Joana Vasconcelos est donc la première femme à être invitée par le château de Versailles pour exposer ses oeuvres durant l’été. Ses prédécesseurs ont connu leur lot de controverses et de critiques (Jeff Koons pistonné et trop à côté de la plaque, Murakami trop sulfureux) et l’artiste portugaise ne semblera pas y échapper elle non plus…
En effet, l’une de ses oeuvres, A Noiva (La Fiancée, en français) a suscité la controverse au point qu’elle a été tout bonnement refusée par le château de Versailles. Pourquoi autant de sévérité ? L’oeuvre en question est un lustre, haut de près de 5 mètres, et entièrement fabriqué en… tampons hygiéniques (25 000 pour être précise). Voici la bête :
A Noiva, 2001-2005, crédit photo joanavasconcelos.com
Si d’un point de vue purement esthétique et technique, la sculpture en impose (impression de dentelle et de lourdeur en même temps, de délicatesse alors que le matériau est banal, magnifique jeu d’ombres et de lumière au sol et aux murs), elle interroge et oppose diverses problématiques : le luxe et la décadence d’un lustre en opposition avec la trivialité du matériau et, par extension, le dégoût que suscite encore les menstruations d’une femme dans certaines sociétés ; le titre de l’oeuvre aussi, La Fiancée, qui questionne la virginité féminine avant le mariage. Le château de Versailles se contente de dire que la sculpture ne s’adapte pas aux lieux.
Joana Vasconcelos n’est pourtant pas plus choquée que ça de cette décision, l’oeuvre ayant déjà été refusée dans d’autres expositions. Elle a bien conscience qu’un objet comme un tampon hygiénique n’a pas sa place partout et qu’il est encore parfois tabou d’en parler, d’en voir, et ici en l’occurrence d’en admirer.
Cependant il sera possible d’apprécier 17 autres oeuvres de Joana Vasconcelos à travers les Grands Appartements et les jardins de Versailles, dont des escarpins géants en casseroles d’acier, des lions en marbres recouverts de manteaux en crochet ou encore des perruques de Marie-Antoinette.
>> Toutes les infos sont disponibles sur le site du château de Versailles
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Les Commentaires
"c'est un tampon dans une tasse en porcelaine, cette tasse, je la considère comme un symbole de la féminité, ça m'évoque ces réceptions qu'on faisait dans le temps, mais j'ai voulu sortir de l'imagerie traditionnelle en utilisant ce tampon pour confronter les gens à l'image choquante de la féminité réprimée.
_c'est une oeuvre remarquable, il ne faut pas hésiter à avoir recours à une imagerie moins consensuelle, plus sujette à la controverse et à la polémique"