Ce jeudi, on a célébré le fait que Jésus soit remonté voir son père au paradis au lieu de continuer à nous tendre l’autre joue. Quel meilleur prétexte pour parler du Messie dans la pop culture ?
Moi, j’aime bien l’image pop de Jésus, l’idée qu’il serait le premier communiste, le premier hippie et autres raccourcis du même acabit ; j’aime son côté vulgarisateur de la foi avec les paraboles, les tableaux kitsch où il a de longs cheveux soyeux et même les angelots dodus et fessus qui vont avec.
Et même si j’ai parfois un peu de mal avec ce que la pop culture fait de ce pauvre Christ, il est souvent assez irrésistible. Voici quelques exemples non négligeables de détournement de J.C. !
Jésus revient… en chanson
Ça fait quelques siècles que Jésus pousse la chansonnette sans que ça dérange vraiment les gens. Berlioz, Haendel, Liszt, pour ne citer qu’eux, lui ont consacré des heures de musique et vu qu’ils bossaient souvent main dans la main avec le clergé, ça ne devait pas trop poser de souci.
Plus récemment, Andrew Lloyd Weber (Cats, The Phantom of the Opera) a créé l’opéra rock Jesus Christ Superstar qui a, lui, été boycotté voire interdit par les instances religieuses ! Il faut dire qu’il présente un Judas plutôt sympathique et une foultitude d’anachronismes…
Néanmoins, je ne peux que recommander le visionnage du film de 1973. Pour sûr, ce n’est pas une oeuvre de foi (et encore, on sent que les gens qui l’ont écrit avaient vraiment lu et étudié le Nouveau Testament) mais une oeuvre tout court, ça oui !
La première chanson avec le grandiose Carl Anderson en Judas
À 4 min 35, le « Amen » le plus épique du monde !
Jésus héros de BD
Jésus vu par Loys Pétillot, Jean-François Kieffer et Kozumi Shinozawa
Jésus en BD, croyez-le ou non, mais c’est toujours épique ! Qu’on soit croyant-e ou pas, son histoire est quand même assez incroyable, dense et passionnante. Et elle a inspiré de très nombreux artistes, qui ont soit adapté soit carrément détourné son oeuvre. En voici quelques-uns.
Je l’ai déjà dit dans mon article sur Bayard Jeunesse : quand j’étais petite, j’étais abonnée à Grain de Soleil/Filotéo et dedans, il y avait les BD bibliques de Jean-François Kieffer que j’aimais beaucoup. Encore aujourd’hui, je trouve beaucoup de charme à sa ligne claire hyper précise et épurée.
Un peu plus tard, j’avais dévoré une grosse BD pourtant pas folichonne maintenant que j’y pense : Jésus de Nazareth par André Sève et Loys Pétillot. Le trait était très réaliste, le découpage hyper rigide et les bulles grosses et ennuyeuses… Enfin, cette BD commence à dater aussi. Plus récemment, devinez ce qu’on a sorti ?
Jésus en manga ! Si si ! Quoi de mieux pour répandre la bonne parole que de la décliner sous ce format ? La Bible en manga, c’est plus attrayant que les vieilles BD franco-belges avec des bulles de quinze pages. Le chara-design un peu rétro de la dessinatrice Kozumi Shinozawa me déplaît un peu, mais Jésus qui marche sur la mer et répand moult miracles avec lignes de vitesses et découpage épique, c’est plutôt badass.
Jésus et Bouddha vus par Hikaru Nakamura
Sinon, pour s’éloigner de l’Evangile mais rester en terre sainte, Les vacances de Jésus et Bouddha est un des meilleurs mangas humoristiques qu’il m’ait été donné de lire. Le pitch est délirant : Jésus et son ami Bouddha prennent des vacances sur terre, à Tokyo. En plus des difficultés de la vie moderne avec budget serré et dépenses restreintes, des invités saints viennent squatter de temps à autres… Et puis il faut aussi compter sur les miracles incontrôlés : Jésus transforme toute sa vaisselle en pain ; quand il fait du sport et essuie sa sueur, son t-shirt se change en nouveau Voile de Véronique, et il sépare l’eau de la piscine en deux !
