La pression que l’on met sur les femmes pour qu’elles aient des enfants est forte et constante, par le biais de questions et de réflexions du style « Alors tu t’y mets quand ? », « Avoir des enfants, c’est le plus grand bonheur qu’une femme puisse connaître »… Toutes ces phrases sous-entendent qu’une femme restant nullipare a loupé quelque chose, a égoïstement privilégié d’autres aspects de sa vie.
C’est le cas pour toutes les femmes, mais lorsqu’il s’agit de stars, la pression est d’autant plus forte que ce choix (ou non) de ne pas avoir d’enfant est médiatisé, commenté et bien sûr… jugé !
Jennifer Aniston, enceinte environ 1 000 fois selon les médias
C’est ce qui arrive depuis bien longtemps à l’actrice Jennifer Aniston, qui n’a pas eu d’enfant mais dont le ventre a été analysé sous toutes les coutures au moindre renflement et dont les choix de vie sont sans cesse critiqués.
Fatiguée de toutes ces conjectures et accusations, elle vient de répondre dans une interview au Hollywood Reporter : non, elle n’a pas privilégié sa carrière à la maternité ! Et elle aimerait qu’on la laisse tranquille… L’actrice précise que toutes ces allégations l’ont beaucoup atteinte :
« Vous n’avez aucune idée de ce qui se passe personnellement, si médicalement je peux ou pas procréer. Puis-je avoir des enfants ? Ils ne savent rien, et c’était vraiment blessant et tout bonnement méchant. »
Cette possibilité d’avoir un enfant ne regarde que les couples ou les femmes en question et ne devrait pas être pointée du doigt par les tabloïds. Jennifer Aniston, qui a été avec Brad Pitt et Justin Theroux, a beaucoup souffert de ce manque d’intimité :
« Avoir un enfant, comme vous vous en doutez, est un sujet qui ne concerne que le couple ou la personne en question. »
Il y a quelques mois encore, lors de l’épisode des retrouvailles de Friends, de nombreux tabloïds avaient à nouveau lancé des rumeurs sur une adoption en cours par la star de 52 ans. Elle avait les avait démenties à coup de déclarations de son agent.
Laissons les femmes tranquilles
L’éternelle traque du baby bump des stars est tout à fait révélatrice d’un corps féminin qui appartiendrait à tout le monde — les récentes rumeurs sur la possible grossesse de Rihanna en disent beaucoup… Jennifer Aniston décrit ce qu’elle a vécu, dans le même entretien accordé au Hollywood Reporter :
« Quand tu es dans la vie de tous les jours et que tu as un peu trop mangé ou que ton ventre est ballonné, tu te retrouves vite dans la lumière, l’estomac pointé du doigt, avec des rumeurs de grossesse circulant à ton sujet. »
C’est aussi une grossophobie latente qui permet ce genre d’analyses des moindres kilos supplémentaires. Le corps des femmes doit être mince et filiforme, et d’autant plus celui des stars !
La maternité : une option, pas une obligation
Il faut dissocier le destin féminin d’un destin maternel. Pourquoi le fait qu’une femme n’ait pas d’enfant pose tant de problèmes aux autres ? On peut tout à fait être nullipare – volontairement ou non, être une femme accomplie et épanouie, et que cela ne soit pas un sujet. Être childfree peut tout à fait être un choix et non un pis-aller !
