Jim Henson est le marionnettiste le plus pop de toute l’histoire du monde et peut-être même le meilleur de tous les temps (avec tout le respect pour Gepetto, pour Jean Brioché, l’arracheur de dents accusé de sorcellerie par les Suisses et pour Michel Dejeneffe, le papa du génial Tatayet).
Si Henson a bien gagné sa place dans le Panthéon des icônes POP, c’est parce qu’il a eu un jour l’idée fantastique de donner vie à toute une série de créatures aussi colorées qu’impertinentes : les MUPPETS.
Kermit, naissance d’une star
Le soir de Noël 1935, à Greenville dans le Mississipi, Paul et Betty Henson, pour fêter la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ, s’adonnèrent sans doute aux joies de la galipette puisque exactement neuf mois plus tard naquit le petit James. Les Henson déménagèrent quelques années plus tard dans le Maryland.
Comme de nombreuses familles américaines, ils firent l’acquisition d’une télévision, événement qui marquera à jamais le jeune Jim. À 18 ans déjà, il travaille à la création de marionnettes pour un programme télé pour enfants ; parallèlement à ses études, il crée lui-même une émission de cinq minutes, Sam and Friends, dans laquelle apparaît une première ébauche de sa marionnette fétiche, Kermit la grenouille, qu’il animera personnellement jusqu’à sa mort.
Jim épouse une autre marionnettiste, Jane ; le couple déménage à New York et fonde la société Muppets, Inc., que rejoint bien vite l’ami Frank Oz. De nombreux cinéphiles et geeks connaissent bien ce dernier à travers le personnage de Yoda auquel Oz a prêté sa voix.
De Sesame Street au Muppet Show
Jim Henson, à partir de 1964, se lance dans la production de films, mais son truc à lui, c’est avant tout, les puppets, et c’est ainsi qu’il commence à travailler au projet Sesame Street (1, rue Sésame) en 1968.
Un peu moins populaires que les Muppets (bien que France 5, il y a quelques années, ait proposé sa propre version du programme US : 5, rue Sésame), les personnages de cette émission pour enfants ne vous sont sans doute pas totalement inconnus, surtout Ernest et Bart (moi, c’est Big Bird, qui me faisait flipper : je pensais qu’il créchait dans ma cave et qu’il était bourré de mauvaises intentions à mon égard). Kermit, en outre, fait partie du casting, dans le rôle d’un reporter du petit écran.
Huit ans plus tard, Jim et sa grenouille, qui ont depuis lors largué les amarres en Angleterre où réside le producteur Lew Grade, se lancent finalement dans l’aventure du Muppet Show, pour le plaisir des petits mais aussi, dorénavant, des grands.
Kermit est promu au rang de directeur de théâtre et entouré d’une foule de personnages déjantés tels que le chien pianiste Rowlf, l’ours Fozzie, le batteur fou Animal et les vieux ronchons Statler et Waldorf. Kermit se voit également affublé d’une fiancée quelque peu encombrante, Miss Piggy, une cochonne mégalomane inséparable de son petit chien Foo-Foo.
Un succès mondial qui se décline à l’infini
Le Show, programmé sur ITV de 1976 à 1981, fera un tabac et connaîtra d’innombrables rediffusions dans le monde entier, ainsi que plusieurs adaptations cinématographiques (dont l’excellent Noël chez les Muppets, qui m’aura fait découvrir Dickens, bien avant d’avoir vu Les Grandes Espérances d’Alfonso Cuarón et l’Oliver Twist
de Polanski).
À chaque rendez-vous télévisuel, les Muppets accueillaient une guest-star issue de la pop culture, autour de laquelle s’articulait le show. C’est ainsi qu’ont défilé, sur la scène du Benny Vandergast Memorial Theater, des personnalités pop telles que Sylvester « Rocky Stallone », Julie « Mary Poppins » Andrews, Christopher « Superman » Reeve, mais aussi des chanteurs comme Elton John ou encore Debbie Harry.
Mélomanes, les Muppets ont d’ailleurs offert à leur public avec brio leurs propres versions des plus grands tubes du moment (In the navy, Stand by me, Bohemian Rhapsody…). Pop jusqu’au bout des pattes, Kermit et ses copains multiplient, dans leurs plaisanteries, les allusions à la culture US et en particulier au monde du petit écran.
Les comprendre toutes n’est pas chose aisée, mais comme pop est aussi l’abréviation de POPulaire, on n’est pas ici à une leçon de Noam Chomsky, et on peut toujours, si on veut mettre son cerveau sur off, se bidonner devant les sketchs récurrents qui rythment le spectacle : par exemple, Pigs in Space (une parodie de Star Trek, ça, c’est facile) et The Swedish Chef (mon préféré).
Des Muppets à David Bowie
Mais Jim Henson n’est pas que le papa de Kermit, Piggy, Ernest et Bart ; il est aussi le réalisateur de deux OVNI cinématographiques très eighties, Dark Crystal, co-réalisé avec Franz Oz en 1982, et Labyrinthe, co-produit par George Lucas en 1986, avec le grand, le merveilleux, le génial David Bowie (affublé, pour l’occasion, d’une perruque assez « originale », dirons-nous).
Quoi d’autre ? En 1979, Henson inaugure le Jim Henson’s Creature Shop, un atelier de fabrication de marionnettes et d’animatroniques (comme à Disneyland) destinés au cinéma ou à la télévision (les bestioles de Docteur Doolittle, par exemple). Il crée aussi la Jim Henson Foundation qui vise à promouvoir l’art du marionnettisme.
Jim Henson, mort trop tôt
Ses héritiers continueront son travail après sa mort, à travers la Jim Henson Company. On lui doit ainsi, post-mortem, la série Dinosaures, co-produite par la Walt Disney Television, qui égayait mes samedis de téléphage de 8 ans.
Parce que Jim tire sa révérence bien trop tôt : il s’éteint en 1990, à seulement 53 ans, des suites d’une pneumonie bactérienne. Les Tortues Ninja 2, film sorti en 1991, est dédié à sa mémoire. Un sacré hommage, foi de Docteur Love.
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