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Société

La réforme de la télévision publique

Tu l’as compris, la rentrée va être mouvementée à la télé… et pas seulement parce que PPDA ne présentera plus le JT de TF1 ! Comme dans beaucoup d’autres domaines, Nicolas Sarkozy a décidé de prendre les choses en main en mettant en place une réforme de la télévision publique. Adeline te propose de faire le topo sur ce qui va changer dans ton petit écran dans les mois à venir.

Le contenu de la réforme

Le projet de loi comporte deux axes principaux.

Le premier est relatif au financement des chaînes publiques. Jusqu’alors, il était assuré d’une part par la redevance télévisuelle (116 euros par foyer), d’autre part par les publicités à hauteur de 35%.
Pour assurer une plus grande autonomie par rapport aux publicitaires, la loi de communication audiovisuelle prévoit la suppression de la publicité. A partir de janvier 2009, il n’y aura donc plus de coupure publicitaires après 20h sur les chaînes du groupe France Télévisions, la diminution sera progressive jusqu’à suppression totale en 2012. C’est plus de 800 millions d’euros qui sont ici en jeu. Pour parer à la disparition de la publicité, sans pour autant augmenter la redevance télé, le Président de la République veux taxer les opérateurs internet à hateur de 0,9% pour combler ce déficit de financement.

L’autre grand axe concerne la nomination du Président de France Télévisions. Actuellement, le chef des chaînes publiques est désigné par le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), un organe autonome créé en 1989 dont le but est de veiller à l’impartialité des chaînes publiques. La réforme voulue par le chef de l’Etat réduirait considérablement les missions du CSA. Après le passage de la réforme, c’est le Président de la République qui nommera directement les présidents des chaînes du groupe France Télévisions. Néanmoins, le CSA et les assemblées devront donner leur accord à cette nomination.

Les enjeux de la réforme

Pourquoi la réforme crée-t-elle tant de remous ?

L’indépendance éditoriale par rapport à l’Etat

C’est surtout qu’elle réactive un certain nombre de peurs dont la France s’était débarrassée depuis les années 60, dont le retour d’une télévision d’Etat. En France, cette dernière a officiellement disparu dans les années 60, mais jusque dans les années 80, l’arrivée à l’Elysée d’un nouveau Président a été suivi d’une épuration du personnel des chaînes publiques. Par ailleurs, jamais le CSA n’a nommé de Président de chaîne qui n’ait été approuvé par l’Élysée.
Alors pourquoi s’offusquer de la réforme qui au final ne ferait qu’entériner une pratique existante ? Parce qu’en inversant la procédure (le Président nomme et le CSA approuve), il y a toutes les chances que l’exécutif choisisse quelqu’un qui réponde totalement à ses critères. Il paraît dès lors possible de voir émerger une télévision dont la ligne éditoriale serait unique et à la botte du gouvernement.

L’indépendance financière

Sur la question du financement, là aussi c’est l’indépendance qui est remise en cause.
D’un côté, la disparition de la publicité a longtemps été réclamée par les défenseurs d’une certaine Culture française pour arriver à une télévision publique de qualité, et ainsi briser la dépendance à l’audimat. En 1989, le sociologue Pierre Bourdieu, l’historien Max Gallo et d’autres avaient envoyé une lettre demandant la suppression de la publicité pour lutter contre le décadence du service publique.
Pourtant, la disparition de la publicité ne rencontre pas que des échos favorables. Ainsi, nombreux sont ceux qui craignent une mise sous tutelle financière des chaînes par l’Etat. En bref, une chaîne dont la ligne éditoriale ne contrariera pas les volontés présidentielles pourrait se voir mieux doter qu’une autre. Mais avant tout, l’opposition voit dans cette mesure un moyen d’augmenter l’action et les bénéfices des chaînes privées, dont les propriétaires sont des amis proches de… Nicolas Sarkozy. En effet, avec le disparition de la publicité sur les cinq chaînes du service public, l’espace pour placer les pubs va devenir plus rare et donc plus cher. On peut déjà prévoir une augmentation en flèche du prix de la publicité chez TF1 et M6. Le risque d’affaiblissement des chaînes publiques par rapport aux chaînes privées semble donc bien réel.

L’exemple anglais

Le modèle de Nicolas Sarkozy en la matière, c’est la BBC. L’organe de contrôle de l’audiovisuel britannique est en effet réputé pour sa qualité, et est considéré partout dans le monde comme une valeur sûre. Le Président de la République rêve de la même chose pour le groupe France Télévisions. Le problème est que, dans la réforme française telle qu’elle est envisagée par le Président, les éléments qui font le succès de la chaîne anglais ont disparu. Si effectivement, la télévision publique britannique est exclusivement financée par les fonds publics, sa charte fondatrice lui assure une indépendance par rapport au gouvernement, et empêche donc qu’elle ne soit considérée comme une télévision d’Etat. Mais la nomination des Présidents de chaînes prévue dans le projet de loi français va contre cette idée d’indépendance. Comme le rappelle certains membres de l’opposition et de la Comission Copé elle-même (le groupe de travail chargé par Sarkozy de bucher sur le projet), cet axe de la réforme ferait de France Télévisions une chaîne d’Etat digne de l’URSS, et rend la dérive facile vers une télévision à la botte du pouvoir.

Et toi, que t’inspire la réforme ? Un moyen pour Nicolas Sarkozy d’asseoir son pouvoir ? Ou un moyen de rendre la télévision réellement indépendante ?


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

19
Avatar de Arthemesia
20 septembre 2008 à 15h09
Arthemesia
Ce qui m'inquiète le plus finalement, c'est que sous prétexte que la télé publique ne pourra pas financer ses programmes grâce à la pub, le gouvernement augmente la redevance, qui est déjà élevé pour la médiocrité des programmes, ou, pire, taxe l'internet par exemple...
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Voir les 19 commentaires

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