Publié initialement le 20 juin 2013
Le principe : on vous présente des témoignages sur les petits boulots les plus répandus (rapport à financer vos études, tout ça tout ça). Des madZ viennent partager leur expérience dans tel ou tel job en vous livrant du concret (comment postuler ? combien de dollars ?) mais aussi des petits détails qu’on ne vous donne pas forcément en entretien d’embauche histoire que vous sachiez où vous mettez les pieds.
Aujourd’hui c’est Manon qui témoigne sur son expérience en tant qu’animatrice en centre de loisirs et colonie de vacances pour les enfants !
Ta mission si tu l’acceptes
Je pense que tout le monde voit de quoi on parle. Le rôle d’une animatrice en centre aéré est de surveiller et d’occuper des enfants toute la journée. C’est elle qui est responsable de l’organisation et du bon déroulement des activités (en gros que tout le monde s’amuse et que personne ne meure). En colonie de vacances c’est exactement le même principe sauf qu’on ne rentre pas chez soi le soir. C’est donc de la surveillance de moutards 24h sur 24h pendant toute la durée de la colonie (théoriquement les enfants sont censés dormir la nuit mais c’est bien évidemment une utopie).
Quand tu as décidé de te coucher mais pas les enfants
Ce qui est cool dans ce boulot
La principale source de motivation pour ce job c’est le contact avec les enfants. Ton rôle c’est de rendre leur séjour intéressant et de leur faire découvrir des choses. C’est d’autant plus important pour les mômes qui fréquentent les centres aérés pendant l’été puisqu’en général ce sont ceux qui n’ont pas du tout l’occasion de partir en vacances. Si un enfant s’est ennuyé, a passé une journée pourrie ou a passé son temps à faire ce qu’il fait déjà à la maison, tu as raté ta mission.
Un autre truc plutôt cool c’est que tu profites quand même pas mal de ton été même si tu travailles. Les activités en extérieur au mois de juillet c’est chouette et, la plupart du temps, tu es quand même payée pour… jouer. Si en plus tu as la chance de partir dans une colonie en Corse ou en Crète, c’est la fête.
Ce qui est relou dans ce boulot
Les parents ! Souvent bien plus pénibles que leur progéniture. Difficile de composer avec des parents parano qui ne veulent pas que leur enfant prenne le car « parce que c’est trop dangereux » (dans ce cas-là, tu ne peux rien faire, le môme est privé de sortie et c’est triste). Une autre fois une mère m’a piqué un scandale parce que j’avais fait prendre une douche à sa fille en restant à côté d’elle. La gamine avait 5 ans et s’était fait pipi dessus pendant la sieste… Au centre aéré, il est fréquent d’avoir des parents qui « oublient » de venir chercher leur enfant ou qui trouvent normal d’arriver avec une heure de retard.
Ce à quoi tu ne t’attendais pas
Pour avoir fait beaucoup de colonies étant enfant, je pense que j’avais déjà une bonne représentation du boulot. J’ai cependant eu quelques surprises.
Au centre aéré il y avait une liste incroyablement longue de jeux interdits. Je n’avais pas le droit de faire jouer les enfants à « la tomate » (jeu où les enfants sont en cercle, tête en bas et jambes écartées et essayent de faire passer un ballon entre les jambes des joueurs) parce que le sang risquait de leur monter à la tête, ni aux « chaises musicales » parce qu’il y a risque de se casser le coccyx en tombant de sa chaise. A la place on avait les « cerceaux musicaux ».
Si tu ramènes un paquet de gâteaux, tu n’as pas le droit de le partager avec les enfants. Les règles sanitaires ou de sécurité sont souvent plus strictes que celles suivies par les enfants chez eux. Ça peut sembler absurde parfois mais c’est le prix à payer pour avoir la responsabilité d’enfants qui, rappelons-le, ne sont pas les tiens.
Il ne faut pas non plus oublier que tu ne décides pas complètement des activités que tu organises. L’équipe pédagogique se réunit tous les jours pour décider du planning des activités et tu peux te retrouver affectée à une tâche qui ne t’intéresse pas beaucoup même si c’est rare.
La plus grosse limite c’est le budget qui est très variable selon les centres ou colonies. Quand il fait beau on s’en sort toujours mais les jours de pluie où tu as zéro euros et que le stock de pâte à modeler est épuisé tu es vraiment dans la mouise. Il faut savoir faire preuve de créativité !
