La Daronne est la championne des conseils mi-foireux, mi-utiles enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question de la semaine
Chère Daronne,
J’en ai marre, chaque année, c’est la même chose dans la boite où je travaille : je ne peux pas prendre de congés en juillet-août, parce qu’ils sont « réservés » par les employés qui ont des enfants.
Je dois donc poser mes vacances en juin ou en septembre pour que la boîte puisse continuer de tourner, pendant que ceux qui ont décidé de faire des mômes s’éclatent pendant le mois d’août.
Je trouve ça injuste, moi aussi, je veux partir à cette période !
Aide-moi à me calmer chère Daronne, est-ce que moi aussi, je dois faire des enfants pour choisir mes dates de vacances ? Est-ce que je suis la seule à trouver ça discriminant ?
Capucine
La réponse de la Daronne
Mon petit slip de bain,
Déjà gros gros big up à ton employeur qui plutôt que de privilégier le bien-être de ses salariés en investissant un peu d’argent pour leur permettre de partir en même temps, préfère les monter les uns contre les autres et les faire s’affronter comme des chiens de combat dans une cave sordide, sous prétexte que le nerf de la guerre, c’est la rentabilité et pas la bonne ambiance au sein des équipes.
Je te rassure, tu es loin d’être la seule à trouver cela discriminant. Soyons clairs, cette espèce de règle tacite pourrie qui réserve le mois d’août aux parents saoule tout le monde. Même les parents en question. Surtout les parents en question. Je vais t’avouer un petit secret : les vacances au mois d’août, c’est loin d’être l’éclate, sauf si la définition que ton dictionnaire donne au terme éclate, c’est : Moment de désœuvrement infernal pouvant induire un fort sentiment de misanthropie.
En vrai, ce truc de vacances scolaires, c’est quand même bien la plaie. Bon d’accord, l’école, c’est important. Mais du coup, tous les fauves d’Europe sont lâchés en même temps et envahissent d’un coup les plages, les hôtels et les campings. Tu regardes à droite, hop un marmot, tu regardes à gauche, hop un autre. Devant, derrière, en haut, en bas, ils sont partout.
Comme tu n’as pas d’enfants, tu n’es peut-être pas très au fait des nuisances sonores causées par ces petits machins-là et tu te dis sûrement : « N’importe quoi, qu’est-ce qu’un truc qui ne mesure même pas un mètre peut faire comme bruit, franchement ? Même pas le son, il arrive jusqu’à mes oreilles ».
T’es-tu déjà baladée à proximité de la rampe de lancement d’une fusée en plein décollage ? Non, juste pour savoir. Mais quand même, prévois les bouchons d’oreille.
Si tu penses échapper aux familles en vacances sous prétexte que toi, ton truc, c’est de partir en août, OK, mais de partir en août dans un coin reculé et peu touristique, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’à l’aisselle.
Ma petite claquette de piscine, même planquée au plus profond de la forêt la plus lointaine, tu n’échapperas pas aux hordes de mouflets qui braillent parce que les arbres, c’est trop nul et ça ne fait rien qu’à bloquer le réseau qui permettait de capter les dessins animés.
Je te jure qu’au prix où ça nous revient ce bordel, on te l’aurait bien laissé notre place. C’est qu’en plus d’être aussi peuplé qu’un périphérique parisien à l’heure de pointe, il nous coûte deux reins ce foutu mois d’août. Et pour cause, nous les parents, ces gros pigeons, n’avons pas d’autre choix que de casser notre tirelire durant ce seul créneau estival disponible pour partir en famille et ça, les professionnels des choses de l’été l’ont bien compris.
Donc encore une fois, suis mon conseil : FUIS ! NE TE RETOURNE PAS !
Cela dit, si malgré mes avertissements ton instinct grégaire et les millions d’euros accumulés sur ton compte en banque te poussent à convoiter ce mois maudit et nourrir le désir de te griller la couenne au bord d’une piscine que tous les gamins de la résidence confondent avec un urinoir, voici quelques petites astuces pour obtenir ton passeport pour l’enfer :
– Marchander : plutôt que de te friter avec tes collègues parents, propose une offre qu’ils ne seront pas en mesure de refuser. C’est vrai qu’en te cédant leurs congés, les enfants passent leur été au centre aéré, mais en contrepartie, ils font des économies et gagnent un an de baby-sitting à volonté de ta part.
– Prévoir : est-ce ta faute si la cousine au quatrième degré de ta pharmacienne préférée se marie en août ? Non. En attendant, tu as déjà prévu le bibi de mariage et comme tu t’y prends en septembre 2021 pour août 2022, il devrait quand même y avoir un créneau de libre pour toi.
– Emprunter : si tu le veux, j’ai des enfants en âge d’être scolarisés, et je peux te les prêter. Ainsi affublée d’une nouvelle progéniture, tu devrais avoir l’exclusivité sur les congés d’été. On se porte volontaires pour rester au bureau avec le Daron. Une semaine à l’appartement sans les mioches, ce sont aussi des vacances pour nous !
– Tomber subitement « malade » : je n’ai rien dit. Je n’encourage pas les comportements frauduleux aux dépens de notre système de santé.
– Saisir les autorités compétentes : en admettant que tu sois réellement victime de discrimination ou que le dialogue est impossible au sein de ton équipe, tu peux saisir le département des ressources humaines et leur exposer ton problème. Ou te tourner vers les représentants du personnel de ton entreprise.
Mais quand même, j’insiste : même si tu en as l’occasion, ne-pars-pas-en-août.
Bon allez, je te laisse, j’ai deux heures de queue à faire devant une baraque à crêpe !
La bise,
Ta daronne
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