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(Job d’été) Animatrice de « plage picarde »

Depuis 5 ans, je suis animatrice sur la plage de mon patelin. Pour celles qui ont suivi, effectivement j’habite en pleine cambrousse Picarde, mais tous les ans au mois d’Août sur la grande place, 700 tonnes de sable sont déversées, les palmiers sont plantés et c’est un peu Saint-Tropez qui débarque au pays des vaches. Pendant une semaine, je dois surveiller les activités proposées, vérifier que les gamins ne s’entre-tuent pas, ne cassent pas tout sur leur passage et que leurs parents se tiennent tranquilles. Le tout sous un temps pourri (Saint-Tropez a ses limites).

Au quotidien

La plage c’est original, c’est beau, on voit du monde, les enfants s’amusent mais pas nous. Déjà, chose basique : il faut savoir supporter la sono TOUTE la journée. J’entends par là : supporter les plus grosses daubes musicales de l’été et de celles des 7 étés précédents. Imaginez ma joie il y a 4 ans, quand les O-Zone sont sortis de leur avion* pour chanter Dragostea Din Tei  ; décliné rapidement en Dans le poulailler , Ma ce ki ? Massimo , sans oublier la version techno, la version acoustique et la version dance-méga-remix. Cette année, je crains donc que notre amie Cindy déverse ses Papillons de lumière sur ma belle ville.

On passera également sur les odeurs de frites-fricadelles à trois heures de l’après-midi et les reflux de mauvaise bière. Quand un gamin se pointe gentiment vers toi, alors que t’es en galère de pâtés de sable, la bouche cernée de chantilly, le tee-shirt chocolaté et la gaufre à la main, c’est un lourd sentiment d’injustice qui t’envahit.

Enfin, pour moi, « semaine Plage » rime avec « semaine sport » : armée de baskets et d’un souffle d’athlète, je cours après les gosses qui ont volé un seau ou un bout de décor en agitant frénétiquement les bras. Ne pas avoir peur du ridicule est essentiel aussi.

* référence non dissimulée à leur ô combien cultissime clip.

La météo

On a donc inventé un concept depuis quelques années : la plage sous la pluie. Prêt à être exporté tellement on est au taquet. Les aficionados de Catherine Laborde l’auront deviné : nord = pluie, et ce, même en plein mois d’Août. Alors c’est un peu marée haute tous les jours. Et quand le dieu de la météo est avec nous, il fait beau un voire deux jours dans la semaine. Mais même sous une pluie battante, le plagiste picard ne renonce pas, non. Il a beau avoir de l’eau jusqu’aux chevilles, il continuera à chasser les canards, dont on pourra déplorer la noyade sous peu. Et puis les pâtés de sable, c’est tellement plus drôle quand c’est fait dans une flaque d’eau… « Bawoui c’est la… les… des… droubes* du chateaaaaauuu ! ». Respect.

* comprendre « douves » bien sûr.


Un petit aperçu de mon lieu de travail… Plage au premier plan, centre ville derrière !

Les gosses

J’ai vu des choses improbables, ces gamins m’épateront toujours. Visiblement, pour certains moufflets, se balancer un ballon de beach-volley en pleine face est un signe de politesse courant. D’autres préfèrent se tarter gaiement avec leurs pelles, un peu comme un « Salut ! Tu veux être mon copain ?! ». Le plus étonnant reste tout de même les ados pré-tecktonikeurs en puissance accros au mini-golf, prêts à tuer père et mère pour gagner face à un môme de 6 ans. En bonne animatrice que je suis, il faut savoir garder son calme ; chose peu simple dans certains cas dont celui-ci qui m’exaspère d’année en année : j’ai 21 ans donc arrêtez de m’appeler MADAME. Mais le sable, ça doit boucher les oreilles parfois.

– Héééé Madame ! Madaaaameuuh ! Bryan il m’a tapé avec son râteau !

– Va jouer plus loin, il ne t’embêtera plus. Et puis, arrête de m’appeler Madame, j’suis pas une Madame. »

– D’accord Madaaaame !

– Bryan ? Tu me prêtes ton râteau deux petites minutes s’il-te-plaît ?

Les parents

On ne dirait pas comme ça, mais parfois, ils sont pires que leurs gamins. J’ai déjà pu assister à une bagarre de parents, armés de cannes à pêches, prêts à se sauter à la gorge pour une histoire de canard mal péché ; ou à un crêpage de chignon en règle de deux mamans jalouses des lots remportés par leurs progénitures. Quand on part du principe que les lots en question sont des mini-lampes-torches-portes-clefs estampillées « Conseil Régional de Picardie », la consternation est parfois grande. Les « j’vais l’dire à mon pèèèère » fusent toutes les deux minutes et au choix : ou le père s’en contre-fout royalement, ou alors on se fait passer un savon… Le gamin a pulvérisé du sable dans les mirettes de son copain mais visiblement c’est de MA faute.

En conclusion, j’adore ce job d’été même si c’est fatiguant et que j’en sors la voix cassée et les pieds en miettes. Les gamins sont insupportables la plupart du temps mais au final… ils me manquent presque le reste de l’année !


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de Melonj
30 octobre 2008 à 21h10
Melonj
j'ai bossé au siege du PMU! genial! J'etais dans le service courrier, j'ai trier, distribuer le courrier, chercher les journaux ... du pas grand chose pour 1700? net !!! (c'etait un job d'été!)
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