Article initialement publié le 19 juin 2012
La collaboration entre Jeremy Scott et la marque Adidas connaît un certain succès (Emilie t’en parlait justement au tout début de l’année). Entre ovnis visuels et créations plus mainstream et – dirons-nous – potentiellement « enfilables », le designer est prolifique et laisse libre court à son imagination débordante.
Mais il semblerait qu’il soit cette fois-ci allé un peu trop loin : sa toute nouvelle création dévoilée la semaine dernière, les JS Roundhouse Mid sneakers, a fait parler d’elle en des termes peu élogieux. Pourquoi ? Parce qu’un gros bracelet pour cheville est relié à la chaussure par une chaîne et que certains internautes y voient une ressemblance avec les fers aux pieds des esclaves jadis aux États-Unis, voire tout simplement des menottes pour empêcher les prisonniers de se sauver, comme le souligne le site Jezebel.
Comme tu pourras le lire sur Jezebel et sur bon nombre d’autre médias, certains se demandent si ces chaussures ne sont pas un peu, voire complètement racistes. Depuis la publication de la photo dévoilant le design de ces Adidas Jeremy Scott, les JS Roundhouse Mid, sur la page Facebook de la marque (un post qui a vite été retiré suite à la déferlante de commentaires négatifs), de nombreux fans ont exprimé leur incompréhension et leur déception par rapport à ce qu’ils voyaient comme du racisme et du mauvais goût.
Cette thèse qui verrait du racisme dans ces Adidas, j’ai personnellement du mal à la comprendre et encore plus à la soutenir, parce que cela reviendrait à dire que les chaussures de ce genre sont principalement portées par des Noirs, et les remettre ainsi à leur éventuel statut de descendants d’esclaves et de potentiels futurs délinquants, ce qui reviendrait à dénoncer du racisme en se basant sur un stéréotype raciste.
Par contre, pour le mauvais goût esthétique de la création, ça va, j'ai saisi.
Évidemment, la réponse d’Adidas ne s’est pas faite attendre et Lauren Lamkin, représentante pour la marque, a tenté de faire taire la controverse en justifiant cette exubérance par la créativité de Jeremy Scott :
« Le design de ces baskets […] n’a rien à voir avec l’esclavage. Jeremy Scott est réputé pour être un designer au style original et léger. »
À la théorie d’une évocation de l’esclavage, Foster Kamer pour le New York Observer préfère croire que Jeremy Scott s’est inspiré de My Pet Monster
, cette peluche avec des grandes dents, un regard effrayant, une fourrure d’un bleu électrique et une paire de menottes orange fluo reliant ses deux pattes. Il ajoute que Jeremy Scott a toujours clamé qu’il aimait à s’inspirer des cartoons : « Les cartoons ont toujours fait partie de ma vie. J’ai grandi à la campagne, avec une très mauvaise réception pour la télé, mais j’avais un nombre incalculables de cartoons sur VHS« , a-t-il déclaré en octobre dernier à Fuel Your Illustration.
Foster Kamer rappelle également que les codes couleurs de My Pet Monster sont semblables à ceux des sneakers par qui le scandale est arrivé, et note que des blogueurs avaient réussi à faire le rapprochement entre l’égérie en peluche et les chaussures en question.
Tout de suite, ça fait moins controversé.
Mais la marque allemande a cédé : alors que je relisais ce papier pour qu’il parte à la relecture, on apprenait par @nekkoto sur Twitter que les Adidas Jeremy Scott étaient retirées du marché sur lequel elles n’étaient pas encore. Comme on peut le lire sur le blog Big Browser et Next, Adidas a aujourd’hui annoncé dans un communiqué qu’elle ne commercialiserait pas les sneakers :
« Depuis que la chaussure a été présenté lundi sur notre page Facebook, […] Adidas a reçu beaucoup de commentaires, positifs et négatifs. Nous nous excusons si des personnes ont pu être choquées par le design de cette chaussure, et nous annulons sa commercialisation. »
Et depuis, vous savez quoi ? Sur la page Facebook d’Adidas, des centaines de fans fustigent le manque de cran de la marque et viennent soutenir la thèse qui voudrait que Jeremy Scott se soit inspiré de My Pet Monster.
Et toi, qu’est-ce que tu penses de cette polémique ?
Les Commentaires
Le pire commentaire, vu sur Libération : "Ces chaussures sont scandaleuses, vous venez de perdre un consommateur pour toujours" (Michael Minter) Euh, ouais, super mec, mais si l'esclavage te pose problème, pourquoi étais-tu jusqu'alors consommateur chez Adidas ???!!!
Qu'est-ce que est le plus grave ? Des milliers d'ouvriers et d'ouvrières dont les droits les plus élémentaires sont bafoués en 2017, ou de ridicules chaussures qui peuvent éventuellement faire penser à l'esclavage du XIXème siècle ?