Je ne suis pas folle, vous savez. Je ne passe pas dix-huit heures par jour sur ma console, les yeux en forme de parallélépipède rectangle. Je fais des études et j’ai bien l’intention d’avoir un beau métier et une famille en or (comme sur TF1). Pourtant j’ai joué aux jeux vidéo, beaucoup.
Avant d’évoluer en Elfe de Sang dans World Of Warcraft ou d’emmurer mon clone dans les Sims, j’ai dû m’entraîner très dur. Alors que Windows 95 était la pointe de la technologie et qu’une page Internet mettait environ 8 min. 56 à apparaître, j’ai bravé les chargements et les graphismes pourris pour quelques heures de divertissement numérique.
Et je suis sûre que toi aussi.
Voici donc une liste non exhaustive des jeux vidéo de mon enfance qui ont su marquer ma vie à jamais.
Chip’s challenge
Chip’s Challenge, ça a un peu été mon rite de passage. De micro-scarabée ne daignant reconnaitre que l’intérêt des Petits Poneys et des Polly Pocket, j’ai évolué en mini-nerd. Tranche de pain au Nutella dans la main droite, souris d’ordinateur dans la gauche, j’ordonnais déjà fièrement à mon paternel de m’allumer la machine.
Chip’s Challenge est un jeu de 1990, c’est-à-dire qu’il a été créé deux ans avant moi. Il consiste à déplacer un petit bonhomme en 2D nommé Chip (sans rire?) à travers différents tableaux constitués de murs, portes, et clefs en tout genre. Pour finir le niveau, il faut rassembler un nombre assez élevé de puces électroniques. A l’époque, je pensais qu’il s’agissait en fait de cafards, et je ne comprenais donc pas vraiment le sens du truc.
La musique était un carnage. À base d’effets d’orgue bizarres (un peu comme la démo d’un synthétiseur vintage), elle restait en tête pendant des heures entières. Sauf qu’à l’époque, ça avait l’air de me plaire. Vraiment. À 6 ans j’avais la forte mauvaise habitude d’hurler de fredonner les thèmes musicaux de tous les jeux auxquels je m’adonnais. Le massacre des cordes vocales.
Cette personne joue incroyablement rapidement. Ce doit être un Cyborg.
En plus, le jeu donnait la possibilité de ramasser des bottes avec différentes fonctions qui permettaient d’aller plus vite ou de marcher sur certains éléments sans mourir. Il y avait donc les patins à glaces (qui avaient pour moi un intérêt très particulier), les palmes (c’est vrai que sans palmes les gens coulent), des bottes de feu et des ventouses.
Néanmoins, Chip’s Challenge restait totalement impossible pour une gamine trop occupée à faire faire du patin à glace à son personnage plutôt que d’éviter le gros drapeau orange venu pour le désintégrer.
Pourquoi ça a marqué ma vie :
- J’ai appris à me servir des flèches de mon clavier de manière plus ludique que sur un logiciel de traitement de texte.
- Je ne me plains jamais qu’un jeu est « moche » sur mon Mac. J’ai vu le plus épouvantable qu’on puisse faire.
Adibou
Croyez-moi, celles et ceux qui n’ont jamais été en contact avec cet extra-terrestre rondouillard à la voix criarde ont vraiment raté leurs vies. Adibou, jeune martien d’une dizaine d’années, n’attendait pourtant que toi à l’époque ! Ce jeu était censé éveiller l’esprit, apprendre de belles choses telle que tenir un jardin et savoir lire ou compter.
La maison n’est pas repeinte en feuilles, moi j’appelle ça une faute de goût.
Adibou ne vivait pas tout seul dans sa maison bizarre (qui est le couvreur qui a accepté de lui construire un toit en forme de casquette ? Je signe direct). Il y avait Plop, le chien transgénique qui avait les pattes en forme de chaise moderne, Robitoc le robot jardinier un peu bourré et gâteux (« Et hop, les carottes, dans le frigidaire » encore et encore, moi j’appelle ça du radotage), Kikook le robot cuisinier et Bouzigouloum le monstre gluant incapable de prononcer un mot.
