À Canneséries, événement culturel annuel qui fait concourir les meilleurs programmes internationaux dans la plus splendide des villes de la Côte d’Azur, il n’y a pas que des projections et des robes à strass sur des tapis roses, mais aussi des masterclass et autres conférences, qui permettent au public de découvrir les individus derrière les séries télé qu’ils affectionnent.
Dimanche 3 avril s’est donc tenu une rencontre avec le créateur et réalisateur de la série Squid Game, Hwang Dong-hyuk, à l’occasion du Canneséries Writers Club, qui réunit des scénaristes et leur permet de rencontrer des grands noms de la création sérielle.
On s’est totalement incrusté dans cette petite réunion, parmi plein de talents internationaux, et on a bien fait !
Car Hwang Dong-hyuk est un homme toujours affable et souvent drôle, qui confirme bien l’adage « l’habit ne fait pas le moine ».
Hwang Dong-hyuk : mieux vaut tard que jamais
Il a l’air on ne peut plus sérieux avec ses lunettes sans montures et ses sourcils froncés. Pourtant, Hwang Dong-hyuk est résolument prêt à la déconne et l’a prouvé pendant l’heure de masterclass qu’il a dispensé aux scénaristes du Canneséries Writers Club.
Nous, en catimini, fondue parmi les auteurs, on s’est délecté de chacune de ses interventions. Il faut dire qu’il en a des choses à nous apprendre, ce réalisateur et auteur sud-coréen de 50 ans, dont la série Squid Game est la plus regardée de l’histoire de Netflix.
L’animatrice rappelle ainsi que le programme a a été vu plus d’1 milliard de fois, et qu’un abonné de la plateforme sur deux a de ce fait regardé le show.
Des chiffres considérables qui ont catapulté Hwang Dong-hyuk au rang de scénariste superstar.
Pourtant, ça n’était pas gagné pour l’auteur, qui commence par se plaindre du froid qu’il fait actuellement à Cannes avant de préciser qu’il est déjà venu sur la Croisette, 18 ans auparavant, pour présenter un court-métrage.
« Quand j’ai commencé à écrire Squid Game, en 2009, personne n’en voulait. Tout le monde me disait que c’était trop violent, trop absurde. Alors j’ai abandonné le projet, je l’ai laissé dans un tiroir.
Au départ, vous ne le savez peut-être pas, Squid Game était destiné à être un film. Film que son auteur a décidé de délaisser jusqu’à ce que le moment soit venu de lui laisser une seconde chance.
« Après, cet échec, j’ai fait 3 films. Et puis, en 2018, j’ai ressorti Squid Game de mon tiroir. Et l’un de mes amis, qui travaillait chez Netflix, a filé mon scénario à la plateforme coréenne, et elle a adoré. Netflix a dit : faisons-le, mais sous forme de série. »
Ainsi, il a fallu transformer tout le scénario, prévu pour la fabrication d’un film, en scénario de série de 9 épisodes.
« Ça m’a pris 6 mois de tout changer. Normalement, je suis un auteur rapide, donc je pensais que ça ne me prendrait pas beaucoup de temps. Et j’avais tort ».
Hwang Dong-hyuk et ses personnages
Quand on lui demande de qui il s’est inspiré pour écrire ses personnages, Hwang Dong-hyuk répond tout simplement :
« J’ai puisé en moi. C’est ce que font la plupart des auteurs. Moi, j’ai été puiser dans ma vie, et dans celle de mes proches aussi. J’ai étudié mes amis, et j’ai un oncle en particulier qui m’a inspiré. »
De quoi confirmer les conseils de tous nos profs, à la Fac, qui nous répétaient perpétuellement que pour écrire quelque chose d’intéressant, il convient de parler de ce qu’on connait, de puiser en nous.
Vous savez, il y a beaucoup de moi dans le personnage de Seong Gi-Hun. Avant, j’étais très, très fauché. J’étais très en colère. Je buvais beaucoup. Un jour, par exemple, j’ai voulu retirer de l’argent à la banque et aucun billet n’est sorti du distributeur. Alors j’ai demandé au guichet pourquoi, et la personne m’a répondu que je n’avais que 5$ sur mon compte en banque. […] Si je n’étais pas devenu auteur et réalisateur j’aurais peut-être, qui sait, participé à Squid Game, si j’avais vécu dans l’univers de ma série ».
Hwang Dong-hyuk n’est pas fan de séries
Si vous faites partie du milliard de personnes qui a regardé Squid Game, vous avez sans doute été happée par sa gestion du suspens et du cliffhanger.
Une maestria qui pourrait laisser croire que le créateur lui-même est un énorme consommateur de séries.
Que nenni !
Devant le petit groupe de scénaristes hilares, il déclare :
« Je ne suis pas du tout fan de séries. Je n’en regarde quasiment pas d’ailleurs. Je consomme davantage de films, en revanche. Mon show préféré, et quasiment le seul que j’ai regardé jusqu’au bout, c’est Breaking Bad. Ah oui, et Mindhunter aussi ! »
Avant qu’on le quitte, le créateur émérite, qui captive encore plus à mesure que passe les minutes passent, précise :
« Il va y avoir une saison 2 de Squid Game, mais pour être honnête, je n’ai écrit que 3 pages de scénario (rires). Je sens que je vais encore perdre des dents [lors de l’écriture de Squid Game saison 1 l’auteur avait perdu des dents, à cause du stress NDLR]. »
Hwang Dong-hyuk s’est ensuite fondu dans une masse d’auteurs réclamant des selfies, et nous par pudeur, et aussi parce qu’on était pas censé être là, on s’est glissée vers la sortie, encore pleine du rire d’un créateur qui, décidément, n’est pas là où on l’attend.
Regarder Squid Game sur Netflix
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Crédit photo à la Une : Squid Game via Allociné
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