La première fois, au cinéma et dans les séries, ça te vend du glamour comme c’est pas permis. Des pétales de roses rouges en veux-tu en voilà, des bougies si délicates et élégantes, dont tu devines le parfum suave.
Alors que bon, dans la vraie vie, pour moi roses + bougies, ça rime avec risque d’incendie.
Pièce à conviction numéro 1
Moi, ce romantisme mis en scène, ça ne m’a jamais, mais alors jamais excité le frifri. Et l’idée de faire tout un plat (gourmet aux chandelles) de « ma première fois » m’était plus repoussante qu’une mygale velue.
Arriva un moment où je fus suprêmement lassée des romances adolescentes. Il était grand temps d’enfourcher la bécane sans les petites roues qui stabilisent (cette comparaison foireuse prendra toute sa saveur par la suite, soyez patients mes poulets).
À l’instar des princesses Disney qui rêvent toutes de l’homme parfait, de toutes ces héroïnes / loseuses des comédies romantiques à la recherche de « the one », je me réservais moi aussi pour l’élu. C’est juste que j’avais pas les mêmes critères.
Déjà, j’aime pas les chevaux, alors les fougueux destriers, on oublie. Je déteste les roses rouges, et les bougies m’évoquent davantage une panne d’électricité qu’une soirée coquine, mais bon, ça, j’imagine que chacun ses traumatismes d’enfance, hein.
Désolée les gars. C’est mort.
Il me fallut attendre l’université et la diversité de spécimens qu’elle offre pour enfin trouver chaussure à mon pied pénis à mon vagin.
Je fis enfin une rencontre déterminante : un BCBG charismatique, qui sous ses airs de gendre idéal avait tout du coureur de jupons. Je l’avais d’ailleurs instantanément surnommé Casanova, mais dans ma tête uniquement, et heureusement : je découvris rapidement que son ego n’avait nullement besoin de flatteries, il s’en chargeait lui-même. Mais patience, tu vas comprendre ces références énigmatiques… Patience… (oui, d’ailleurs, es-tu patiente ? Mais je m’égare.)
Il était un peu sûr de lui.
Casanova avait tout de même un inconvénient majeur : je ne supportais guère sa compagnie. Non enfin je veux dire, physiquement, c’était mon genre, mais intellectuellement, vraiment pas. « Qu’à cela ne tienne », me suis-je alors dit, on va oublier le dîner et passer directement au dessert. (je désapprouve ce cliché).
« T’es mignon, mais tu me saoules. Comme ce vin, en fait. »
Il me fallait prendre les devants et me montrer plus directive :
Là au moins, c’était clair.
La soirée la plus glamour de ma vie
C’est pas parce que je ne crois pas aux princes charmants sur leurs blancs destriers que je ne tenais pas un minimum à marquer le coup. Rien que pour toi, voici en exclusivité mondiale sur madmoiZelle, le récit de ma première fois, tout en glamour (LOL, NON !)
Pour cette soirée, je voulais m’habiller sexy. Problème : je ne possédais rien qui soit un tant soit peu « sexy ». C’était juste pas mon style. Il a fallu tout emprunter : jupe courte (les miennes tombaient aux chevilles), rouge à lèvres (parce que mon brillant à lèvres goût malabar faisait vraiment cheap) et bien entendu, des chaussures à talons.
Le résultat de ma transformation « sexy » (à peu près).
Avant de rejoindre Casanova dans un bar du centre-ville, j’avais décidé de boire une coupe de champagne avec ma colocataire, car c’est à elle que j’avais emprunté 80% de ma tenue + accessoires. Elle faisait deux bonnes pointures de plus que moi, mais quelques boules de cotons dans la pointe des chaussures faisaient parfaitement l’affaire !
Comment je m’imagine en talons
Ma véritable démarche en talons aiguilles.
Bon et pis on était étudiantes, hein, donc à la place du champagne, j’ai plutôt acheté du crémant. (NB : tout oenologue qui se respecte te dira qu’il vaut mieux boire un bon crémant qu’un mauvais champagne.)
À la tienne, Léo.
À Paris, à vélo, on se ramasse au feu rouge
Au palmarès des idées qui ont l’air bonnes mais qu’en fait, t’aurais plutôt dû éviter, la décision d’aller à mon rendez-vous à vélo flanquée d’une minijupe et de chaussures à talons aiguilles trop grandes pour moi arrive en pole-position.
Comment je m’imaginais, fièrement juchée sur mon vélo
Aussi à l’aise qu’une touriste sur le dos d’un dromadaire, je suis partie à l’assaut du bitume juchée sur mon fougueux destrier mon B’Twin de chez Décathlon. Et ce qui devait arriver… arriva.
À mi-parcours environ, je marque l’arrêt au feu rouge, mais je manque l’atterrissage : ma cheville se tord vers l’intérieur, et pour absorber la déformation, je perds l’équilibre et m’étale sur le côté. Ni une ni deux, je me relève, comme si de rien n’était (mais j’ai quand même flashé toute la rue sur ma gauche.)
Oui, voilà, comme ça, en fait.
Un passant me regarde en ricanant. Je compose aussitôt une expression de confiance absolue en mode « vous avez rêvé cher monsieur, il ne s’est rien passé. Absolument rien. Voilà ».
La réaction du passant taquin.
Moralité : les talons aiguilles, c’est de la merde. (Et c’est surtout une idée de merde quand on se déplace à vélo. Surtout si on a bu de l’alcool avant.)