Et tout ce petit monde évoluait gentiment sur cette gentille planète, avec de gentils gâteaux et de gentilles fleurs. Alors au bout d’un moment, j’en ai eu assez.
Les développeurs ont dû commencer à comprendre que les gamins, ça les barbait grave de devoir reconstruire la ruche des abeilles trente fois et d’entendre le pauvre garçon glousser à chaque fois que la souris effleurait son nombril proéminent. C’est alors qu’il créèrent Adibou : Science. Ce fut une révélation, pour moi et pour pas mal de jeunes gens, je pense.
Au volant d’un bolide parlant et customisable (bon c’était pas Pimp my ride, mais quand même), les gamin-e-s comme vous et moi étions invitées à participer à un véritable voyage initiatique. Ce que j’ai retenu de cet épisode c’est surtout la course que je gagnais toujours et la forêt hantée, qui m’a traumatisée jusqu’à mes 10 ans. Merci bien.
En fait, je crois que j’étais plutôt amoureuse de son cousin Adi, pour les plus grands, mais chut.
Pourquoi ça a marqué ma vie :
- J’ai appris quelques blagues (que je connais encore) grâce au poste, dans l’entrée de la maison virtuelle. Du meilleur effet dans la cours de récré de CP. Parmi elles, un des meilleurs exemples (XPTDR garanti) :
– Maman, l’armoire de ma chambre est tombée – Oh non ! Va vite prévenir ton père ! – Mais Maman, Papa il est déjà au courant, il est en dessous !
- Quand mon grand-père conduit un peu trop lentement, j’ai toujours la regrettable habitude de lui dire d’un air rogue « Appuie sur le champignon pour être le champion ».
En avant-première depuis 1992.
Barbie aventure équestre
Cet opus était le fleuron du jeu vidéo à public féminin des années 90 (mais mon meilleur ami Victor y jouait aussi). Une fois dans la peau de la célèbre blonde, il s’agissait de créer ta monture et de partir à la recherche de chevaux sauvages.
Dans ce jeu tu pouvais galloper sur les sentiers avec ton cheval, résoudre des mini-jeux et faire la course avec Christie. Bref, tout pour plaire à la frêle nigaude que j’étais.
LA LIBERTAAAAIYY
Avec le recul, je me rend compte que c’était quand même un jeu qui sentait un peu le pâté de foie. Si tu connais un minimum l’équitation, tu sais que pour nettoyer le box de ton cheval tu ne revêts pas ta dernière tenue de concours. Non. Et si Barbie pense qu’elle va dérouler une reprise du Cadre Noir de Saumur toutes les trente secondes, c’est son problème. Même si je n’avais que dix ans et une petite pratique du poney, je voyais bien que ça clochait. En plus, ce jeu était incroyablement long en téléchargement. La moindre petite action entraînait la venue d’une petite pâquerette en plein écran (sans doute pour faire passer la chose plus naturellement, les fourbes). Pour ajouter un dernier point, Barbie aventure équestre puait le sexisme à trente kilomètres.
Victor était donc une fille. Merde.
Pourquoi ça a marqué ma vie :
- C’est grâce à Barbie que j’ai appris que des trésors pouvaient se cacher aux pieds des arcs-en-ciel.
- Quand je monte sur ma jument, je pense toujours aux petites filles leurrées par ce genre de bêtises. Azy, apprend à faire de l’équitation en 3 secondes, tu tomberas jamais, tes habits seront toujours propres, ton cheval écoutera toujours parfaitement ce que tu lui diras. Non, aucun équidé n’aime courir après les petits animaux en faisant des bisous à tout le monde et des cacas pailletés. C’est du charlatanisme.
Lego Racer
Tout le monde connait les LEGO, ces petites briques de couleurs qui ont la fâcheuse manie de se loger sous les pieds et de faire atrocement mal. Accessoirement, elle servent aussi à faire de jolies constructions. En 1999, un jeu vidéo de course était fondé sur l’univers LEGO, et ça, ça ne m’a pas échappé.
Avec le recul, les graphismes étaient pas si terribles en fait.
J’ai énormément joué à ce jeu qui s’apparentait à un Mario Kart (que j’ai boycotté durant toute mon enfance). Une course simple, avec des pouvoirs magiques, des raccourcis de foufou, bref, tout ce qui va bien.
