— Initialement publié le 20 mai 2013
Quelques jours après le début du festival, j’ai enfin pu obtenir une accréditation pour voir un film en compétition : Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines), le nouveau film d’Arnaud Desplechin avec Benicio del Toro et Mathieu Amalric. L’histoire de Jimmy Picard, un Indien Blackfoot qui, suite à une blessure infligée pendant la guerre lors de laquelle il s’est battu aux côtés des Américains, souffre de troubles (maux de tête violents ou vertiges, entre autres). Pour se faire soigner, il est admis à l’hôpital de Topeka au Kansas, où on ne lui décèle aucune cause physiologique et où on le considère un temps schizophrène.
Les professionnels de la santé n’étant pas tous d’accord sur ce diagnostic, ils décident d’appeler un ethnologue et psychanalyste, Georges Devereux. Se tisse alors entre ces deux hommes, si ce n’est une amitié forte, au moins une complicité certaine : ils se confient, se racontent, et cherchent ensemble la ou les raisons des douleurs de Jimmy qui ne vit plus sa vie qu’à moitié. Ils ont un but commun : trouver pour le vétéran le chemin de la guérison. Plus encore que sur les troubles du personnage interprété par Benicio del Toro, le film se concentre avant tout sur ce qui lie au fur et à mesure des séances ces deux hommes.
Jimmy P.
n’est pas un film qui divertit. Tiré d’une histoire vraie, il est adapté du livre de l’ethnologue et psychanalyste George Devereux, justement. Les dialogues sont lents, les personnages principaux secrets et peu bavards : Jimmy dit tout, mais économise ses mots. Et justement, le film entier tourne autour de ces séances qui font partie de la cure psychanalytique – des séances qui deviennent vite des moments de partage indispensables aux protagonistes.
Benicio del Toro et Mathieu Amalric sont absolument impeccables dans leur jeu et chaque mot de leurs dialogues sonne juste. Pour autant, Jimmy P. n’est clairement pas un film à voir quand on n’a pas à la tête à ça, quand on n’a pas assez dormi ou qu’on sent bien qu’on a besoin de faire un gros effort pour ne pas subir une baisse de concentration. Plusieurs fois, j’ai décroché. Une bonne vingtaine de fois, mes yeux se sont fermés, sans que je ne puisse rien y faire, pendant quelques secondes, avant que je réussisse à émerger à nouveau.
Au fond, je ne sais plus trop pourquoi j’ai soupiré d’aise Blaise au moment de sortir de la salle après le générique : l’ennui, ou le soulagement de ne plus avoir à entendre les confessions de Jimmy qui créent souvent comme un froid ? Probablement un peu des deux, en fait.
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