Malgré ma volonté d’être un jour une personne vachement bien, je continue de me reprocher deux ou trois trucs. Genre mon immense regret de ne pas savoir faire caraméliser les oignons sans les faire cramer. Au pif.
Par exemple : y a plein de trucs dont j’aimerais me foutre. Je sais que la vie me serait encore plus douce et soyeuse si j’en écartais quelques mini-sources de vexations, et qu’il est ridicule de se formaliser pour des broutilles.
Même si on se fâche seulement le temps de quelques secondes, je trouve ça déjà trop.
Alors j’y travaille. Et selon une thérapie mise au point par mes soins, pour s’améliorer, il faut déjà commencer par assumer.
Quand je change un truc et que personne le remarque
Y a un truc qui a pas bougé depuis mes dix ans : quand j’ai un truc qui a changé physiquement chez moi, j’ai envie de le montrer à tout le monde.
Je m’achète une nouvelle veste ? J’ai envie de la mettre tout de suite, même si elle n’est pas adaptée à la météo. J’ai des nouvelles chaussures ? C’est limite si je passe pas la journée avec, les jambes levées vers le ciel pour que tout le monde puisse les admirer.
Mais le pire, c’est quand je vais chez le coiffeur. Chaque fois que j’y vais, j’espère des « oh », et des « ah », même des hypocrites, je m’en fous.
Mais ce que j’oublie à chaque fois, c’est que mes cheveux souffrent du syndrome dit de l’hagridation (nom féminin, désigne le fait d’avoir des cheveux aussi indépendantistes que ceux de Hagrid)…
Si je prends le temps de me coiffer, ils ont repris une apparence anormale quelques minutes plus tard. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis partie de chez moi contente d’eux, pour me retrouver incapable de comprendre ce qu’il avait bien pu se passer en croisant mon reflet une fois arrivée au bureau.
Je crois qu’ils ont une vie propre. Et qu’ils ont chacun leur petit caractère. Du coup, c’est tout à fait normal qu’ils se regroupent en agglomérat (entre cheveux copains) et que chaque noeud choisisse de se tenir loin, bien loin, en épi, des autres.
Du coup, c’est normal que personne ne remarque mon changement de coupe ! C’est comme un chien qui est allé chez le toiletteur y a deux semaines et a eu tout le temps de se rouler dans deux ou trois déjections canines depuis : tu te rends pas bien compte que quelque chose a changé dans son apparence.
Mais j’y peux rien : chaque fois, j’espère que ce nouveau coiffeur dont on ne me dit que du bien saura gérer ma chevelure nulle, et j’attends les compliments qui ne viennent jamais.
C’était bien la peine.
Je devrais m’en foutre franchement : si je vais me faire ratiboiser le crâne, parfois, c’est pour moi, pas pour les autres. Mais bon. L’humain est un être faible. Faible et particulièrement relou, surtout quand il est le premier à ne rien dire sur la coiffure d’autrui.
Quand on essaie de me caser avec « l’autre célibataire »
Il y a quelques jours, j’ai ressenti quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis mon année en troisième : on a fait une blague sur le fait que je pourrais sortir avec telle personne « parce que vous êtes célibataire tous les deux ».
Par « on », j’entends « une fille que je ne connaissais pas me parlant d’un mec que je ne connaissais pas non plus ».
En troisième, mon célibat me pesait : toutes mes copines avaient commencé à jouer à touche-pipi et moi aussi, j’en avais envie.
Maintenant par contre, je le vis beaucoup, beaucoup mieux. Je le vis bien. Je le vis plus que bien. Je lui roule des pelles, à mon célibat, je profite de chaque minute. Parce qu’un jour, je retomberai amoureuse et ce sera bien, mais les côtés relou du couple reviendront aussi. Du coup, en attendant, je profite.