En plus, le jeu vidéo offrait la possibilité de construire complètement sa voiture. En partant d’une base simple, il suffisait d’ajouter des éléments LEGO pour tuner son bolide de cinglé. Le mien était souvent sur trois étages, avec les plus grosses roues, les plus grosses poignées de portes, tout en plus gros quoi.
Le Monster Truck, les flammes, le bon goût.
Pourquoi ça a marqué ma vie :
- J’ai assimilé la logique de compétition. J’ai également appris à perdre face à des petits bonhommes en plastique qui tirent ouvertement la langue à la fin de chaque course perdue.
- J’ai compris avec le temps que vouloir posséder un Hummer couleur pamplemousse écrasé enflammé par des stickers, c’était pas si stylé que ça.
Myst / Riven
Je vous vois déjà venir avec vos « Tss, elle parle de jeux pour enfants alors que Riven y avait pas plus compliqué, elle se prend pour un savant celle-ci ». Et à ceci je répondrai : vrai. J’ai joué à Riven, ce jeu de réflexion beaucoup trop prise de tête. Or, loin d’avoir envie de résoudre les énigmes, j’utilisais les paysages et le gameplay admirable pour me promener. Oui, oui, vous avez bien entendu. Je me fadais les trente-cinq mille CD à changer tous les quarts d’heure juste pour faire une petite ballade.
J’étais fascinée par le monde de ce jeu. Les graphismes, les personnages et les animaux me faisaient rêver. Les nombreux mécanismes à activer (sûrement pour une raison hein) m’aidaient à avancer un peu. Et j’errais des heures sans but.
C’est bôôôôôôô
Sans but, pas vraiment en fait : la distraction extrême de ma partie de Riven était de trouver puis d’utiliser les transports. Et entre les sortes de tramways des airs et les sous-marins, ça ne manquait pas.
https://www.youtube.com/watch?v=oqG1ra6JDL8
Sous vos yeux émerveillés : la vitesse.
Pourquoi ça a marqué ma vie :
- J’ai appris à m’enchanter des choses simples de la nature. Et la patience, aussi.
- Je rêve désormais de faire du bobsleigh et de monter dans toutes les montagnes russes les plus rapides du monde.
Et vous, quels sont les jeux de votre enfance qui vous ont marqué-e-s ?
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Les Commentaires
Puis est venu le PC sous Windows 95, apparemment d'entrée de gamme vu qu'il est rapidement devenu difficile de trouver des jeux compatibles.
Bref. Les jeux qui me reviennent en tête:
-Adibou, qui n'envisageait même pas la possibilité d'être joué par une fille.
-Age of empires, dont la musique était carrément épique.
-Heroes II, je pigeais pas grand chose (moi et la stratégie, ça fait 2), je me contentais des scénarios personnalisés où je donnais 9999 dragons à mon perso.
-Age of empires II, avec son mode Très facile où l'ennemi capitulait sans combattre alors qu t'avais à peine fait trois pas, et aussi la réplique «Vous avez trouvé des moutons» avec un accent anglais à couper au couteau.
-Timeshock ! Un jeu de flipper avec de beaux graphismes pour l'époque. J'ai exulté quand le remake est sorti récemment.
-L'odyssée d'Abe, qui a plutôt bien vieilli.
-Blupimania, un jeu sous DOS où on devait diriger un vague cousin de pacman en lui évitant les trous, l'électrocution et l'overdose de boisson (!).
Midtown Madness, avec la police qui te prenait pour tête de turc même quand tu conduisais bien et causait au moins autant de dégâts que toi. Je passais des heures à faire des cascades sur le pont quand il était relevé.
Puis j'ai eu une PS1 et seulement 6 jeux (période de vache maigre oblige).
-Rayman 1, qui n'a pas pris une ride.
-Harry Potter 1, fun fact: il s'inspirait à la fois du film et du livre (il reprenait certains éléments absents du film).
-Les fous du volant
-Theme Park World
-Versailles, un point 'n click éducatif (super pratique de déplacer un curseur avec une manette)
-Need for speed: Porsche 2000