Plus le temps passe, plus connaître les opinions de certaines idoles de notre enfance devient douloureux – en la matière, les fans de Friends ont de quoi avoir particulièrement mal.
Même si on la savait fâchée avec « la nouvelle génération » qu’elle juge plus « sensible » que les précédentes, Jennifer Aniston est repartie à l’assaut de ce qu’elle nomme la « cancel culture », alors même que ce terme est vigoureusement critiqué comme un véritable mythe sexiste, qui ferait du féminisme une machine à broyer la vérité et les individus.
En 2023, il est grand temps d’en finir avec le mythe de la « cancel culture »
Ce qui semblait être une difficulté à comprendre les personnes plus jeunes qu’elle il y a quelques mois semble s’être transformé en un véritable agacement. L’actrice de 54 ans a vidé son sac dans une interview pour le Wall Street Journal où elle a déclaré : « J’en ai tellement marre de la cancel culture« , avant de poursuivre :
« Je vais probablement être cancel pour ce que je vais dire mais je ne comprends tout simplement pas tout ce que cela signifie… N’y a-t-il plus de rédemption ? Je ne sais pas. Je ne mets pas tout le monde dans le même sac qu’Harvey Weinstein. »
Dans les colonnes du média américain, Jennifer Aniston a précisé ne pas avoir été victime de harcèlement ou d’agression de la part de Harvey Weinstein, qui purge actuellement une peine de 39 ans en prison pour viol et agressions sexuelles. Pour autant, l’actrice a de très mauvais souvenirs avec le prédateur d’Hollywood, avec lequel elle était spontanément mal à l’aise et redoublait de prudence :
« Ce n’est pas un gars à propos duquel tu te dis : ‘Mon Dieu, j’ai hâte de passer du temps avec Harvey.’ Jamais. Vous vous disiez plutôt : ‘Oh, mon Dieu, OK, il va falloir subir.‘ Je me souviens qu’une fois, il était venu me rendre visite sur un tournage film pour me présenter un projet de film. Je me souviens avoir demandé à une personne de rester dans ma caravane tant qu’il était là. »
C’est précisément grâce à la « cancel culture » – qui est en réalité une libération de la parole, que Weinstein est en prison
Dans cette interview avec le Wall Street Journal, Jennifer Aniston n’a pas précisé pourquoi elle en avait à ce point assez de « la cancel culture ». On peut peut-être chercher une piste de réponse dans ses déclarations de mars dernier, où elle se plaignait que le métier d’acteur soit devenu « très dur« car « aujourd’hui »hui, il faut faire attention à ce qu’on dit ».
Si par « cancel culture », la comédienne entend le fait de dénoncer les comportements d’agresseurs et de debunker ou de cesser de mettre en avant des contenus problématiques on lui souhaite effectivement du courage, car ces mobilisations ne sont pas près de s’arrêter.
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Les Commentaires
Rien que en France, un mouvement d'extrême droite publie sur internet des informations sur des chercheurs étudiant des domaines qui les dérangent ? Silence radio. La tentative de retirer le jeu humoristique potache "anifa" de grandes enseignes commerciales ? Ce n'est pas de la cancel culture apparemment. Bilal Hassani subit un harcèlement purement homophobe jusqu'à un projet d'attentat (en plus dans son cas il a vraiment annulé plusieurs concerts donc au moins le mot aurait eu une certaine logique). A la rigueur on va plutôt parler (à juste titre) d'intimidation, de menace ou de censure mais il n'y a pas de terme équivalant au concept fourre-tout de "cancel culture" pour la droite...
C'est quand même révélateur et on peut se poser la question de qui emploi ce type de rhétorique et de qui ça fait le jeu.
Surtout que je suis d'accord pour dire que on peut totalement dénoncer les dérives militantes sans être obligé d'utiliser le langage et la logique des réactionnaires ?
Et là je parle de la France pour faire court, Mais ces campagnes de harcèlement venus de l'alt right c'est quotidien aux USA j'ai l'impression. Par contre, on ne parle de cancel culture dans leur cas.