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Des « Sims » à « Animal Crossing », la représentation des personnes noires avance (lentement)

Des cheveux crépus de Miles Morales aux afro puffs d’Animal Crossing en passant par la mobilisation autour de la diversité du côté des Sims, les personnes noires sont de mieux en mieux représentées dans les jeux vidéo. Mais il reste du boulot.

En partenariat avec Logitech (notre Manifeste)

« On va mettre le paquet sur la diversité ». C’était le maître-mot du shooting photo que nous avons organisé avec Logitech, leader du matériel gaming, à l’occasion des journées mondiales du jeu vidéo, du 22 au 24 novembre !

Des femmes noires, des courbes, des cheveux afro et aucune sexualisation gratuite, c’est ça notre vision du jeu vidéo, notre hommage à toutes ces gameuses qui ne sont que trop rarement représentées dans leurs œuvres favorites, et notre appel à plus de diversité dans les personnages jouables.

 

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La représentation des personnes noires dans les jeux vidéo, ce n’est ni un caprice ni une pure question esthétique : c’est un sujet politique. Voici pourquoi.

Les personnes noires mieux représentées dans les jeux vidéo

C’est en 1979 que le premier personnage jouable noir a vu le jour dans un jeu vidéoBasketball, sur Atari (les 2000 n’auront pas la ref). Cela fait donc plus de trente ans qu’on peut, et qu’on sait, mettre de la diversité dans les créations, pourtant la représentation des personnes noires dans le domaine laisse encore largement à désirer…

Cependant, plusieurs acteurs majeurs du secteur ont proposé récemment de belles avancées en ce sens !

Spider-Man: Miles Morales et ses cheveux enfin crépus

Le 11 juin 2020, Sony annonce de concert sa nouvelle console, la PlayStation 5, et l’extension Spider-Man: Miles Morales qui permet d’incarner la version afro-américaine du célèbre homme-araignée. Un mois plus tard, le journaliste François Oulac publie sur Le Monde un article au titre percutant : Dans le jeu vidéo, le design des personnages noirs est un enjeu de justice sociale.

Le timing n’a rien d’un hasard, car ce Miles Morales a des cheveux crépus très réalistes par rapport aux représentations imparfaites dont trop de joueurs et joueuses ont dû se satisfaire. François Oulac revient pour madmoiZelle sur l’origine de son article :

« Le point de départ, c’est un tweet que j’ai vu passer : une capture d’écran de l’extension Spider-Man: Miles Morales qui mettait en avant les cheveux du personnage. Partout, des gens se réjouissaient de son apparence.

Connaissant déjà les problématiques liées à la représentation et à l’acceptation du cheveu noir dans la pop culture, j’ai compris qu’il y avait là une piste à suivre. »

Pour comprendre l’importance de ce zoom dramatique sur une ligne capillaire, il faut saisir l’histoire complexe du cheveu noir dans les médias, dans les œuvres culturelles, et donc dans le jeu vidéo. François Oulac explicite les enjeux :

« Il existe une “tradition” consistant à mal représenter les cheveux des personnes noires dans le jeu vidéo. Comme je l’explique dans mon article, ça vient en partie d’un manque de ressources techniques pour représenter les personnages noirs, qui ont longtemps été absents des jeux ; du coup, on n’a pas créé d’outils 3D pour modéliser leurs cheveux ; du coup, on ne met pas de personnage noir parce qu’on n’a pas les ressources pour… c’est un cercle vicieux.

On se retrouve donc avec des options très limitées et pas très bien réalisées, surtout dans les jeux où on peut customiser son avatar : une grosse afro, des dreads épaisses façon Bob Marley, quelques tresses collées, voici de quoi on devait se contenter. Sans parler de l’option “on a gardé des cheveux lisses, on les a juste colorés en noir”.

Le niveau de réalisme, de soin, de variété apporté à la représentation et à la customisation des personnages noirs n’était tout simplement pas le même que pour les personnages blancs, qui deviennent en quelque sorte la représentation humaine “par défaut”. »

L’article de François Oulac a été globalement bien reçu, notamment par les joueurs et joueuses racisées qui ont salué la présence, sur un média généraliste, d’une problématique qu’ils et elles avaient remarquée dans leur quotidien — « la question de la représentation reste un angle d’attaque niche », rappelle le journaliste.

Animal Crossing: New Horizons diversifie ses coupes pour cheveux crépus

Le blockbuster de l’année Animal Crossing: New Horizons a lui aussi proposé une avancée au niveau de la représentation des personnes noires, car la mise à jour d’hiver inclut de nouvelles coiffures, dont plusieurs styles de cheveux crépus !

Si ce changement fait plaisir à voir, il arrive un peu tard : cela fait plusieurs mois qu’une joueuse afro-américaine, Taniesha Bracken-Hucks, a lancé une pétition réclamant plus de coupes adaptées aux cheveux crépus dans Animal Crossing. Elle a récolté près de 60 000 signatures !

