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Jim Carrey dénonce la violence de Kick-Ass 2 et n’en fera pas la promotion

Jim Carrey l’a annoncé sur son compte Twitter : il ne souhaite pas participer à la promotion du film Kick-Ass 2, qui sortira le 21 août prochain en France.
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« J’ai tourné Kick Ass un mois avant la tragédie de Sandy Hook et aujourd’hui, je ne peux pas en toute conscience promouvoir un tel niveau de violence. Je présente mes excuses à toutes les parties impliquées dans ce film. Je n’en ai pas honte, mais des événements récents m’ont amené à changer d’avis. »

Jim Carrey fait référence à la tragédie de Sandy Hook, également relayées par les médias français sous le titre « tuerie de Newton » : le 14 décembre 2012, un jeune homme âgé de 20 ans était entré dans l’école primaire Sandy Hook et avait ouvert le feu. Il s’est donné la mort après avoir tué 27 personnes dont 20 enfants.

Suite à cette tragédie, le débat sur le contrôle des armes à feu avait été relancé aux États-Unis, mais la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes à feu, a toujours réussi à faire échouer toute tentative de réglementation, sur la base du 2ème amendement de la Constitution (le droit de porter des armes).

L’engagement politique de Jim Carrey contre la NRA

Il est vrai que Jim Carrey est un acteur résolument engagé contre le lobby de la NRA. Il n’hésite d’ailleurs pas à payer de sa personne.

Dans le sketch ci-dessous, il imite Charlton Heston, l’ancien porte-parole de la NRA (mort en 2008), et se moque ouvertement du stéréotype de l’américain-possesseur-d’armes. Et c’est que du bonheur (sexy cowboy inside) :

Pour un condensé de la pensée de Jim Carrey sur Charlton Heston et la NRA, rendez-vous directement à 5″30. 

On l’aura compris, Jim Carrey n’est pas un fervent supporter de la politique intérieure américaine en matière d’armes à feu (rappelons que l’acteur est canadien). Mais il est surprenant qu’il voie dans Kick-Ass 2 une quelconque approbation ou justification de l’usage de la violence. 

L’apologie de la violence dans la fiction américaine

Le phénomène n’est pourtant pas rare dans la fiction américaine : on ne compte plus les films et les séries dont le scénario est subtilement infusé de propagande en faveur de la violence « légitime ». De 24h chrono à Homeland, la torture paraît acceptable, voire tout à fait excusable dès qu’il s’agit d’empêcher une bombe nucléaire d’exploser en milieu urbain et de sauver des millions de vies.

Les ennemis fictifs mis en scène dans la série 24h chrono sont des ersatz à peine travestis des véritables « menaces » auxquelles l’Amérique faisait (supposément) face : cartel de drogues mexicain, terroristes successivement russes, tchétchènes puis arabes, rébellion africaine, menace bactériologique, menace nucléaire…

La politique américaine absolument intransigeante en matière de terrorisme (« on ne négocie pas avec les terroristes ») y est largement illustrée.

Dans cette configuration, le niveau de violence peut poser question, oui. On y utilise des personnages humanisés, pour lesquels le spectateur va avoir de l’empathie. Le pauvre Jack Bauer a perdu sa femme. La pauvre Carrie est bipolaire.

Leur usage de la violence est légitimé par leurs drames personnels, la revanche, l’auto-défense. C’est une violence glorifiée par la nécessité supérieure et l’intérêt national, la raison d’État.

Mais Kick-Ass n’entre pas dans cette catégorie de fiction imprégnée d’un certain patriotisme. Au contraire, son ton parodique empêche toute prise au sérieux. Le second degré est évident.

Concernant la violence représentée, explicite, les précautions adéquates ont été prises : le film a été classé R (Restricted : 

interdit aux moins de 17 ans sans accord parental).

Kick-Ass : la violence a des conséquences

https://youtu.be/W0gaLkNXYLc

Dans Kick-Ass 2, Jim Carrey interprète le Colonel Stars and Stripes (Colonel « Étoiles et Rayures », en référence au drapeau américain), un personnage qui refuse de tirer à l’arme à feu. Il délègue ainsi la tâche de maîtriser l’ennemi à son fidèle compagnon, un chien bouffeur de couilles.

Mark Millar, l’auteur des bandes dessinées Kick-Ass sur lesquelles sont basées les 2 films, a réagi à l’annonce de Carrey en lui adressant un message, sur son site. Extrait :

« Je n’ai jamais adhéré à la notion selon laquelle la violence dans la fiction engendre de la violence dans le monde réel, pas plus que les sorts jetés par Harry Potter à l’écran ne donneront naissance à d’autres sorciers dans le monde réel. »

D’autant plus que dans Kick-Ass, la violence a des conséquences, ce que souligne Mark Millar dans son message : le héros ne sort pas indemne de toutes les explosions de violence, ce qui sert en quelque sorte d’avertissement « À ne pas refaire chez vous ».

De tous les films et séries américains qui mériteraient en message d’ouverture un avertissement du type « attention, cette oeuvre contient un message à caractère politique en faveur du recours à la violence », Kick-Ass est loin de la première place. 

Le suspense reste entier

Qu’y a-t-il donc dans Kick-Ass 2 qui a pu causer la réserve de Jim Carrey ? Le film contient-il un message politique quelconque ? Ou serait-ce au contraire l’absence de message qui a dérangé l’acteur ?

Dans ses tweets, Jim Carrey dénonce uniquement « le niveau de violence » du film. C’est sûr qu’avec un titre pareil, on s’attend quand même à un minimum de bastonnade. Le premier opus était déjà bien fourni question hémoglobine. Mais on était en plein délire, loin de tout souci de réalisme (alors que Jack Bauer qui menace d’arracher les ongles d’un présumé-terroriste avait le don de me mettre mal à l’aise, comme une petite voix qui me disait « ok c’est de la fiction… MAIS… »).

Qu’est-ce que Jim Carrey sait de Kick-Ass 2 que nous ne savons pas ? Il faudra attendre le 21 août pour le savoir. Cette polémique sur « le niveau de violence » du film ne fait qu’accroître mon impatience.

À ne pas vouloir faire la promo du film Kick Ass 2, Jim Carrey vient sans doute de lui faire beaucoup de promo.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

23
Avatar de titania17
26 juin 2013 à 11h06
titania17
"À ne pas vouloir faire la promo du film Kick Ass 2, Jim Carrey vient sans doute de lui faire beaucoup de promo."

et si c'était le but justement ?!! Jim Carrey se désolidarise et garde sa belle image proprette et en meme temps il oriente tous les projecteurs sur le film en question...
pas mal comme coup de pub !
0
Voir les 23 commentaires

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