« Notre sujet ce soir est Donald Trump. Nous aussi, on a du mal à y croire. »
C’est sur ces mots que John Oliver a ouvert le Last Week Tonight du 28 février. Si le chroniqueur politique star d’HBO n’avait pas déjà tiré le portrait du candidat républicain, il y a avait une bonne raison à cela, évacuée d’entrée :
« Donald Trump est un vilain grain de beauté sur le dos de l’Amérique. Il avait peut-être l’air inoffensif il y a un an, mais il a pris des proportions inquiétantes : désormais, il n’est plus du tout sage de l’ignorer »
Ignorer le problème était effectivement une bonne stratégie, jusqu’à ce que « le problème » devienne incontournable. La comparaison entre le business man républicain et un cancer peut paraître exagérée, mais le danger que représenterait Donald Trump à la tête des États-Unis est hautement sous-estimé. Et ce qui commence à être sérieusement préoccupant, c’est que sa popularité ne flanche pas d’un pourcentage dans les enquêtes d’opinion.
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Il multiplie les interventions contradictoires, les paroles outrancières, les discours provocateurs, et ça marche pour lui : il a déjà remporté trois États, et obtenu le soutien d’autres candidats républicains. Bref, comme le pointe très sérieusement John Oliver, tous les hommes politiques qui avaient la majorité des États dans la poche au moment du « Super Tuesday » ont fini par suivre LE candidat du parti républicain à l’élection présidentielle.
Ce moment où tu réalises que le mec au toupet pourrait devenir Président des États-Unis
En d’autres termes : vous vous souvenez de Georges W. Bush, déprimant de bêtise ? Donald Trump, c’est pire. HugoDécrypte en avait fait un décryptage en 5 minutes.
https://youtu.be/dse-nQ46YEQ
La vérité selon Trump
Il ne s’agit pas d’insulter les millions de partisans de Donald Trump : John Oliver l’admet d’entrée, cet homme est séduisant, d’un point de vue politique. Il se présente comme un entrepreneur accompli, très franc, qui donne le fond de sa pensée et « dit les choses comme elles sont », selon les personnes interrogées par les médias.
Oui, mais… Est-ce qu’il présente vraiment « les choses comme elles sont », ou comme ça l’arrange lui ? Est-il vraiment un chef d’entreprise extrêmement doué pour réussir, ainsi que son image le suggère ?
John Oliver et son équipe sont allés gratter le vernis et refaire le portrait de Donald Trump… ce qui n’est pas sans risque, tant le candidat républicain a la gâchette facile quand il s’agit de menacer d’un procès. Mais il en faut plus pour impressionner le plus British des new-yorkais, qui livre une nouvelle fois un commentaire critique acide, ponctué de blagues bien envoyées.
Un éléphant, ça Trump énormément*
*trop fière d’avoir trouvé ce jeu de mot avec l’emblème du parti républicain, j’ai déchanté en réalisant qu’il avait déjà été fait, notamment par l’auteur de cet article publié sur le Huffington Post.
Donald Trump n’est pas le business-messie de l’Amérique : c’est un héritier, très très très riche héritier, qui a fait de son nom une marque.
C’est peut-être un génie du marketing, mais pas de la finance ni de l’entreprise. Se lancer dans les prêts immobiliers à la veille de la crise des subprimes, au moment où les plus fins limiers sentaient déjà le vent tourner, ce n’est pas un signe d’intelligence économique ! De même, ses déboires d’investissements coûtent chers à ceux qui misaient sur le nom Trump comme une marque de confiance.
Le milliardaire, lui, s’en tire toujours.
« Il dit les choses comme elles sont »… c’est bien ce qu’il arrive à faire croire, mais une fois encore, comme le démontre John Oliver, il dit surtout les choses, point. Il ne semble pas se demander si ses paroles sont véridiques ou non : la vérité existe dans un univers parallèle au sien.
Tel ce lémurien et sa banane, Donald Trump et la réalité des faits vivent dans un univers parallèle
Donald Drumpf, pour la lose !
Le plus préoccupant dans cette histoire, c’est que Donald Trump peut tenir les propos les plus choquants du monde, se moquer d’un journaliste handicapé (fait), ne pas condamner un leader suprémaciste blanc (fait aussi), annoncer vouloir faire un construire un mur à la frontière avec le Mexique, payé par les Mexicains (fait également)… rien ne semble attaquer son ascension.
Une situation dramatique, brillamment parodiée dans un sketch chez Jimmy Kimmel.
Mais ce genre d’humour serait bien plus drôle si le candidat républicain ne représentait pas une menace de plus en plus sérieuse. Cependant, John Oliver semble avoir trouvé une faille dans la marque en or du Donald Trump. Puisque le milliardaire accorde autant de valeur à son nom, Last Week Tonight a « audité » ce capital.
Il s’avère qu’un ancêtre de notre ami (non) Donald a changé son patronyme, de « Drumpf » en « Trump ». Et tout de suite, c’est un peu moins glamour ! C’est un peu la différence entre « Johnny Cash » et « Johnny Bof ». L’un des deux est plus « vendeur » que l’autre, vous voyez.
C’est pourquoi John Oliver lance #MakeDonaldDrumpfAgain sur les réseaux sociaux. Ça fera peut-être pas pencher la primaire républicaine, mais ça défoule.
« Great again », John Oliver, toujours au top.
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Les Commentaires
Au début de la campagne je faisais cette remarque "Oui enfin Trump président tu imagines le conseil de sécurité de l'ONU? Trump, Poutin, Xi Jinping, Marine Le Pen et Cameron?" en rigolant, je rigole plus en ce moment...