- Prénom : Jeanne
- Âge : 20 ans
- Occupation : Étudiante
- Lieu de vie : Reims
Comment décririez-vous votre rapport au féminisme ?
Le féminisme est important pour moi. Même si nous sommes bientôt en 2024, nos droits sont loin d’être acquis. On le voit avec certains objets du quotidien, comme les serviettes hygiéniques qui commencent tout juste à être testés avec du vrai sang, ou les airbags, récemment éprouvés sur de plus petits gabarits…
Cela me gêne par ailleurs qu’on juge les femmes pour chacune de leurs actions tandis qu’on trouve toujours des excuses aux hommes.
Dans quel contexte avez-vous grandi ?
Je n’ai pas grandi dans un milieu féministe, même si mon arrière-grand-mère m’a toujours répété de ne jamais laisser un homme lever la main sur moi. Certains de mes proches ont accueilli mon déclic de façon assez virulente. C’est le cas de mon frère qui estime que je pars trop loin dans mes discours.
À quand remonte votre déclic féministe ?
Je devais avoir 12 ou 14 ans. Cela s’est fait assez naturellement. Une professeure en cours d’Éducation morale et civique nous a expliqué que les droits des femmes ne sont pas acquis partout dans le monde, que certaines filles se marient à l’âge de 12 ans avec des personnes de 40 ou 50 ans. Mais, si l’on remonte plus tôt encore, je pense que les dessins animés ont également joué un petit rôle dans ma prise de conscience. Notamment, le fait de voir des princesses devenir les héroïnes à la fin de chaque épisode…
Puis tout cela s’est amplifié avec le temps, grâce aux livres et aux émissions que j’ai découverts, à travers les différentes personnes que j’ai croisées dans ma vie.
Les lectures, podcasts, films qui m’ont marquée sont :
Le livre Célibataire mode d’emploi. Le célibat c’est comme la vie : parfois c’est très cool, parfois c’est très chiant par @lacelibataire_lavraie
De polyamour et d’eau fraîche par Cookie Kalkair
Le film d’animation Persepolis par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi
Comment le féminisme infuse-t-il votre vie aujourd’hui ?
Le féminisme a une influence positive sur ma vie et me pousse au changement. Au sein de mon établissement scolaire, je voudrais installer un distributeur de préservatifs pour sensibiliser aux MST, je partage beaucoup de contenus féministes sur mes réseaux sociaux (@madmoizelle, @wicul_, @icones.media… ), j’utilise des serviettes hygiéniques lavables et non jetables.
D’un point de vue amical, je fais attention au choix de mes amis et je n’hésite pas à reprendre quelqu’un quand il va trop loin dans ses propos concernant les femmes. C’est également le cas dans mon environnement familial, où j’essaye d’expliquer les différents enjeux de l’égalité hommes-femmes, les nouvelles mesures de gouvernements pour aider les femmes (la pilule du lendemain gratuite ou les serviettes hygiéniques remboursées, par exemple, même si les règles ne s’arrêtent pas à 25 ans, l’égalité salariale). J’essaie de leur faire comprendre qu’une femme est libre de son corps, que ce n’est pas parce qu’elle couche avec 10, 30, 40 ou 600 personnes que c’est une « salope » ou « une fille facile ». Certains membres de ma famille ont du mal à le comprendre.
D’un point de vue sexuel, je suis très libérée. J’aime tester de nouvelles choses avec un partenaire régulier ou différent. J’ai eu ma première relation sexuelle avec pénétration à 18 ans. Ce n’était pas une fatalité pour moi, mais je ressentais une certaine pression car ma cousine et mon frère l’avaient fait avant moi alors qu’ils étaient plus jeunes. Cela me rendait presque malade, car étant l’aînée, je me voyais le faire avant eux. J’ignore si cela à un lien avec le fait qu’aujourd’hui, je sois libérée sexuellement.
Cela ne plaît pas à certains membres de ma famille qui estiment que je devrais trouver quelqu’un de stable. Or, je me questionne sur ma potentielle orientation polyamoureuse.
Au niveau de mes choix, je sais que je ne veux pas d’enfants car je n’aime pas ça et je ne me vois pas élever un être qui a tout le temps besoin de moi, alors que moi j’ai besoin de liberté. J’aimerais également vivre séparément de mon compagnon car j’ai besoin de mon espace vital. Par ailleurs, j’aimerais être ma propre patronne si tout se passe bien dans la vie.
En ce qui concerne ma vie romantique, c’est assez compliqué à expliquer… J’apprécie énormément ma solitude et mon indépendance, cependant je peux par moments me sentir envieuse des couples et cela me met de mauvaise humeur pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Avez-vous laissé de côté certaines habitudes, déconstruit certaines de vos croyances, ou posé de nouvelles limites ?
Oui, mais ce n’est pas toujours évident. Par exemple, je n’ai pas les moyens d’arrêter la fast fashion, comme Kiabi, qui exploite pourtant les femmes les plus défavorisées et précaires. Je ne trouve pas ma taille partout, même dans les friperies...
Outre cela, je sais ce que je veux avec les hommes, je m’impose également pour faire valoir mes idées et mes droits, notamment face aux membres de ma famille. Mon féminisme peut être source de friction autour de moi, car, pour certains, je vais trop loin dans mes combats. Par exemple, lorsque je pars en vacances, on me demande de prendre des serviettes jetables et non lavables. Ou alors, on me demande d’éviter de lancer des débats au sujet d’événements dont parlent les médias…
Avez-vous l’impression d’être arrivée au bout de votre éveil féministe ?
Non, j’apprends sans cesse de nouvelles choses grâce à Instagram sur nos avancées et les nouveaux combats à mener.
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