La communication de crise serait presque devenue un art : affaire Strauss-Kahn, affaire Kerviel, affaire Gasquet… les rebondissements de ces feuilletons médiatiques n’ont rien à envier à certaines oeuvres de fiction. À ceci près que l’écran noir du générique peut signifier la ruine de l’entreprise et des personnes concernées.
Les « spin doctors », entre illusionnistes et manipulateurs ?
La carrière de Strauss-Kahn n’a pas survécu à son accusation de viol (la victime a abandonné les poursuites pénales), celle de Gasquet a finalement peu souffert de son contrôle positif à la cocaïne. L’un et l’autre ont vu leur cas instruit par « le tribunal médiatique » : pendant plusieurs semaines (voire plusieurs mois), la presse et les réseaux sociaux ont relayé les dernières nouvelles, les rumeurs, les rebondissements.
En coulisses, des consultants en communication de crise viennent conseiller entreprises et personnalités influentes lorsqu’elles sont empêtrées dans la tempête médiatique. Plus ils interviennent en amont, mieux la communication est maîtrisée.
Jeu d’influences, les deux documentaires de Luc Herman et Gilles Bovon, présentent certains de ces « spin doctors », ces professionnel•le•s de la communication de crise, appelés à la rescousse en cas de crise d’image — et oui, on y trouve aussi des femmes, bien qu’il s’agisse d’un univers encore très masculin.
Le premier épisode nous emmène entre autres dans les coulisses des affaires Gasquet et Kerviel, nous montre comment les équipes ont conseillé leur « camp », comment les journalistes ont fait face aux tentatives d’influences, et sont parfois tombés dans le piège en reprenant le scénario des communicants.
J’ai pu voir cet épisode en avant-première, et je ne vous cache pas que j’ai eu mal au journalisme. Avec le recul, de ce côté-ci de la caméra, les ficelles paraissent énormes. Mais face à l’écran de télévision, je ne soupçonnais pas tant de détails dans la planification de chaque nouvelle intervention médiatique !
Le deuxième épisode, diffusé ce soir également, porte sur la communication en politique à travers l’affaire Cahuzac, mais aussi la campagne présidentielle de François Hollande
Le serious game Jeu d’influence en ligne : à vous de jouer
Et vous, comment réagiriez-vous si vous étiez chef d’entreprise, et que votre plus proche collaborateur commettait un suicide ?
Dans la peau de Louis Esmond, le PDG d’Habinat, vous prenez les décisions : décrocher le téléphone ? Laisser un message ? Accepter un conseil ? Refuser une conférence de presse ? Vos décisions ont des conséquences qui vous échappent complètement, et devoir choisir entre deux mauvaises options est un exercice particulièrement délicat…
Attention à garder votre niveau de stress sous contrôle, seul paramètre que vous maîtrisez à peu près. Je n’ai pas réussi à aller bien loin, mais peut-être qu’il y a une morale, au fond, à cette histoire : quand on n’est pas complètement innocent, il serait normal de ne pas réussir à s’en sortir blanchi par quelques tours de passe-passe médiatiques ? On peut toujours rêver…
Jeu d’influences, les stratèges de la communication, ce soir à 20h35 sur France 5
(visibles sur Pluzz après la diffusion)
- Première partie : les crises
- Deuxième partie : les politiques
Cette série documentaire se décline également à travers un livre de Luc Hermann et Jules Giraudat, à paraître le 9 mai.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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