Il est possible qu’à la lecture du titre de cet article, vous fassiez le lien avec l’annonce des premières images d’Assassin’s Creed Unity. Oui, c’est moi qui ai traité ce sujet. Et non, ça n’empêche pas l’affirmation précédente d’être 100% véridique : je suis bel et bien nulle aux jeux vidéo. Un mythe s’effondre, et croyez bien que j’en suis la première navrée.
Enfin… presque. Disons que c’est le fait de piétiner toutes les illusions que vous vous faisiez sur moi (non, ne rougissez pas, je le sais) qui étreint mon petit coeur avec les ronces de la culpabilité. Parce qu’autrement, je vis plutôt bien mon incompétence notoire dans le domaine du gaming. Jeux PC, consoles, Gameboy, RPG, manettes et joysticks… Rien ne me résiste, là où je passe, le gameplay trépasse, et tout passage à un niveau supérieur est un évènement tellement rare et inattendu qu’il fait vaciller la Terre pendant une micro-seconde.
https://youtu.be/6HzsMAeyK-U
Pourquoi donc m’acharnai-je, si sauter sur les ennemis sans me faire buter comme un bleu n’est point de mon ressort ? Ben parce que j’aime bien les jeux vidéo. Pour de vrai. Voilà bien le comble : j’aime l’univers du jeu, je baigne dedans via mon entourage depuis longtemps, je m’intéresse à son actualité… mais jouer n’est pas fait pour moi. Explications.
Être meilleure spectatrice que joueuse (et encore)
À vrai dire, toutes compétences innées mises de côté pour le moment, le but principal du jeu vidéo tombe un peu à plat avec moi, dans le sens où le scénario, le graphisme et/ou les personnages m’intéressent plus que le gameplay et l’idée de courir dans tous les sens pour gagner un truc et passer un niveau. Ce qui est un peu dommage pour un jeu vidéo, vous en conviendrez.
Oui, voilà, vous m’avez démasquée : c’est moi, la fille chiante qui préfère regarder les cinématiques sur YouTube plutôt que de m’épuiser les nerfs à aider Lara Croft à escalader une montagne dans le bon sens sans aucun égard pour sa propre fatigue physique et mentale. Je dirai même plus : c’est moi, votre pire cauchemar, qui vous regarde jouer en critiquant et se plaint quand vous perdez. (Admettez que c’est d’un ennui mortel que de devoir vous regarder recommencer la même scène. Vous pourriez faire un effort. Je veux voir ce qu’il y a après, moi.)
Typiquement le moment où j’éternue.
Alors, oui, j’ai manqué de me prendre une manette dans le coin du crâne plusieurs fois dans ma petite vie. Surtout de la part de mon grand frère qui, lui, au contraire, pouvait s’acharner sur le même niveau pendant des jours — ce qui n’améliorait guère son humeur à l’égard de mes critiques constructives (« Mais pourquoi t’as sauté, t’es nul », « Là, un méchant ! Là aussi ! Et là ! Lààààà !! ») ou de mon support dynamique (« Mamaaaan u veut me faire manger la maneeeette bouuhouhou »).
Notez bien, cependant, que je ne me targue jamais et en aucun cas de pouvoir mieux faire. Je pose là ma complainte, comme le ferait tout spectateur dans un cinéma qui se retrouve obligé de revoir 50 fois la même scène parce que le projecteur a des ratés. Je le sais bien, que je pourrais aller voir un film et foutre la paix aux gamers honnêtes. Mais ce n’est tout de même pas de ma faute à moi si les scénaristes du jeu concerné ont bien fait leur travail et que je veux voir à quoi ça ressemble sans risquer de décéder de frustration devant le premier obstacle que je rencontre !
D’ailleurs, toute tentative de « ben essaie, toi, si tu es si maline ! » a toujours inéluctablement fini dans les choux, de la même manière que ce brave Prince of Persia finissait empalé dans un piège devant la plate étendue de mon indifférence.
Il n’avait qu’à sauter comme je voulais qu’il saute, ce petit crétin.
« Non mais c’était mieux avant » : de l’art de se réfugier dans le retrogaming
Il faut bien comprendre qu’il me manque plusieurs éléments pour persévérer avec succès dans le monde du jeu vidéo : la patience, une bonne coordination, et une orientation spatiale potable. Faute d’accumuler ces derniers, ma plus grande fierté dans ce domaine demeurera pendant longtemps le fait de ne plus démarrer en marche arrière à Mario Kart (reste à réussir un parcours sans me perdre sur le circuit fléché, lancer une peau de banane sans tomber dans le vide en faisant des tonneaux, et enfin comprendre que la 1ère place n’est pas un mythe).
En même temps — attention, point « c’était mieux avant » en approche — avant, on risquait moins de se perdre dans un jeu. Je veux dire, on allait toujours dans le même sens et puis voilà. Même que je jouais beaucoup à la Nintendo NES, et pour de vrai cette fois ! Les Mario 1, 2 et 3, Bubble et Bobble, Duck Hunt avec cette saloperie de canidé qui ne servait qu’à glousser, Picsou… Bon, je n’en ai jamais terminé aucun (ai-je jamais terminé un jeu ?), mais le coeur et un minimum d’attention y étaient.
