L’Arc de Triomphe empaqueté, vous vous souvenez ? C’était en 2021, et, Parisien·nes ou non, il était bien difficile de passer à côté, tant les images étaient nombreuses, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Du 18 septembre au 3 octobre 2021, l’Arc de Triomphe s’était paré d’argent, semblant flotter avec grâce au-dessus du rond-point de l’Étoile, empaqueté dans le cadre d’un projet artistique d’envergure imaginé, avant leur mort, par le couple d’artistes Jeanne-Claude et Christo.
Un ambitieux projet qui avait été la source de nombreuses polémiques autour de son utilité, de son coût (14 millions d’euros, dont pas un centime ne provenait du contribuable) et questionnant la durabilité des matériaux utilisés. Et pour cause : depuis plusieurs années, la soutenabilité et l’adaptation aux bouleversements climatiques sont un enjeu majeur pour le monde de l’art, qui avait, jusqu’à récemment, pour habitude d’imaginer des scénographies d’expositions éphémères, qui terminaient généralement leur vie à la benne.
Que vont devenir le tissu et la corde utilisés pour l’Arc de Triomphe empaqueté ?
La seconde vie des 25 000 m2 de tissu et 3 000 m de corde utilisés pour l’empaquetage, annoncée par Anne Hidalgo lundi 18 septembre sur son compte X (anciennement Twitter) est donc une excellente nouvelle, qui répond par ailleurs au souhait des artistes.
Les kilomètres de tissus et de cordes vont donc être transformés en tentes, ombrières et barnums par une ONG, du matériel qui servira dans le cadre d’événements à venir dans la capitale, comme les Jeux Olympiques et Paralympiques qui auront lieu en 2024. Le bois et l’acier utilisés pour la sous-structure avaient, quant à eux, déjà été réemployés par les Charpentiers de Paris, ArcelorMittal et Derichebourg Environnement.
Une décision dont la Maire de Paris s’est félicitée, précisant qu’il s’agit d’un « bel exemple de l’adaptation de l’art aux enjeux climatiques ».
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Jeanne-Claude et Christo : un cas d’école de l’invisibilisation des femmes dans l’art
Mais une autre polémique avait aussi émaillé l’empaquetage de l’Arc de Triomphe, et visiblement, Anne Hidalgo ne l’a pas retenue. Comme l’avait souligné la créatrice de contenus culturels Margaux Brugvin dans un post Instagram publié quelques jours avant l’inauguration, le nom de Jeanne-Claude, compagne de Christo, mais surtout cocréatrice de l’œuvre, avait purement et simplement été effacé par les médias et les équipes chargées de la communication de l’événement :
« Pourtant, le Centre Pompidou, le centre des monuments nationaux et l’Arc de Triomphe Paris ont choisi de ne communiquer que sur la moitié masculine du duo. Le hashtag officiel de l’événement est #christoparis. Les médias reprennent ces éléments et contribuent, article après article, à oblitérer le nom de Jeanne-Claude.
Une jolie démonstration de la façon dont on continue à invisibiliser les artistes femmes et à effacer – littéralement – leur nom de l’histoire.
Chères équipes de com qui gèrent ce projet, l’inauguration a lieu samedi [18 septembre 2021], il est encore temps d’actualiser votre hashtag. Chers médias, il est encore temps de changer vos titres. »
Une information qui ne semble pas être arrivée jusqu’aux oreilles d’Anne Hidalgo ni de son équipe de communication, puisque seul Christo est cité dans le tweet de la Maire de Paris. De quoi perpétuer tranquillement l’invisibilisation des femmes artistes…
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