Lundi 14 décembre 2020 : les fans de Little Mix — Mixers pour les intimes — se souviendront de cette date pendant longtemps. Un peu comme un 31 mai 1998 pour les fans des Spice Girls (le départ de Geri Halliwell) ou un 25 mars 2015 pour les Directioners (bye bye Zayn).
Car ce 14 décembre 2020, dans un post Instagram, Jesy Nelson, membre du quatuor féminin Little Mix, a annoncé son départ du groupe.
Jesy Nelson quitte Little Mix
« Les neuf dernières années au sein de Little Mix ont été les plus incroyables de ma vie. Nous avons réalisé des choses que je n’aurais jamais cru possibles. […] Après beaucoup de réflexion, c’est avec le cœur lourd que j’annonce quitter Little Mix. »
Les rumeurs enflaient sur le possible départ de la jeune femme qui s’était retirée des apparitions publiques du groupe depuis novembre, pour raisons médicales. Dans son post Instagram, Jesy explique vouloir se concentrer sur son bien-être.
« Arrive un moment dans la vie où il faut recommencer à prendre soin de soi au lieu de chercher à rendre les autres heureux et je pense qu’il est temps que je commence à faire cela. »
Depuis les débuts de Little Mix, la jeune femme est victime d’un cyberharcèlement très violent qui a lourdement impacté sa carrière et sa santé mentale.
Jesy Nelson des Little Mix, cyberharcelée et insultée pour son poids
« Je viens de gagner “X Factor” et pourtant tout ce que je veux, c’est retrouver ma vie d’avant. »
Le 11 décembre 2011, Leigh-Anne Pinnock, Jade Thirlwall, Perrie Edwards et Jesy Nelson sont couronnées grandes gagnantes de la saison 8 du télé-crochet britannique The X Factor.
Mais le conte de fées tourne rapidement au cauchemar pour Jesy Nelson. Elle l’explique dans son documentaire poignant Jesy Nelson : Odd One Out, diffusé en 2019 sur la BBC.
Sur les réseaux sociaux, Jesy est appelée « la grosse » ou « la moche ». Des messages sexistes et grossophobes constants qui la poussent à se détester.
Dans Odd One Out, la jeune femme avoue avoir toujours du mal à regarder des anciennes prestations de Little Mix. Alors que son poids fait l’objet de critiques, elle s’affame pour que les insultes s’arrêtent. Seulement, c’est rarement le cas…
En 2013, Little Mix est invité à interpréter son nouveau single sur la scène de The X Factor
. Jesy affiche une silhouette affinée. Mais quand elle reprend son téléphone, les trolls (parmi eux l’éditorialiste d’extrême-droite Katie Hopkins) sont toujours là pour l’insulter.
Suite à cette prestation, Jesy explique avoir tenté de se suicider.
Le cyberharcèlement et son impact tragique sur la carrière de Jesy Nelson
Dans sa vie de tous les jours, les effets du cyberharcèlement se font ressentir. Sur les tournages de clips, Jesy Nelson est très critique envers son apparence, explique souffrir de la pression d’être irréprochable physiquement et n’hésite pas à se qualifier de « rat moche ».
« Les trolls ont volé sa passion et son amour [pour la musique] », affirme sa co-star Jade Thirlwall dans Odd One Out.
Même après ce documentaire plébiscité par les médias, l’acharnement sur les réseaux sociaux continue. Son départ du groupe en est la triste conséquence. Jesy explique :
« La vérité, c’est que dernièrement, faire partie du groupe a eu un vrai impact sur ma santé mentale. Je trouve ça très dur, de supporter les pressions constantes qui accompagnent le fait de faire partie d’un groupe féminin et de répondre aux attentes qui vont avec. »
Les chanteuses, toujours en première ligne de la haine
Le cas de Jesy Nelson est le reflet d’une triste réalité déjà bien trop connue : le cyberharcèlement a des impacts désastreux sur la vie de ses victimes — troubles du comportement alimentaire, dépression, pensées suicidaires…
Dans l’industrie musicale, les jeunes femmes sont les premières à en faire les frais. Le départ de Jesy des Little Mix n’est qu’un rappel que la société attend des chanteuses qu’elles soient d’abord un corps, puis une voix. Billie Eilish, Lizzo, Adele… de nombreuses pop stars font les frais d’attaques misogynes et grossophobes qui se sont accentuées avec les réseaux sociaux.
Peu de groupes féminins ont réussi à s’imposer ces dernières années. Little Mix est l’un des rares depuis les Spice Girls à vraiment compter sur la scène musicale. En gagnant The X Factor, ses membres ont aussi formé l’un des premiers girls band à être scruté sur Twitter, Facebook et autres réseaux sociaux, qui n’existaient pas à l’époque de Geri Halliwell.
L’amitié entre Jesy, Perrie, Jade et Leigh-Anne a souvent été plébiscitée, leur lien paraissant sincère et fort. Elles n’ont jamais voulu se comparer entre elles mais les trolls ont forcé Jesy à ne voir que leurs différences et se sentir inférieure…
Au final, Little Mix et ses Mixers n’ont pas suffi pour protéger Jesy Nelson de la cruauté d’internet. Si beaucoup de fans la félicitent de faire passer sa santé mentale avant le groupe, il reste triste qu’elle en soit arrivée là.
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Les Commentaires
Ce que tu dis est intéressant, hein. Mais c'est pas seulement les internautes qui sont plus "méchants" que les gens d'avant, c'est aussi que le modèle économique des grosses boîtes cherche à faire monter ces commentaires là.
Par exemple twitter, c'est pas un bon endroit pour discuter, c'est une foire. Mais c'est parce que les financiers ont vu que ce qui faisait que les gentes restaient sur un site, c'est parce qu'ils sont énervés. Apparemment l'ernevement c'est ce qui fait que tu restes plus sur un site, pour voir la suite ou pour répondre (et du coup tu vois plus de pub donc ça rapporte plus de mettre en avant les messages agressifs).
Donc c'est pas juste les gentes qui sont plus "harceleurs" qu'avant, c'est aussi l'outil où ils s'expriment qui est pensé pour les faire devenir comme ça. C'est orienté quoi. Tu as un article de la Quadrature du net qui en parle un peu :
"ces mêmes entreprises sont aussi celles qui mettent en avant des contenus polémiques, violents, racistes ou discriminatoires en partant de l’idée que ce sont ceux qui nous feront rester sur leur plateforme. Le rapport visant à « renforcer la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur Internet », commandé par le Premier ministre français et publié en septembre 2018, l’explique très bien. Il dénonce « un lien pervers entre propos haineux et impact publicitaire : les personnes tenant des propos choquants ou extrémistes sont celles qui « rapportent » le plus, car l’une d’entre elles peut en provoquer cinquante ou cent autres. Sous cet angle, l’intérêt des réseaux sociaux est d’en héberger le plus possible ». Plus généralement, le rapport regrette la « règle selon laquelle un propos choquant fera davantage de « buzz » qu’un propos consensuel, alimentant de façon plus sûre le modèle économique des plateformes »."
Si ça t'intéresse tu as des "solutions" pour ça : faire une mini plainte sur une plate-forme dédiée, là le message est retiré dans le doute, et la personne a le droit de maintenir son message ensuite. Et si c'est du harcèlement maintenu la personne victime pourrait aller en justice. Je sais plus où j'avais vu ça, Exegètes amateurs ou autre chose, mais bon c'était l'idée.