’ai commencé à apprendre à jouer avec mes regards, mes vannes nulles et mon panel de sourires à disposition… et ça a marché. J’ai commencé à plaire et j’ai compris que ma frustration allait être comblée (un peu comme ma chatte). Je n’ai pas voulu perdre de temps et j’avais fait un choix depuis longtemps : celui de préférer l’idée de perdre ma virginité avec quelqu’un dont je n’étais pas amoureuse, de peur d’avoir à subir le jugement, voire de faire fuir, un mec dont j’étais amoureuse en lui annonçant que je ne l’avais jamais fait.
Bon, il se trouve qu’avec le recul, tomber amoureuse d’un garçon du genre à fuir en apprenant que sa meuf est vierge, c’est tomber amoureuse d’un con. Mais à l’époque, j’avais pas assez de recul pour le comprendre.
Il se trouve que je m’étais fait des potes très vite dans la fac, à commencer par une qui vivait en coloc avec plusieurs garçons. Attirée par les mecs, j’ai évidemment sauté sur la première invitation qu’elle m’a lancée pour une soirée chez elle. Banco : j’ai plu à l’un d’entre eux, comme j’en ai eu la confirmation le lendemain.
Je me suis alors mis en tête de forniquer très vite avec ce garçon, « pour que ce soit fait ». Pourquoi lui ? Parce qu’il avait l’air de bien vouloir copuler avec moi, et il ne me déplaisait pas à 100%. Tout simplement. Pas de considération romantique, même pas une attirance physique, rien. Juste l’envie de pouvoir rayer ça sur ma to-do list.
Une semaine plus tard, il me ramenait en voiture et on s’embrassait devant chez moi. J’avais vraiment pas envie de lui, j’aimais vraiment pas beaucoup ce baiser, je détestais son parfum et, bon, j’avais hâte qu’il éloigne sa bouche de la mienne. Je ne lui ai pas proposé de monter dans mon studio, j’ai préféré rentrer seule et réfléchir. La conclusion de cette méditation avec moi-même, ça a été que j’allais le voir une seconde fois pour qu’on fasse ce qu’on avait en faire tout nu, et puis basta.
Moi jouant avec mes regards à la fac.
Bon, en fait, la seconde fois où on s’est vus, il m’a emmené au cinéma et j’avais trouvé le film beaucoup trop humour de retraités pour avoir le conduit génital ne serait-ce qu’un peu humidifié, alors j’ai attendu le troisième rendez-vous. Tsais, c’est comme regarder une toile cirée avec des cors de chasse dessinés dessus : ça donne moyennement envie de s’allonger dessus et de crier « PRENDS-MOI GRAND FOU ». Sauf si c’est ça ton kif. Je juge pas.
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Ce jour-là, le grand jour, je me souviens que j’avais fini les cours à 18h et que j’étais rentrée très vite pour me passer un coup de gant sur les escalopes (c’est comme ça que j’appelle mes grandes lèvres, car je suis quelqu’un de très classe). Il est arrivé à, mettons, 21h01, et à 21h01, j’étais déjà en train de le déshabiller. À 21h03, j’ai tenté maladroitement de le préliminariser en jouant un peu avec son chibre, mais comme j’avais envie que ce soit vite fait, je me suis surtout assurée qu’il avait l’intérieur du slip dur. À 21h10, après l’avoir regardé enfiler un préservatif, je le laissais entrer en moi.
Je n’ai pas ressenti grand-chose, et j’étais toute ankylosée à essayer de mettre mon nez le plus loin possible de son cou, parce que son parfum me filait vraiment la gerbe. Je n’ai pas eu particulièrement mal, juste un peu. En réalité, ce qui m’a le plus marquée, c’est les efforts que je faisais pour ne pas regarder la télé que j’avais par mégarde laissée allumée et qui diffusait un épisode d‘Envoyé Spécial sur les supermarchés.
J’ai fait comme dans les films : j’ai un peu griffé gentiment, j’ai un peu mordu, un peu respiré fort. Au bout d’un moment, il est sorti, et je me souviens juste que j’avais faim, alors j’ai fait réchauffer une pizza au micro-ondes. J’avais vaguement les jambes qui tremblent, c’est tout.
On n’a pas cherché à se revoir, ni l’un, ni l’autre. Je sais que ce n’était pas sa première fois, il savait que c’était la mienne et lui a eu l’air de m’envoyer des textos pour prendre de mes nouvelles simplement parce qu’il était au courant qu’il était mon premier. Une sorte de service après-vente, quoi. Mais j’avais été une étoile de mer, je n’avais pas servi à grand chose dans l’acte, je savais que, du coup, je lui plaisais beaucoup moins alors je n’ai pas vraiment eu de scrupule à couper les ponts rapidement.
C’était nul, je n’ai ressenti aucun plaisir et je ne ressentais pas d’attachement pour le garçon avec qui je le faisais, certes. Mais c’était fait. Et c’était fait comme je souhaitais que ce soit fait. Chaque fois que je relate cette histoire, il y a toujours quelqu’un pour me regarder avec un peu de tristesse dans le regard, voire des gens qui expriment clairement leur pitié à mon égard.
Mais eh, EH ! C’est moi qui ai voulu que ça se passe comme ça. C’est moi qui ai décidé que je prendrais le premier garçon qui voulait bien de moi et qui me respectait suffisamment pour que j’ai « envie » de coucher avec lui. C’est moi, et personne d’autre. Si j’avais l’occasion de revenir en arrière, je ferais tout exactement de la même façon.
Si j’ai choisi de prendre la parole aujourd’hui et de vous dire ce qu’il s’est passé, c’est parce que j’en ai marre que les gens me regardent tout attristés quand je raconte ma première fois. Si c’était nul ? Oui, c’était nul. C’était nul à chier, et je me permets de le dire parce que c’est ma faute dans le sens où je n’avais même pas envie de faire semblant de faire l’effort d’avoir du vrai désir.
Mais en aucun cas je ne regrette de l’avoir fait ce soir-là, avec lui.
Alors le prochain ou la prochaine qui a l’air désolé•e pour moi quand je lui raconte ma première fois, je l’envoie péter par le cul : c’est moi qui l’ai choisie, c’est celle que j’ai voulue. Je ne juge pas les gens qui sacralisent la première fois où ils ont un rapport sexuel : pourquoi s’inquiéter pour les gens qui s’en foutent ?
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Les madz, si vous n'aimez pas tout ce qui est pénétration vaginale et/ou si ça vous fait mal, vous pouvez ne juste pas la pratiquer ! Le rapport sexuel ne se limite pas à ça et le plaisir féminin passe souvent par autre chose.
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