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C’est à croire que j’avais pas de bol en 2010. Je sortais d’une relation très peu concluante avec un garçon tellement farouche qu’il faisait des crises d’angoisses dès qu’il poussait la porte pour sortir de chez sa mère. Tu dois t’en douter, je ne te ferai pas de dessin : au lit c’était nul.
Je suis donc passée à autre chose plus vite qu’il ne faut de temps pour ouvrir une boîte de raviolis. S’est alors profilée devant moi une nouvelle conquête, bien plus plaisante et beaucoup moins enracinée dans le cocon familial. Ouf.
Marcel (appelons-le Marcel) était un grand brun ténébreux au sourcil dense et au corps flexible — un peu comme Peter l’Anguille, mais pas complètement. Il avait la cote, il avait la classe. Je n’étais pas peu fière d’avoir été son alien et lui mon grappin.
Il s’avère que sous la couette Marcel faisait plutôt l’affaire. Je remerciais alors tous les dieux et déesses du kamasutra, du tantra, des chakras et tout un tas d’autres trucs en « a ».
Mais Marcel avait son estime, une jolie image de prince charmant à lustrer. Il faisait autant attention à la rectitude de sa mèche qu’à la moiteur optimale de mon slip. Jusqu’au jour où il perdit le contrôle de lui-même. Ce fut terrible, une image gravée dans ma mémoire, pour des siècles et des siècles. Laisse-moi te conter l’histoire de la soupape de décompression …
Attendre, et voir venir (ou pas)
Il était sans doute tard. Nous rentrions sûrement d’une autre folle soirée passée à boire de la Kasteel Rouge dans les bars. Mais la nuit n’était pas finie, pas encore.
Ok. C’est parti.
J’ai toujours eu comme ligne de conduite «
sans préliminaire, j’ferai l’étoile de mer ». Comme tu l’as compris, je préfère les longues nuits culs nus sous la pleine lune que le petit coup pendant la pause café — après tout est relatif, mais ce n’est pas le sujet.
Je partageais cet adage avec Marcel qui, fort de sa réputation et de sa confiance en lui, ne faiblissait pas afin de trouver toute sorte de nouvelles choses à placer sur une échelle allant de « plutôt séduisante » à « totalement what the fuck ». Malheureusement ce n’était pas le cas de cette fameuse soirée. Après quelques baisers collants nous voilà aussi dévêtus que des rats-taupes nus. Et ça a commencé.
1 + 1 = 69
Cette fois-là Marcel n’était pas jouasse au point de tester la chevauchée de la brasse coulée reversée foudroyante. On s’est donc tournés vers un basique simple mais efficace : le soixante-neuf.
Cette position, certes fort peu accommodante, est une manière de partager un moment de plaisir intense qui se conjugue à deux. Alors que c’est la fête à Popol, Frifri n’est pas en reste. Tout le monde est gagnant, y a pas de perdant — un peu comme à la fête foraine mais sans la peluche à la fin. Cette fois-ci, Marcel a décidé de se placer sur moi. Ça commençait et c’était cool.
« Le poète est celui qui voit le drame et la comédie » (Jules Renard)
J’aurais pu écrire un bon paquet de proses sur ce qui s’est passé ensuite.
La position et la situation mettaient tout en oeuvre pour nous rapprocher. Un peu trop. En effet, mon visage devait être à moins de deux centimètres de LA zone quand ce qui ne devait pas arriver, arriva :
Prout.
Marcel. M’a. Lâché. Une. Caisse. Dessus.
Et quand je dis dessus, je veux dire à un endroit entre mes yeux, mon nez et ma bouche. Tout ça à une distance beaucoup, beaucoup, beaucoup trop courte.
Forcément sur le coup on ne sait pas vraiment comment réagir : faut-il rire, au risque de froisser gravement le premier concerné ? Faut-il faire comme si rien ne s’était passé et continuer la besogne tranquillou ? Faut-il déguerpir devant le risque de faire face à une autre bourrasque ?
Personnellement j’ai choisi la première solution. Marcel s’est effondré sur le côté puis recroquevillé comme un foetus, la tête entre les mains, en implorant pardon. Je me suis sentie tellement mal pour lui. Mais bon, j’ai trouvé ça bien plus hilarant que dégueulasse, alors je l’ai rassuré.
J’ai été à bout de son malaise à coups de « tu sais, c’est naturel d’avoir des gaz parfois ». Et puis on a tenté d’oublier. Parce que, bien sûr, le traumatisme était encore là. Ça nous a fait bien marrer pendant un temps. Après Marcel est devenu couillon, nos chemins se sont séparés et j’ai rencontré un homme au colon solide avec qui c’est pas du vent (lolilol).
Aujourd’hui Marcel fête son anniversaire, et comme tous les ans ça me démange :
« Bon anniversaiiiiiire Marcel ! Fête bien ça et surtout n’oublie pas : aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre de pets. »
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Les Commentaires
D'ailleurs ça m'a immédiatement fait penser à cette image... :