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Travail

J’ai testé pour vous… être charcutière en supermarché le temps d’un été

Une madmoiZelle raconte son job d’été au service charcuterie d’un supermarché. Elle vous explique ses journées et vous donne des conseils, si jamais vous aimeriez vous aussi tenter l’expérience.

Étant étudiante à l’université, j’ai eu trois mois et demi de vacances. J’ai souhaité mettre ce temps à profit afin de gagner un peu d’argent pour financer mon permis de conduire.

C’est pour cette raison que je me suis lancée à corps perdu dans l’envoi de CV et de lettres de motivation dans les commerces à côté de chez moi. La seule réponse que j’ai reçue fut celle d’un supermarché de la ville voisine.

J’ai finalement eu un entretien avec le DRH du magasin. J’ai dû raconter ma vie scolaire et mes déboires sur APB. Durant tout le reste du rendez-vous, je hochais la tête pour montrer l’intérêt face aux offres d’emploi qu’il me proposait.

Après une longue attente de plusieurs mois (je pensais que les responsables m’avaient oubliée), on m’a proposé un CDD en charcuterie traditionnelle.

Bingo !!! Premier job d’été !!! C’est parti pour un mois de travail intense.

Mon premier jour derrière le comptoir

  • 7H45

J’arrive au supermarché pour signer mon contrat. Le magasin ouvre à 8h30, tout le monde court parce qu’on est jeudi, le jour des plus grosses livraisons.

Je suis reçue par le chef des rayons produits frais (et ouais ma gueule). Il me donne un tablier, une veste, des magnifiques chaussures de sécurité (tu sais, celles qui te niquent les gros orteils) et le fameux serre-tête qui fait mal au crane, mais genre vraiment.

Les premiers jours, j’avais l’impression d’avoir la capacité de concentration d’un poisson rouge. J’hésitais, tâtais et stressais.

  • 8H30

Le magasin ouvre et les premiers acheteurs arrivent comme des furies après une demi-heure d’attente. En général, ce sont les clients les plus disponibles.

Alors que tout le monde continue à courir, étant nouvelle je ne comprenais rien et j’étais persuadée d’être un boulet. (Spoiler alerte : NE PANIQUE PAS, ÇA IRA MIEUX DEMAIN.)

Après avoir frotté les vitres énergiquement, on me demande de faire la vaisselle — c’est devenu une véritable passion (enfin au boulot, pas chez moi évidemment).

L’avantage de cette tâche c’est que j’étais tranquille dans mon coin. Les seules personnes qui venaient m’embêter, c’était celles qui allaient à la chambre froide.

Je peux chanter, danser, jouer avec la mousse du liquide vaisselle… Personne ne me voit !

Mais il y a quand même une condition à respecter : faire son travail évidement, sinon c’est cramé. Le seul bémol c’est qu’il fait froid… Les joies du labo ! J’avais la goutte au nez mais j’étais tranquille.

  • 10H00

Le premier rush est passé, je peux aller en pause. Cool tu me diras… Mais bof en vérité. C’est pas comme au lycée ou à la fac quand tu es avec tes potes. Tu vas en pause mais seul•e, roulement oblige. Parfois, j’ai pu m’y retrouver avec quelqu’un mais c’est rare.

Du coup l’ennui est de mise et, pour une hyperactive comme moi, c’est horrible. Au point même que je « raccourcis » mes pauses.

  • 12H00

J’entame la dernière heure de taf. Mes chaussures me font mal, mes genoux se barrent en courant, mon dos est en vrac à cause de la vaisselle et je commence à bailler.

Malgré ça, je considère que ce n’est pas la pire des heures, parce que c’est le moment où il faut attendre le client.

Normalement, je suis censé•e faire le ménage, mais après avoir lavé quatorze fois en même pas un quart d’heure le même plan de travail, c’est probablement le moment d’arrêter…

Alors je me pose derrière le comptoir et j’attends.

Quand il y a des collègues qui te tiennent compagnie, ça va. Quand tu es seule, c’est plus compliqué. Finalement, j’ai pas arrêté de faire des allers-retours en me frottant frénétiquement les gants avant de relaver le plan de travail.

  • 13H00

C’est fini ! En rentrant chez moi, j’étais un vrai zombi. J’ai passé le reste de la journée à traîner dans mon lit en train de regarder des vidéos sur YouTube

Sauf que le lendemain je devais arriver au magasin à 6h00, donc me lever à 4h30 du mat…

Une assurance qui s’amplifie avec le temps

Durant les jours suivants et après quelques nuits où j’ai rêvé de jambon, la balance et moi sommes devenues de plus en plus copine. J’ai aussi pris des habitudes selon le moment de la journée.

MATIN : laver les assiettes à jambon et les barquettes, ouvrir de nouveaux paquets, mise en rayon, vérification des dates, etc.

