Foutre la frousse aux accros aux normes binaires cis-hétéros, c’est l’avantage collatéral du travail de Jeanne Friot depuis ses débuts en 2020. La jeune créatrice française vient de présenter sa nouvelle collection printemps-été 2025, toujours non-genrée et largement upcyclée, dans le cadre de la fashion week homme de Paris.
Décryptage du défilé Jeanne Friot printemps-été 2025 « Idols »
On y retrouve évidemment les éléments qui fondent son succès, c’est-à-dire un style libre, frondeur, piqués de codes punks et brutalistes, mais aussi de savoir-faire couture. Baptisée « Idols », la collection s’inspire des muses de la créatrice, telles que Courtney Love, Patti Smith, Jeanne d’Arc, Kurt Cobain, Grace Jones, Blondie, David Bowie, ou encore Madonna. Sur le toit de l’école Duperré, où la designer s’est formée, l’événement apparaît presque comme un retour aux sources, aux racines de son imaginaire queer et féministe. Ses fameux kilts plissés se déclinent en jean, les robes-ceintures signature s’impriment aussi sur du satin ou du mesh en trompe-l’œil.
« Dans un moment aussi instable politiquement, ce qui me fait du bien, c’est de revenir aux gens que j’aime, au pourquoi je les aime, et faire de cet amour un safe-place que je décuble à travers la collection. Comment mes idoles s’habilleraient en 2025 dans mon vestiaire à moi : c’est l’inspiration derrière cette collection », m’a confié Jeanne Friot juste après le défilé. Parmi les pièces les plus complexes à produire comptent notamment les pièces argentées et le placement des imprimés. C’était aussi la première fois que l’équipe de Jeanne Friot faisait son propre tartan, imprimé sur de la soie et plissé à la main. Certaines pièces en vinyle imposent également une carrure intense.
La marque BOTH, connue pour ses souliers avant-gardistes et son engagement dans l’innovation et la durabilité, signe les cuissardes de cette collection « Idols » de Jeanne Friot, en plus de participer à quelques pièces de prêt-à-porter. Les semelles en caoutchouc naturel et plastique recyclé témoignent d’une recherche de durabilité qui ne transige pas avec le confort grâce à des matériaux ultra-légers, pour toutes les morphologies de pieds, du 35 au 46.
Plus surprenant, c’était aussi l’occasion pour la designer de présenter une collab’ inattendue avec le géant mondial du dating, Tinder.
La collab’ Jeanne Friot x Tinder au profit de SOS Homophobie
Habituée à créer des pièces à messages célébrant l’amour sous toutes ses formes, au-delà des normes cis-hétéropatriarcales, Jeanne Friot s’y remet, cette fois avec Tinder. En résulte une collection capsule de 4 pièces : un t-shirt, une casquette, des boucles d’oreille, ainsi qu’une robe couture (seule cette dernière ne sera pas commercialisée). Chacune incarne à sa façon le message de « Love Louder » (s’aimer plus fort), que ce soit sous forme de slogan écrit blanc sur noir, ou sous forme de cœurs en métal, devenant carrément une cotte de mailles pour la pièce maîtresse façon armure d’amour. Le tout produit de façon responsable en France et mis en vente depuis le défilé, donc ce 19 juin 2024.
Ouvertement queer et lesbienne, Jeanne Friot n’a de cesse de célébrer les identités et les amours LGBT+, et se joint donc à Tinder pour porter ce message à plus grande échelle. Surtout que 10 % des revenus de cette collaboration seront reversées à l’association SOS Homophobie, qui lutte au quotidien contre la haine envers la communauté queer et pour l’égalité. La robe armure d’amour sera carrément offerte et mise à disposition de l’association pour récolter des fonds additionnels.
« Avec Tinder, on s’est tout de suite mis d’accord sur notre volonté de faire quelque chose face à la montée des violences, notamment LGBTphobes. Cette application que j’adore car beaucoup de travail a été fait pour la rendre plus safe et moins binaire. Je voulais que cette collaboration porte un message d’amour et d’espoir, d’où ce slogan de Love Louder, et cette omniprésence de cœur en métal, à la fois guerrier et protecteur », m’explique Jeanne Friot, juste après le défilé.
En plein mois des fiertés, alors que les droits des personnes trans en particulier sont instrumentalisés et attaqués à des fins électoralistes à l’aube des législatives, on peut donc se réjouir d’une telle collab’ engagée au sein de fashion weeks généralement aussi médiatisées que dépolitisées. Aujourd’hui et pour toujours, bravo les lesbiennes !
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