Pourtant, quand cette fille-là, que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam, a sorti « parce que vous êtes célibataires tous les deux
», ça m’a renvoyé à la face toutes les fois où on me faisait des réflexions à base de « eh c’est normal que t’aies un gros cul parce que rouler des pelles ça fait perdre 12 calories alors que toi t’en as jamais roulé ».
Où on a essayé de me caser avec tel ou tel mec parce que « non mais tu vas pas faire ta difficile quand même, regarde-toi un peu ».
C’était juste pour la vanne, et ma vie n’a rien à voir avec celle de mes 15 ans, mais wow. Qu’est-ce ça m’a vexée. Pendant au moins dix minutes. Alors que c’était une blague !
Quand je fais écouter une chanson que j’aime et qu’on la trouve à chier
Lorsque j’aime vraiment une chanson que je viens de découvrir, je l’écoute en boucle. Tout le temps. Pendant des jours ou des mois, c’est selon.
Avant, mon penchant naturel, c’était de très vite la faire écouter à des gens que j’apprécie, parce que c’est normal de partager ce qu’on aime avec ceux qu’on aime. Je mets simplement la chanson et j’attends de voir les yeux et les oreilles de l’autre s’émerveiller.
Le truc, c’est que j’ai tendance à surestimer mon lien avec la chanson en question. Quand je suis à fond, je suis à fond, et c’est presque comme si du coup, elle faisait partie de moi.
Le truc, aussi, c’est que j’ai tendance à oublier le fameux précepte de « tous les goûts sont dans la nature » et que rien ne dit que ce morceau plaira autant à l’autre qu’à moi.
Oui, il m’est arrivé d’avoir pour seule réaction :
« Ah mais c’est quoi cette merde ? »
Et de le prendre, du coup, pour une attaque personnelle. Je sais, je suis con. Et le pire, c’est que ça me dégoûte un peu de la chanson que j’aimais si fort quelques minutes avant. Parce que ça me rappelle ma vexation.
Quand on me coupe la parole
Quand j’étais plus jeune, j’étais vachement timide. Parfois je me forçais à prendre la parole dans un groupe de potes, mais j’ai jamais réussi à être à l’aise. Alors pour rompre la gêne, on me coupait la parole. Et ça commençait souvent par « ce qu’elle veut dire c’est que… ».
Je ne pouvais en vouloir qu’à moi-même. Mais j’étais vexée, précisément parce que je savais que c’était ma faute.
Aujourd’hui, je ne suis plus vraiment des masses timide (je rougis quand on me fait un compliment, ou quand j’ai honte de ma blague, ou quand je fais une bourde à un moment inopportun).
Pourtant, quand on me coupe la parole, ça me fait plisser des yeux. Voire refuser de dire la fin de ma phrase une fois qu’on s’est rendu compte qu’on m’avait coupé la parole.
Une vraie plaie, je vous dis.
gi« ON T’A PAS APPRIS À LEVER LA MAIN ? À RESPECTER TES INTERLOCUTEURS ? OU BIEN TU CROIS QUE TU SAIS MIEUX QUE MOI CE QUE JE VEUX DIRE ? T’AS ÉTÉ ÉLEVÉ-E CHEZ LES INTERVIEWEURS POLITIQUES OLD SCHOOL AH OUAIS ? »
J’aime pas trop ça, principalement parce que ça me rappelle de mauvais souvenirs.
Bon, heureusement, je suis assez distraite pour oublier rapidement, et surtout assez lucide pour réaliser que c’est drôlement concon de se vexer pour si peu, alors trente secondes après je suis de retour sur le terrain de jeu de la bonne humeur… Mais quand même.
C’est stupide. Dans une conversation animée, évidemment qu’il arrive de couper la parole à quelqu’un sans mauvaise intention, juste parce qu’on a hâte de dire notre truc.
Mais en vrai, la raison principale pour laquelle je devrais m’en foutre, c’est que, bon… Je le fais tout le temps moi-même !
Et toi, quels sont les petits trucs de la vie quotidienne contre lesquels tu essaies de te blinder ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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