Sur Rockie, on vous a déjà parlé plusieurs fois des violences obstétricales subies par les personnes qui accouchent. Mais en général, ce sont plutôt des lanceuses d’alertes, militantes ou collectif de patientes qui prennent la parole sur le sujet.
Le 11 novembre dernier, c’est une sage-femme, Anna Roy, chroniqueuse dans l’émission La Maison des Maternelles et créatrice du podcast Sage-Meuf, qui raconte dans un texte percutant publié sur son compte Instagram comment le manque de moyens à l’hôpital public l’a poussé à commettre des maltraitances.
« Je laisse une femme sans péridurale qui hurle de douleur »
Une nuit où les salles de naissance de la maternité sont surchargées, elle s’occupe d’une femme qui porte un bébé dont le rythme cardiaque est très inquiétant. Et pour gérer cette urgence vitale, elle laisse de côté toutes les autres femmes.
« Pour que cet enfant vive :
Je laisse une femme sans péri[durale] qui hurle de douleur faute d’accompagnement. Elle est venue seule et elle comptait sur moi. Son conjoint l’a quitté pendant la grossesse. Maltraitance.
Je laisse une femme dont le travail n’avance pas, je ne la posture pas, j’administre pas ce que je devrais injecter, je ne fais rien de ce que je devrais. Je majore son risque de césarienne faute de temps. Maltraitance.
Je laisse des femmes désespérées en salle d’attente dont une qui vient parce que son bébé ne bouge plus. Maltraitance. »
Vous l’ignorez peut-être si vous n’avez jamais mis les pieds dans une maternité ou regardé Baby-Boom, mais les sages-femmes accompagnent en général plusieurs femmes en travail en même temps, en passant d’une salle de naissance à l’autre.
Et quand toutes les salles sont occupées, il y a tout simplement trop de choses à gérer en même temps pour pouvoir offrir un accompagnement respectueux des personnes qui donnent la vie.
Une femme = une sage-femme
Suite à ce texte, une pétition pour réclamer plus de moyens pour les sages-femmes, a été lancée par Anna Roy, plusieurs journalistes et mères spécialisées dans les questions de parentalité. Leur mot d’ordre ? Une femme = une sage-femme.
« En la signant, vous participez à demander à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République et Monsieur Olivier Véran, Ministre de la Santé, de changer la norme, de donner les moyens aux sages-femmes et à leurs collègues de restaurer l’humanité en salle de naissance, en suites de couches, en ville, partout. »
Pour des naissances respectées, pour pouvoir accueillir nos enfants dans des bonnes conditions, il faut que chaque parturiente puisse être soutenue par une professionnelle de santé, depuis son arrivée à la maternité jusqu’à la délivrance, mais aussi pendant la grossesse et en suites de couches.
Pour avoir eu la chance d’être la seule femme de la maternité à avoir accouché la nuit où ma fille est née, je sais combien cet accompagnement peut tout changer.
Il est rare d’entendre des professionnel·les de santé prendre la parole sur les violences obstétricales et reconnaître des maltraitances, et souvent on a tendance à opposer les deux camps, comme s’il y avait les patientes d’un côté et les soignant·es de l’autre.
Cette initiative montre que nous sommes tous et toutes dans le même bateau, et c’est une bonne chose.
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