Interrogée par Allure, la jeune femme explique :

« Quand j’ai enfin décidé d’embrasser, d’aimer mes cheveux au naturel, ça m’a rendue triste de constater que cette option ne s’offrait pas à moi dans un monde virtuel. »

Aux yeux de Taniesha, cette mise à jour d’Animal Crossing est clairement une victoire. Elle exprime son enthousiasme sur la page de sa pétition :

« Mon cœur va éclater. Je n’arrive pas à le croire, Nintendo nous a écoutées ! On a eu des coupes de cheveux plus inclusives ! J’ai pleuré quand j’ai appris la nouvelle, et j’ai installé la mise à jour dès qu’elle est sortie. Mon avatar me ressemble à présent !

J’ai vu passer beaucoup de commentaires touchants sur des enfants qui ont pleuré en voyant leurs cheveux. Des adultes qui ont pleuré parce qu’ils se sentaient enfin considérés. C’est un pas de géant dans la bonne direction, l’objectif étant que l’inclusivité devienne la norme. »

EA améliore The Sims grâce aux joueurs et joueuses noires

Connaissez-vous les Black Simmers ? Il s’agit d’une communauté de fans des Sims qui customisent le jeu pour y inclure des éléments issus de cultures noires : coupes et textures de cheveux, vêtements, mais aussi petites décorations ou aliments, comme l’explique Numerama.

La passion et la mobilisation de ces Black Simmers, qui ont notamment organisé des manifestations #BlackLivesMatter dans Les Sims, ont poussé EA à réagir.

En août 2020, le studio a annoncé qu’une mise à jour allait venir améliorer les peaux noires et cheveux crépus déjà existants, tout en ajoutant de nouvelles options pour les joueuses et joueurs — qui avaient été plus de 66 000 à signer une pétition allant en ce sens, comme le rappelle Polygon.

L’importance de la représentation dans les jeux vidéo

Nous avons interrogé Brice, le fondateur de Persos Cachés, et Jennifer d’Afrogameuses — deux initiatives françaises visant à mettre en avant les joueurs, joueuses, streameurs et streameuses sous-représentées. Le premier nous explique ce qu’il ressent lorsqu’il se retrouve face à tant de jeux dans lesquels aucun personnage ne lui ressemble :

« J’ai l’impression de ne pas être le public visé par les développeurs, qu’on me dit, à moi et aux gens comme moi : “Non, non, vous, vous ne jouez pas”. »

Même son de cloche du côté de Jennifer, d’Afrogameuses.

« Ne pas se voir représentée, c’est synonyme de ne pas compter, finalement. C’est comme si on prétendait que les minorités (dans mon cas les femmes noires) ne jouaient pas aux jeux vidéo. »

La jeune femme exprime « un sentiment d’impuissance » « On a juste l’impression qu’on doit se taire, faire avec ce qu’on nous donne, en espérant tomber un jour sur un personnage qui nous ressemble vraiment ». Brice, lui, évoque une autre réalité, celle des joueurs et joueurs blancs qui souhaitent maintenir le statu quo.

« C’est encore pire quand je lis les réactions de certains joueurs blancs face aux rares jeux où nous sommes représentés : ils hurlent, demandent des remboursements, parce qu’ils ont du mal à s’identifier aux personnages. Nous, à côté, on n’existe pas, apparemment. »

Les deux activistes se souviennent de leur première rencontre avec un personnage noir jouable — preuve, s’il en fallait, que c’est encore trop rare. Jennifer d’Afrogameuses ne cache pas son émotion :

« Dans TERA, j’avais la possibilité de choisir la couleur de peau que je voulais. Mais le physique du personnage ne changeait pas. Je l’ai mal pris, car dans la vraie vie, les caractéristiques physiques sont différentes, rien qu’au niveau des cheveux ou des traits du visage d’une personne noire.

Par la suite, j’ai joué Senna, que je considère être le premier vrai personnage féminin et noir dans League of Legends. Ça m’a bouleversée car pour la première fois, dans mon jeu préféré, je pouvais jouer un personnage qui me ressemblait vraiment, et pas qu’à moitié ! »

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« Il n’y a aucune ambiguïté. Senna a la peau foncée et porte des tresses : une image qui correspond parfaitement à la femme française et noire moderne. Elle n’est pas métisse ou latina (c’est vers là que se tournent souvent les studios qui souhaitent apporter de la diversité dans leurs créations).

Elle est tout simplement noire et assumée. »

Par un concours de circonstances, Brice de Persos Cachés a pu jouer très tôt un personnage noir.

