Je reçois souvent des mails de mères inquiètes, souvent pour me parler d’une fille qui veut absolument tenter l’aventure dans le monde du mannequinat au péril de ses études, lâcher le lycée pour risquer de se perdre dans un monde complexe.
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Un corps qui change
En effet, certains reportages télévisés montrent des jeunes filles issus de divers pays, ayant à peine soufflé leurs 14 bougies, dont le corps est à peine formé, envoyées loin de chez elles par un agent scout leur promettant de faire décoller leurs carrières. Dit comme ça, ça peut faire rêver… Mais la réalité est tout autre, comme le reportage d’ARTE Le voyage d’une jeune top model le montrait très bien.
J’avoue que c’est très complexe comme situation. On dit dans le monde de la mode qu’à partir de 18 ans, une mannequin devient « vieille »… mais avant ça, elle est bien évidemment mineure ! Où est le juste milieu ? Ça peut effrayer. Des concours de mannequins exigent que les participantes aient entre 14 et 17 ans, pile dans le créneau de l’adolescence, où les rêves et ambitions se développent sans forcément anticiper le futur, et surtout où le corps, bouleversé par la puberté, est souvent naturellement mince.
Ces concours sont une bonne chose, car les filles repérées et sélectionnées vont être suivies par des agences réputées et sérieuses, qui leur conseille bien souvent de poursuivre leurs études en parallèle de ce début de carrière. À 18 ans elles seront donc prêtes pour se lancer dans le vif du sujet. Et débuter une carrière à plein temps, si elles le souhaitent !
Cependant, postuler de son propre gré à un âge si jeune est difficile. Certes, on peut rêver d’être mannequin, mais il faut savoir que même si on s’en donne les moyens, la réussite n’est jamais assurée. Seul le physique compte, et le physique, aussi entretenu soit-il, n’est pas une valeur éternelle.
Le corps change à une vitesse incroyable. La silhouette menue d’une jeune femme de 16 ou 17 ans ne sera plus la même une fois le processus hormonal enclenché sur vitesse rapide. Les troubles du comportement alimentaire apparaissent souvent à ces âges-là, et beaucoup d’adolescent•e•s se mettent en danger.
Ne plus contrôler l’évolution naturelle de son corps, qui change rapidement, parfois drastiquement, peut être terrifiant, surtout quand le corps est un outil de travail ! Le mannequinat nécessite par conséquent d’être bien entouré•e, d’avoir des ami•e•s de confiance ne faisant pas partie « du milieu », et une famille riche en bons conseils.
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Assurer ses arrières
Le mannequinat est un milieu impitoyable : avoir de l’esprit est apprécié, mais hors caméra, ce n’est pas la première qualité recherchée. De plus la mode change, et une réussite dans ce milieu est bien souvent liée au potentiel de la mannequin, à sa manière de s’adapter aux jobs et aux tendances. On peut donc bien sûr rêver de ce métier, mais il faut tout de même s’accrocher aux valeurs sûres : les études. C’est une base solide, comme une première pierre qui ne tombera jamais et qui offrira d’autres options en cas de problème !
J’ai moi-même opté pour la sécurité, à savoir ne jamais lâcher mon cursus scolaire, et je suis aujourd’hui convaincue que c’était la meilleure des choses à faire. J’ai débuté ma carrière alors que j’étais en terminale, puis j’ai continué mes trois premières années de fac en alternant jobs, castings et cours.
C’était très difficile à gérer, d’autant plus que j’avais beaucoup d’autres activités extra-scolaires. Ce n’est qu’une fois ma licence en poche que j’ai décidé de me consacrer à ma carrière à 100%, en étant sûre de pouvoir retomber sur mes pattes si la mode n’était pas faite pour moi. J’ai pris mon book photo et mon CV sous le bras, direction Paris.
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Des compétences multiples
En plus d’avoir appris l’organisation, j’ai appris à être rigoureuse et à planifier ma vie. Je sais jongler entre plusieurs boulots (liés au mannequinat ou pas) et mes activités secondaires. Cette manière de fonctionner depuis maintenant presque huit ans m’a permise de remplir mes journées et de rencontrer plus de monde que je ne l’aurais cru. Je ne sais toujours pas comment j’ai réussi, mais je l’ai fait !
Aujourd’hui, j’ai carrément besoin d’être en effervescence permanente, de voyager, de rencontrer des inconnu•e•s, d’échanger sur le métier. C’est devenu une « addiction » très fatigante, mais utile pour mon épanouissement personnel.
J’aime rassurer les mères et les jeunes filles qui me posent des questions en leur disant que cette aventure est possible. Il faut cependant veiller au grain les premières années. Les premiers jobs peuvent monter rapidement à la tête et l’entrée en agence peut faire perdre pied. L’idée est de rester humble quoiqu’il arrive et de compter sur le soutien de ses proches en cas de déception, car il en existe énormément dans ce monde-là.
Il faut toujours garder en tête que cette carrière est éphémère mais peut servir de tremplin vers un emploi futur lié à l’image. Il faut en vouloir pour percer et ne jamais baisser les bras, tout en sachant que ça ne durera pas. C’est troublant, c’est vrai, mais pour ma part c’est un rythme qui me plaît et un challenge quotidien terriblement excitant !
Ça ne conviendra pas à tout le monde, car la sécurité de l’emploi n’est pas au rendez-vous — ce qui est clairement une réalité à prendre en compte. Mais après tout, j’aime ne pas savoir où je serai demain ! Et en ce qui concerne mes plans de vie personnelle, je les construis doucement, au jour le jour…
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