SOIR : faire la vaisselle, laver les sols, protéger les rayons, etc.

Il faut avouer que ce métier demande beaucoup d’hygiène — c’est même indiqué dans le contrat de travail !

Durant cette période d’apprentissage des différents gestes du métier, je me suis aussi découvert une autre passion : la mise en sachet des poulets ! Oui, je sais, ça paraît futile mais c’est mon petit plaisir quotidien au boulot.

Sentir l’odeur du poulet fraîchement grillé, le peser, plier le sachet et coller l’étiquette.

C’est à partir de ce moment précis que tu dois penser que je suis une folle à lier — en réalité, je suis de nature à m’enthousiasmer pour un rien et toujours à trouver un truc que j’aime.

Un nouvel environnement à maîtriser

Comme avec tout nouveau travail, j’ai dû apprendre les codes à adopter en de bonnes circonstances.

Ainsi, malgré la bonne volonté et la gentillesse de mes collègues, j’ai été jetée dans la fosse aux lions assez rapidement

. C’est-à-dire que mes collègues étaient en repos et que je devais gérer le rayon seule, quelques jours après ma formation.

Comme me le disait une des personnes en contrat étudiant : « c’est la jungle ».

Par conséquent, je me suis retrouvée seule dans mon rayon juste après ma période d’essai de 4 jours, à des horaires que je ne connaissais pas. Je n’avais jusqu’à ce moment-là jamais fait la fermeture, c’est-à-dire 13h-20h.

J’ai dû gérer le rayon charcuterie traditionnelle et celui de la fromagerie avant que mon collègue, lui aussi étudiant, arrive le même jour que moi.

Le problème étant qu’on ne m’avait rien expliqué pour la partie formage ! Du coup j’ai défoncé deux meules.

Cette journée était aussi une grande première pour mon collègue : c’était également sa première fermeture.

Ça a été une vraie catastrophe au point qu’on est sortis du magasin avec 20 minutes de retard… La deuxième fermeture fut plus calme à tel point qu’on avait fini avec une minute d’avance (les BG).

Mais en plus des nouveaux gestes à apprendre, il y avait les horaires à gérer.

Faire l’ouverture, ça veut dire se lever à 4h30 ou à 3h30 du matin pour arriver à 6h ou 5h. Et faire la fermeture, c’est finir à 20h dans le meilleur des cas après avoir fait tout le ménage de son rayon.

Dans tous les cas c’est un métier dur qu’il faut pouvoir gérer au quotidien.

Quelques petits conseils pour survivre à une expérience de charcutière en supermarché

  • Énergique et souriant•e tu seras

Pour faire ce métier, il faut être sportif ou sportive, ne pas avoir peur de beaucoup marcher dans une journée.

Cette profession nécessite aussi une force dorsale assez importante, pour notamment soulever des jambons de plus de 5 kilos qui se situent en dessus de ton bassin à une distance assez lointaine pour que les clients puissent les observer facilement.

Surtout quand ton ou ta collègue utilise la trancheuse et que tu dois attendre avec ton jambon dans les mains. Je peux te dire que c’est le pire exercice de gainage jamais inventé. POINT POSITIF : pas besoin de salle de sport.

  • Zen tu resteras

Certain•s client•es n’ont aucune compassion face aux nouveaux et nouvelles employé•es… Fais tes tranches de jambon, sers tes salades et tais-toi. Au pire tu baveras sur leurs tronches avec tes collègues, ils te raconteront de pires histoires.

  • Beaucoup plus tu t’affirmeras

Le contact avec des inconnus te permettra d’aborder certains problèmes de la vie étudiante ou professionnelle avec plus de sérénité car tu oseras plus. Du moins ce job d’été peut permettre de lutter contre sa timidité.

  • Insensible à la nourriture gâchée tu te transformeras

Pour ce qui est de la nourriture jetée (le sujet le plus important soit dit en passant, tu sens tout mon amour pour la bouffe ressortir à ce moment), si tu fais partie d’une association contre la faim, ne fais pas ce job !

Tu risquerais de faire une syncope. L’envers du décor c’est que tous les jours on jette 6 bennes pleines de nourriture invendable car la chaîne du froid à été brisée ou parce que des fruits et légumes ont reçu quelques coups.

DONC SI TU ES LE GENRE DE PERSONNE QUI NE REMET PAS LES ARTICLES DANS LEUR RAYON, CHANGE DE COMPORTEMENT S’IL TE PLAÎT, c’est mieux pour tout le monde.

À lire aussi : La loi anti-gaspillage alimentaire est définitivement adoptée !