« J’ai eu beaucoup de chance, parce qu’on a très vite eu une Mega Drive et Streets of Rage. Même tout petit, et pas encore conscient de ce genre de problématiques, Adam était mon personnage préféré. J’imagine que comme tout le monde, on aime bien choisir des personnages qui nous ressemblent…

J’ai bien dû attendre une vingtaine d’années pour réaliser qu’on n’était quasi-jamais représentés et que c’était un vrai souci. »

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La diversité dans les jeux vidéo, ça commence dans les studios

Lorsqu’on évoque les avancées mentionnées ici (Spider-Man: Miles MoralesAnimal Crossing…), les réactions sont bien sûr enthousiastes, mais avec modération. Car comme le note Brice, « c’est quand même après vingt ans que Nintendo a réalisé qu’une couleur de peau différente, ce n’est pas qu’une histoire de bronzage ». Une longue attente que regrette également Jennifer :

« Ce sont des éléments esthétiques qui sont si simples à mettre en place, alors pourquoi ne l’ont-ils pas fait dès le début ? C’est aussi parce que les concepteurs de jeux sont majoritairement des hommes blancs qui ne se sentent pas forcément concernés par ces questions. D’où l’importance de faire appel à des personnes marginalisées pour être inclusif. »

Le fondateur de Persos Cachés abonde en ce sens, rappelant lui aussi que les choses ne peuvent changer que si la diversité a sa place dans les équipes créant les jeux vidéo.

« La représentation passe aussi par la vision du développeur, et tant que les studios resteront aussi peu variés, ça ne bougera jamais. Embauchez plus de minorités. Dans les studios de développement, dans la com, même dans les studios de doublage. Alors, peut-être que ça commencera à changer. »

Les prochains challenges de la diversité dans le jeu vidéo

Bien sûr, la lutte est loin d’être terminée. Il reste encore du chemin à parcourir, au niveau de la représentation des personnes noires dans les jeux vidéo, mais aussi dans tout ce qu’on appelle « diversité » : combien de femmes voilées, combien de héros en surpoids, combien de personnages d’origine maghrébine, sud-asiatique, etc., combien de gens en situation de handicap peut-on incarner ? Bien peu, pour le moment…

Et la représentation n’est pas qu’une question d’apparence. Lorsqu’on l’interroge sur les futurs défis du jeu vidéo concernant la diversité, François Oulac évoque « un décentrage du regard par rapport à l’ethnocentrisme très présent dans l’industrie ».

« Mon rêve serait un jeu de type Assassin’s Creed, mais se déroulant dans un contexte purement africain, ou abordant l’histoire coloniale. La franchise se concentre sur de grands empires du passé, moi j’aimerais qu’on se focalise sur une histoire africaine : on en a marre du Moyen-Âge et de l’Antiquité occidentale !

On peut aussi imaginer des jeux politiques, où l’on joue un esclave tentant de s’échapper, un héros colonisé… Évidemment, on parle là de périodes douloureuses de l’Histoire, mais d’un autre côté on a plein de jeux dans l’Allemagne d’Hitler, alors pourquoi ne pourrait-on pas se mettre dans la peau d’un personnage luttant contre des colons ?

On a déjà tué des tas de nazis dans les jeux vidéo. Pourquoi ne pas y tuer des esclavagistes ? »

Jennifer d’Afrogameuses rêve elle aussi à des récits différents.

« La prochaine étape après avoir inclus des personnages racisés dans les jeux vidéo, c’est de créer des histoires authentiques qui leur ressemblent. Et ça ne peut se faire qu’en collaboration avec les personnes concernées qui ont l’expérience et l’expertise sur ces sujets-là. Il ne faut pas omettre d’intégrer ces gens dans le processus de création et bien sûr de les créditer pour leur travail. »

Voilà qu’on se prend à rêver d’un monde afrofuturiste dans lequel gérer une civilisation, d’une épopée à travers le royaume du Dahomey (Bénin, XVIIe-XIXe siècles) ou d’un jeu à la Batman: Arkham Asylum dans lequel on évoluerait au cœur d’une étroite médina marocaine pour déjouer les plans des colons français. Le potentiel existe, il suffit de l’exploiter !

De notre côté, nous apportons notre petite pierre à l’édifice avec nos modèles diverses, magnifiques et modernes plongées dans leurs univers vidéoludiques grâce au soutien de Logitech. En attendant que tous les jeux vidéo ressemblent à ça !

 

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Les Commentaires

7
Avatar de Yoonishan
28 novembre 2020 à 14h11
Yoonishan
Je viens de m'en souvenir : Un jeu qui fait plus Triple A, l'un des prochains de Bethesda, qui sortira au printemps 2021 : Deathloop
C'est développé par Arkane (Dishonored), et les 2 persos principaux sont respectivement un homme et une femme noirs.


Edit: En parlant de Dishonored, le DLC La mort de l'Outsider met en scène une femme noire

On dirait que Arkane Studios montre le bon exemple !
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