La vérité sur les talons : c’est une invention des hommes pour que les fesses des femmes aient l’air plus petites. Et les empêcher de s’échapper en courant.
Le reste du trajet se déroula sans encombres (ignorons évidemment les trolls-harceleurs de rue, rendus fous par une mini-jupe à vélo).
Je rejoins donc Casanova dans le bar comme prévu. Il me paie un verre, j’accepte, mais je ne le finirai point : pendant que je bois, il parle, et vraiment, comment le formuler poliment ? Je le trouve plus attirant quand il se tait !
Il m’emmène dans un charmant petit appartement à deux pas du bar. Très charmant. Trop charmant pour être un appartement de mec (non mais sans préjugés, quoi, de tels efforts au niveau de la déco, c’était suspect). Effectivement, c’était l’appart « d’une de mes ex, qui me laisse l’utiliser quand elle est en déplacement ».
CLASSE. LA GARÇONNIÈRE QUOI ! Mais au fond, sa désinvolture me rassure. Jusqu’au bout, j’aurais redouté les roses rouges et les bougies. Et je comprends que sous ses airs de macho-qui-prend-les-rênes, il m’a écoutée. C’est MON plan de soirée qui l’a emporté sur ses propositions de dîner aux chandelles.
Le Membre Généreux
Et nous forniquâmes. Sans histoire, sans anecdote croustillante, rien à signaler. Désolée ! Monsieur savait ce qu’il faisait et savait pertinemment que moi, je n’en avais aucune idée, nous étions donc sur la même longueur d’onde. Tout ceci est resté très classique, j’ai le regret de t’annoncer qu’aucune position exotique ne fut tentée.
Tout était au mieux dans le meilleur des mondes possibles jusqu’à ce moment de « l’après ». T’as remarqué que dans les films, on nous montre rarement le « juste après » (sauf si c’est pour y montrer une gaffe ou un drame) ? Parmi ces illusions entretenues par Hollywood, il y a aussi le fait de passer sous silence LA GÊNE DU RHABILLAGE. Parlons-en.
Et pourtant, ça aurait pu très bien se passer : Casanova n’était pas du genre gêné, je n’ai pratiquement aucune pudeur moi-même, tout aurait pu se dérouler sans encombre et j’aurais (presque) pu raconter une version conte de fées de cette histoire à mes petits enfants.
Mais c’était sans compter sur l’ego de Casanova. Il y avait pourtant eu des signes avant-coureurs. J’avais fui la conversation lorsqu’il virait dans le narcissisme. Mais cette fois-ci, pas d’échappatoire. Je fus prise de court. (non ce n’est pas un jeu de mot moisi.)
Car Casanova, s’enquérant aimablement de mon état, a lâché une bombe.
– Ça vaaa ? – Oui oui c’était super ! – Nan mais… vraiment ? Ça va ? T’es sûre ? – Bah… oui. Vraiment ! Oui ! – Je te demande, parce que c’est vrai que je suis plutôt bien monté, j’ai le membre généreux, donc parfois les filles ont mal.
Je te laisse le temps d’apprécier cette phrase dans son contexte.
Comment réagir ?
Ne pas rire. À tout prix, éviter d’éclater de rire. Je me suis soudain affairée à mettre mon pull, et prenant soin d’y étouffer mon rire.
Je suis passée par tous les stades.
D’abord j’étais en mode « heeeiiiiinn pardooon »
Ensuite j’étais « mais… non mais sérieusement ? »
« Ah…Mais sérieusement, donc ? »
AHAH. MALAISE !
Mec, mais t’es sérieux ? J’ai quand même pas été avare de compliments, au point que tu te sentes obligé de me tendre une telle perche (JEUDEMOTS). Tu savais que c’était ma première fois, sur quelle échelle de comparaison attendais-tu que je t’exprime mon opinion ? Et puis non, mais SÉRIEUSEMENT ?!
Oui, sérieusement.
Heureusement, je n’étais pas « garée » loin. J’ai réussi à me retenir de rire le temps qu’on sorte de l’appartement, et que nos chemins se séparent. Monsieur s’inquiétait de savoir si j’allais pouvoir remonter sur mon vélo, rapport aux hypothétiques « dommages » infligés par son « membre généreux ».
Casanova si tu me lis, sache que je ne suis pas rancunière. Le fou rire que tu m’as refilé valait mieux qu’un orgasme. Donc oui, je confirme : ton « membre généreux » est bel et bien un instrument de plaisir. Peut-être pas dans le sens auquel tu y faisais référence, mais c’est déjà bien, tu sais.
Le jour d’après
Le lendemain matin, je fus réveillée par une douleur lancinante. Le mal. La souffrance. Après un rapide examen de mon anatomie, je découvris sans peine la source du traumatisme. Ma cheville gauche était devenue violette et avait triplé de volume.
Tiens donc. J’eus le soudain souvenir d’un feu rouge, quelque part au centre de la ville. Une sombre histoire de chute en talons aiguilles. Ah oui, je l’avais oublié celle-là.
Bilan de « ma première fois » : une chute à vélo, un fou rire et une entorse. J’ai placé la barre très haut.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
:worthyour la référence (et oui je veux aussi une réponse :shifty
Mais c'est vrai qu'il y avait un peu trop de gif, mais jerry à la fin (je l'attendais encore plus en repensant à l'ancien article de la soupape )