Quand tu expliques à tes collègues un nouveau jeu
Ce qui m’a le plus surprise, c’est de tomber sur certains animateurs pas motivés du tout. Ils étaient là pour le chèque (alors que franchement, ça n’a pas beaucoup de sens de faire ce boulot pour la paye). Ils restaient là à laisser les garçons jouer au ballon et les filles faire des coloriages sans jouer avec eux ni leur proposer des choses qui les sortiraient un peu de leur routine. Bof.
En terme d’horaires et de paye ça se passe comment ?
Au centre de loisir c’est du 8h-18h environ avec 1h30 de pause au total sur la journée (dont 1h pour le déjeuner). Mais tu as également des « fausses pauses » : quand les enfants font la sieste ou que tu surveilles le coin bibliothèque c’est plutôt tranquille. A midi, tu manges à la cantine avec les enfants. Et tu as aussi le droit au goûter ! Tu travailles tous les jours sauf le week-end.
Le rythme est bien plus éprouvant en colonie puisque la journée type des enfants comprend une veillée le soir qui peut se terminer jusqu’à 23h (dès qu’on encadre des ados en fait). Après cela tu ne vas pas te coucher, tu vas en réunion pour préparer la journée du lendemain. En pratique tu finis donc rarement avant 2h du matin et tu n’as qu’un jour de repos complet pour six jours travaillés… donc tu ne vas pas beaucoup dormir !
Quand tu rentres chez toi après trois semaines de colonie
Côté salaire tu gagnes un peu moins si tu n’es pas titulaire du BAFA. En centre de loisirs je gagnais 834 euros net par mois quand j’étais stagiaire (i.e. en cours d’obtention de mon BAFA) puis 1322 euros net par mois une fois que j’étais titulaire. En général ça tourne autour de 50€ par jour.
En colonie, paradoxalement, tu travailles plus et tu es payé moins : pas plus de 25€ par jour ! Comme tu es logée et nourrie matin, midi et soir, ça diminue ta paye. Mais rentrer chez toi avec un bracelet brésilien confectionné par Lucie, 6 ans, ça n’a pas de prix.
Engagez-vous !
Parlons bien parlons BAFA (Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur). Il n’est pas obligatoire d’avoir le BAFA pour être animateur. Mais c’est quand même mieux de l’avoir puisque ta paye est plus conséquente et que certains organismes l’exigent.
Le BAFA se décompose en trois parties : une partie théorique en centre de formation, une partie pratique sur le terrain (en centre aéré ou en colonie), et une session d’approfondissement qui permet en général de se spécialiser (par exemple pour devenir animatrice de canoë-kayak, mini-moto…). Le BAFA n’est pas gratuit mais il existe des aides financières pour financer ta formation. Il est généralement rentabilisé dès la première colonie. Toutes les infos pour passer le BAFA ici.
Une fois le BAFA en poche (ou pas), il suffit d’envoyer ton CV à n’importe quel organisme qui gère les centres d’accueil pour enfants comme les mairies ou les comités d’entreprise.
Un dernier conseil ?
Dors beaucoup avant. Prends de la vitamine C et ne te prends pas au sérieux (ce n’est pas la peine de te maquiller le matin, tu finiras repeinte à la confiture ou à la gouache). Si tu n’as pas envie de donner toute ton énergie c’est mort : ça ne sera intéressant ni pour toi ni pour les enfants. Tu peux également aller faire un tour sur le Tumblr jesuisanimateur dont toutes les illus de cet article sont tirées.
Epilogue
Un Job d’été #2 est déjà en préparation ; il sera consacré aux vendeuses de prêt-à-porter. Quels sont les jobs dont tu voudrais qu’on parle sur madZ ?
Si toi-même tu as été marchande de glace, surveillante de baignade, ouvreuse au cinéma ou retourneuse de burger dans une grande chaîne de fast-food le temps d’un été et que tu es prête à témoigner, manifeste-toi sur cette page !
À lire aussi : tous nos articles sur les jobs d’été
Les Commentaires
Une mauvaises organisations aussi, qui n'aidait pas.
J'en étais au point de faire régulièrement des crises d'angoisses et pourtant je suis plutôt résistante quand il s'agit d'encaisser pour pouvoir payer le loyer. Du coup ça m'a plutôt dégoûtée du métier.
Faut que je test la colonie, il parait que c'est bien mieux.
Un conseil pour celles qui souhaitent se lancer : ne vous laissez pas faire, personne n'aura de pitié pour vous.