Comme le disait Lena Duhman dans sa newsletter Lenny Letter, elle qui a réfléchi à ces injonctions et à son désir véritable, souffrant d’endométriose et ayant dû se faire retirer l’utérus :
« Mon histoire m’a permis de comprendre l’énorme pression mise sur les femmes pour devenir mères, une pression que j’ai complètement intégrée et que je questionne aujourd’hui. Cette idée d’avoir une vie remplie, de tout avoir. Comme si nos vies ne pouvaient pas être complètes sans enfants. La pression, aussi, d’user de tous les moyens possibles pour avoir des enfants. [….] Nous sommes complètes, même si l’on ne coche pas toutes ces cases débiles. Même sans un travail, un mariage, ou un bébé. »
En France, Victoire Tuaillon, dans son podcast Le Cœur sur la table, décrypte ce schéma très cadré :
« On a tous et toutes grandi avec l’idée que la relation de couple était l’ultime idéal amoureux, quel que soient notre genre ou notre sexualité. Ce modèle comporte des étapes censées nous mener au mariage, à la parentalité, à la propriété – ce qu’on appelle “l’escalator relationnel”. »
Qu’il s’agisse de monter un escalier ou de cocher des cases, la pression est toujours mise sur les femmes. Et si on les laissait un peu mener leur vie sans les juger ?
Une société pleine de paradoxes
La différence de traitement entre hommes et femmes est flagrante :
« Les hommes peuvent être mariés autant de fois qu’ils le souhaitent, ils peuvent épouser des femmes plus jeunes, dans la vingtaine ou la trentaine. Les femmes n’ont pas le droit de faire ça. »
Par ces jugements continuels, il semblerait que les femmes soient toujours en faute, qu’elles aient des enfants ou non. Ces critiques ne prennent pas en compte ce qu’elles vivent au quotidien.
D’un côté, on reproche aux femmes qui n’ont pas d’enfant de privilégier leur carrière, ô sacrilège ! Et d’un autre côté la maternité est un des freins principaux à l’évolution professionnelle. C’est donc un paradoxe qu’il est difficile de résoudre. Les femmes seraient toujours perdantes… Et si une femme préfère travailler plutôt que de s’occuper d’un enfant, quel est le problème ?
De plus en plus de militantes féministes – comme Fiona Schmidt ou Mona Chollet – se battent pour que les femmes puissent avoir le choix d’avoir ou non des enfants, et de ne pas subir pressions et inquisitions. Jennifer Aniston s’adresse aux femmes :
« Cette décision n’appartient qu’à nous et à nous seules. Nous n’avons pas besoin d’être mariées ou mères pour être complètes. Nous pouvons déterminer de notre propre bonheur. »
Des paroles pleines de sagesse !
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Image en une : Instagram/Jennifer Aniston
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Je n'en avais pas envie, je ne ressentais pas cette envie prégnante qu'ont certaines ( ou pensent le ressentir vu la pression sociale qui nous pousse à être de vraies femmes accomplies? ), avec mon compagnon on était sur la même longueur d'onde : on ne ferait rien pour tomber exprès enceinte ( les "essais", les traitements hormonaux...) , ça vient c'est bien, ça vient pas bah tant pis. J'ai juste arrêté la pilule , on vivait "sans filets" car on venait d'être titularisés, qu'on avait la maison. Deux semaines plus tard, bim. J'étais contente de vivre cette grossesse, je n'étais pas malade, un vrai bonheur, mais vu l'épopée finale et les retombées sur ma santé, l'accouchement qui a relevé de la torture dans le but de me césariser, je n'en veux pas d'autres. C'est arrivé une fois d'avoir envie d'un deuxième, et c'est passé. Forcément, les poncifs du genre : à quand le deuxième, de la part de la gynécologue-obstétricienne-bouchère le lendemain de l'accouchement, alors que j'avais une balafre de gauche à droite au bide... ça passe pas trop bien.
Donc non, on peut être une femme accomplie sans se marier, sans avoir d'enfants, si la société pouvait nous lâcher l'utérus, et arrêter de nous dire de maigrir, de camoufler nos rides et nos cheveux blancs, , d'avoir des gosses, d'être à la fois mères ET actives, avoir uen carrière qui ne ferait pas peur aux machos, ça serait bien mieux. Je ne juge pas celles qui ont plusieurs enfants, et qui se sentent bien dans cette vie, entourée d'amour ( et d'emmerdes, hein, car élever un/des enfants, ça a son lot d'angoisses et de stress ) , et encore moins celles qui préfèrent ne pas en avoir, et vivre une vie qui leur ressemble plus.