Bref, Les vacances de Jésus et Bouddha, c’est un humour de situation dénué de cynisme que tout le monde peut apprécier, même les plus ignares en matière de religion.
Jésus dans ta télé
S’il y a un truc qui reste assez remarquable, c’est que Jésus, en dépit de tout bon sens, est toujours blanc comme un cachet d’aspirine malgré ses changements de look et réactualisations. Dans La Passion du Christ de Mel Gibson par exemple, c’est à peine si ce bon vieux Christ est un peu bronzé.
Cette erreur a heureusement été réparée par Huey Freeman dans la série animée Boondocks, où il voit son spectacle de Noël boycotté parce qu’il a osé faire jouer Jésus par un noir :
Vous pouvez en apprendre plus sur les aventures de Black Jesus ici
Continuons dans le détournement avec le Jésus de
South Park. Là, on entre tout de suite dans un humour moins bienveillant et plus cynique : South Park tape sur tout le monde sans distinction et ça peut faire mal !
Le Jésus présentateur de talk-show qu’ils mettent en scène a parfois de bons moments mais c’est souvent… pas bien subtil, disons.
Jésus sauce South Park et Buddy Christ
Enfin, dans son genre, le film Dogma frappe aussi très fort. Dans une scène devenue culte, on voit le cardinal Glick dévoiler à la foule un Jésus remis à neuf : Buddy Christ, ou le Pote Jésus en français !
Ce désir de moderniser la religion n’est pas si éloigné de la réalité, comme en témoigne le buzz récent autour d’une campagne de pub chrétienne qui avait commis l’erreur d’inverser les textos.
Alors que cette conversation par SMS devait illustrer l’insensibilité d’un-e croyant-e à l’égard de Jésus, on a ici l’impression que c’est le Christ qui ignore sèchement celui qui l’appelle. C’est ballot.
– Hey – Quoi de neuf ? – Il faut qu’on parle – Ça peut pas attendre ? Je suis occupé là – C’est ça le problème. Tu sembles trop occupé pour moi – Je trouverai un moment pour toi. Peut-être demain.
Jésus le troll trop lol
On arrive à la partie sauvage de l’Internet ! Numérotez vos acabits ! Le Buddy Christ a été en effet repris dans de nombreux mèmes, et si certains sont plutôt fins et y vont de la petite blague biblique ascendant pop culture, d’autres… versent peut-être un peu trop franchement dans le mauvais goût.
Petite sélection de mes mèmes Jesus préférés :
Le premier m’interpelle… je sais pas, Jésus, un dinosaure… c’est tendre et doux…
Le deuxième : Est un zombie, te laisse manger son corps. Le Jésus cool, quoi.
Le troisième (jeu de mots rigolo) : Besoin d’une arche ? Je con-Noé un gars !
J’ai aussi un faible pour ce beau Jésus Hipster, toujours à l’avant-garde : Je suis mort pour tes péchés avant que tu ne les commettes.
Dans le même genre, de brillants anonymes ont lancé des blogs autour du Christ à l’exemple de Coffee with Jesus. Mais en France, on a tellement le swag que Jésus a même un skyblog. Ça fait longtemps qu’il n’est plus actualisé d’ailleurs mais je garde l’espoir qu’il ressuscite (JEU DE MOTS) !
Rendez-vous donc sur JC2Nazareth où Jésus, avec une orthographe digne de Baborlelefan, détourne images saintes et paroles d’Evangile dans une cacophonie criarde d’assez mauvais goût… Mais assez irrésistible.
Jésus a du mal à faire son choix au Mc Do sur le skyblog jc2nazareth.
Moqué et parodié à foison, Jésus est néanmoins traité avec une certaine tendresse par les trublions de la pop culture. Iconique et encore très proche de nos questionnements contemporains, il trimballe surtout avec lui deux millénaires de culture avec un grand C qu’il est toujours plaisant de détourner !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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