Je vous en parlais il y a presque un an maintenant, lorsque la BBC venait de dévoiler la première bande-annonce. Aujourd’hui, les sept épisodes sont tous sortis, et je suis au regret de vous apprendre que, malgré son succès outre-Manche, la minisérie Jonathan Strange & Mr. Norrell n’a pas fait grand bruit en France. Ou en tout cas, clairement pas assez.
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Pourtant, les premières images étaient prometteuses — sans parler du résumé, qui réunissait tous les éléments-clés d’une bonne histoire de fantasy tout en se démarquant sensiblement. Enfin, la série n’est autre que l’adaptation sur petit écran du roman éponyme de Susanna Clarke, best-seller et référence littéraire de l’imaginaire. Avouez qu’on partait bien.
Du coup, je terminerais bien par « mais qu’est-ce que vous attendez ?! », mais je sens qu’il va falloir argumenter. Alors soit. Argumentons.
Jonathan Strange et Mr. Norrell, gentlemen magiciens
Tout commence dans une Angleterre alternative du début du 19ème siècle, en pleines guerres napoléoniennes. Sur ce point, on ne voit pas trop ce que cette version a d’alternative… Jusqu’à ce que le jeune Mr Segundus ose demander, à l’occasion d’un rassemblement de la Société des Magiciens, pourquoi l’on ne pratique plus la magie en Angleterre.
Et pour cause : les membres de la Société des Magiciens sont des gentlemen, des érudits qui jouissent d’une excellente réputation. Bref, des personnes respectables étudiant la magie. Car on ne « pratique » pas la magie — c’est d’un vulgaire ! Demandez-vous à un astronome de créer des étoiles ?
Enfin, c’est bien joli, mais la véritable raison à ce manque de pratique est toute autre : voici près d’un siècle, depuis la disparition du Roi Corbeau, qu’il n’y a plus de magie en Angleterre. Bon. Belle ambiance pour une série de fantasy, hein ? Mais rassurez-vous, c’est sans compter sur la prophétie baragouinée par un fou, qui annonce l’arrivée de deux magiciens entre autres mauvais présages obscurs.
Quand soudain, un homme répondant au nom de John Childermass se présente au nom de son maître, Mr Norrell, pour porter la preuve que ce dernier pratique la magie et saura la rendre respectable. Et c’est vrai : tout ira bien, tant qu’il demeurera le seul magicien d’Angleterre.
Du roman à la minisérie : une adaptation réussie pour la BBC
Jonathan Strange & Mr. Norrell n’était pas exactement le livre de fantasy le plus facile à adapter en série télé. À la fois gorgé de détails et de notes de bas de page à la Terry Pratchett, et écrit comme un roman victorien, sa façon d’aborder la magie et l’affrontement de deux magiciens n’a rien à voir avec le clash entre Gandalf et Saroumane… Mais il n’en reste pas moins épique que s’il avait (en plus) des dragons.
Bref, tout est dans le style et la complexité de son intrigue, qui rend proprement fascinant ce tournant imaginaire de notre Histoire. Une adaptation sur petit écran devant, par définition, s’appuyer davantage sur le visuel, le pari était risqué.
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Eh bien je dirais que le pari est gagné. Certes, le ton n’est pas tout à fait le même, et de nombreux détails ont dû sauter pour permettre à la minisérie de garder un bon rythme sur (seulement) sept épisodes. Les amoureux•ses du livre regretteront peut-être les ellipses temporelles, et l’avancée plus rapide des intrigues secondaires dans le but de pourvoir à la principale…
Néanmoins, malgré des débuts un peu lents, je pense qu’ils y retrouveront le côté captivant de l’histoire, et leurs personnages préférés portés par d’excellents acteurs. Mention spéciale pour Eddie Marsan, qui rend Gilbert Norrell tour à tour adorable et détestable… Ce qu’apprécieront également les novices, en plus de l’esthétique léchée et l’atmosphère si particulière de la série.
En somme, décidez de lancer le premier épisode « juste pour voir », et vous finirez par binge-watcher jusqu’au bout de la nuit, avant de hurler lorsque vous vous rendrez compte que c’est fini. La BBC en est tout de même à envisager une seconde saison, alors qu’il n’y a pas de second livre. C’est ce qu’on appelle « faire une Game of Thrones », et c’est une certaine preuve de succès…
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Les Commentaires
Je n'en suis qu'au 4ème épisode et c'est l'amour fou pour cet univers, cette esthétique, absolument tout ! Merci pour cet article. J'ai envie d'aller voir tout le monde en criant jusqu'à ce qu'ils la voient.