Euh, alors attends, pour la forêt, deuxième à droite, puis…
Les choses ont commencé à se compliquer avec ma belle Game Boy colorée et les jeux qui ont suivi le chef-d’oeuvre de haute technologie qu’était alors cette console — auxquels s’ajoute la multiplication des jeux PC, le tout ayant donné des RPG à la pelle et qui nécessitaient l’utilisation d’une CARTE, carrément, dans un univers carrément moins linéaire que tout ce à quoi j’avais été habituée jusque-là. La galère commençait.
J’avais déjà une capacité de concentration assez courte et limitée. Me demander d’aller récupérer la poule du père Castor à côté de chez la mère Michèle pour l’apporter au cuisinier Trucmuche qui la fera rôtir en échange de 10 noisettes pour que je puisse présenter le plat au chef du village Bip de manière à ce que celui-ci me révèle en échange la cachette du médaillon qui chante… C’était trop pour moi. Quand je ne me noyais pas dans les marais en cherchant le père Castor, c’était déjà bien.
« Où est le pèze, manante ? »
D’autant que je n’ai jamais trouvé le RPG qui te permet de latter des PNJ, et que paradoxalement, je ne me suis jamais sentie à l’aise avec l’idée de rentrer chez les gens pour tout casser.
Patience et dextérité font plus que triche ni que rage (non)
Malgré tout, j’ai persévéré pendant un temps. Et quand je dis « persévérer », ça veut dire « essayer un paquet de jeux différents sans jamais les terminer », hein.
Chaque fois qu’un jeu me titillait, au lieu de me caler dans le crâne une bonne fois pour toutes qu’il valait mieux que je me trouve quelqu’un pour jouer à ma place, je m’y mettais, la bouche en coeur… oubliant l’espace d’une seconde que les quelques heures de jeu qui allaient suivre seraient d’une nullité au moins aussi gênante que de ne pas trouver la manche de sa veste quand on est bourré-e.
Nullité suivie de près par un agacement certain qui, ainsi présenté, est sûrement le plus doux euphémisme que j’ai jamais prononcé.
Oh la boulette…
Las ! Parfois, il arrivait que je ne trouve pas le moindre cobaye pour me permettre de jouer par procuration. Voire que même le meilleur des joueurs m’emplisse d’un ennui mortel. Précisons cela dit que ce n’était pas toujours de leur faute : le meilleur des jeux vidéo pouvait rarement se passer de séquences « gesticule pendant 2h dans une salle pour activer le bon levier » (celles pendant lesquelles tu pouvais mourir en tombant d’une caisse alors que tu venais de piétiner trois monstres en même temps par la seule force de tes petits poings).
Je l’avoue : l’opiniâtreté qui me caractérise et qui se manifeste aux moments les plus inutiles me poussait alors à avoir recours à des moyens peu honnêtes. Très vite, je sombrai dans le cheat code.
Ça ne me rendait pas plus douée, mais je perdais moins de temps à trouver le bon objet qui me permettrait d’avoir l’objet qui m’intéresse, ou à ouvrir la bonne porte qui me permettrait d’ouvrir la porte qui m’intéresse (bon sang que ce principe me hérisse les poils). Et je sais bien que les puristes dans l’assistance vont hurler, mais, mes lectrices et lecteurs chéri-e-s, pensez-y deux secondes : vous préférez que je triche… ou m’avoir sur le dos pendant que vous jouez ?
C’est bien ce que je pensais.
La fille qui n’aimait pas jouer
Mon gros problème, je crois que… Oui, déjà, c’est que votre petit cousin est plus doué que moi à Tetris, c’est un fait. Mais, de base, je ne m’investis pas dans le jeu, parce que ce que j’aime dans celui-ci est rarement son but initial.
Prenez l’exemple banal des Sims : je m’en secoue la pomponnette, que ces individus bizarres sur mon écran aient besoin de mon autorisation pour aller faire popo. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de passer en mode construction, balancer du cheat code pour avoir des sous à l’infini, et me faire quelques petits manoirs. C’est tout.
Les vieux jeux vont titiller ma nostalgie le temps de tenir la manette deux minutes. Les nouveaux, mon amour pour les beaux graphismes et certains personnages dans un scénario bien pensé. Les RPG me donnent chaque fois des envies d’aventure avant que je ne réalise qu’il faut commencer par gravir des échelons pour passer de la chasse à la poule au combat contre les forces du mal. Et les jeux de survie vont me pousser à essayer de noyer mon personnage pour en finir.
Je cesse donc bien vite de jouer. Ce qui donne lieu à un cercle vicieux et un peu fourbe… Si je ne joue pas beaucoup, quand je m’y mets, je suis nulle ! Et parce que je suis nulle, je n’ai plus envie de jouer ! Et si je ne joue pas… Voilà, vous avez compris l’origine du démarrage en marche arrière sur Mario Kart.
Mais sinon, j’aime bien les jeux vidéo.
Un jour, peut-être, je pousserai le vice jusqu’à écrire un scénario de jeu vidéo.
(Je rigole, rooh, si vous croyez que j’ai envie de me faire étrangler par le responsable du gameplay…)
Les Commentaires
Ce sont des vidéos qui mettent en parallèle des mouvements ou éléments d'art disons "classique" avec l'univers des jeux vidéos. SUPER bien documenté, on sent que Samai (la madame des vidéos) connaît bien son sujet (l'histoire ne dit pas si elle joue beaucoup ou pas et j'avoue qu'en voyant le début de l'article je m'attendais plus à quelque chose dans ce style. )