  • Le jour tu ne verras pas

Quand tu commences tôt le matin et qu’il fait nuit, tu ne vois pas le jour se lever. Pour le coup « ton soleil », ce sont les néons du magasin. Tu ne vois pas l’évolution de la journée et tu n’as plus aucune notion du temps, sauf si tu es très forte à ce jeu.

  • La manucure et tes bijoux tu oublieras

Vu le nombre d’heures que tu passeras dans les gants en latex, les mains dans du talc et dans la flotte, ta manucure risque de douiller, à part si tu adoooores passer ton temps à retoucher tes ongles sans cesse.

Et crois-moi, ton énergie restante à la fin de la journée passera dans les tâches utiles à ta survie, c’est-à-dire te faire à manger et te laver…

De plus les bijoux comme les bagues (sauf alliance) et les bracelets sont interdits !

  • Des bleus tu auras

Tu pourras remercier ta nouvelle copine la trancheuse pour les bleus qu’elle t’offrira gentiment sur l’avant-bras à force de devoir pousser des jambons ou d’autres charges lourdes sur la machine afin de faire des putains de chiffonnades !

  • Être organisé•e tu devras

Quand c’est l’heure, c’est l’heure ! Si tu peux gratter quelques minutes sur ton programme établi, n’hésite pas. Mais l’organisation est très importante dans le sens où il ne faut pas oublier ou mélanger les paquets des clients que tu sers.

Et pour s’en sortir, la meilleure stratégie c’est que chacun soit à sa place. Trancheuse pour Fabrice, à gauche de la balance 1 c’est Julie, à droite c’est Christiane, un peu plus loin c’est Laura, encore plus à gauche Sonia et toi à coté des saucissons. Compris soldat !

En plus d’éviter de faire des mélange, ça permet de ne pas faire des allers-retours avec tous tes papiers à la main.

  • La charcuterie tes habits sentiront

Le premier truc que ma mère m’a dit avant même de savoir comment mon premier jour s’était déroulé fut :

« Waaaah ça se sent que tu es en charcut’ ! »

Bon ok c’est pas aussi affreux que la poissonnerie (parce que là tes narines en prennent un coup), mais l’odeur de charcuterie s’imprègne dans tes vêtements malgré l’uniforme.

Petit conseil : prends ta douche le soir histoire de te détendre et de changer de tenue en même temps, afin d’éviter un malaise général dans ta famille ou dans ta coloc‘.

Parce qu’il faut le dire, l’odeur de la charcuterie est fourbe puisque tout le monde la sent… sauf toi.

Le bilan de mon job de charcutière en supermarché

Ce job d’été n’a duré qu’un mois mais je dois dire qu’à partir d’une semaine passée là-bas, j’avais déjà mes petites habitudes, et j’avoue que j’ai quand même bien aimé faire ça.

Évidement travailler l’été n’est pas pareil que de bosser tous les jours dans ces conditions, mais cette expérience m’a appris beaucoup de choses sur les humains.

On peut y rencontrer des gens super gentils comme des personnes exécrables. Mais le plus important c’est de se souvenir uniquement de ceux et celles qui t’ont souri tout de suite et avec qui tu as pu faire une blague pourrie.

Et puis je dois avouer que j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur des collègues très gentilles, compréhensives et patientes.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… être caissière


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Les Commentaires

3
Avatar de mimilove341
7 septembre 2017 à 23h09
mimilove341
Je travaille aussi en charcuterie traditionnelle et en fromage à la coupe en CDI.
Au début mon patron m'avait proposé un poste à l'accueil, finalement le poste ne s'est pas libéré, mais mon patron m à dit qu'il y avait une place en charcuterie, Je n'y connaissais rien mais j'ai dit oui. Ça fait un peu plus d un an que j'y suis maintenant et je ne regrette rien !! J'adore le contact avec le client qui est complètement différent que lorsque l'on est en rayon! Dans ces rayons les clients vous font confiance on ne peux pas les décevoir. J'ai appris énormément de chose surtout en fromage, Par contre Je suis d accord avec la demoiselle "putains de chiffonade!!!"
Mais je ne suis pas trop d accord concernant l'odeur c'est surtout les mains qui sentent la charcuterie mais pas le reste des vêtements on est quand même bien protégés ! Pour le gaspillage, On n' essayé d'en jeter le moins possible, soit en baissant les prix, soit en faisant des dons aux associations toutes les semaines.
En tout cas c'est un choix que je ne regrette pas surtout pour les horaires qui sont plutot bien pour ma part, une semaine le matin une semaine l'après midi. Après je ne suis pas faite pour les "horaires de bureaux" 9h-17h, ça me plaît de faire 6h-13h et d'avoir mon après-midi de libre ou de faire 13h-19h30 et de pouvoir faire la grasse-mat je pense rester encore quelques années dans ce rayon ! Car je trouve qu il permet de bien concilier vie de famille et vie professionnelle!
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