Situé sur la côte Ouest de l’Afrique, entre la Tanzanie au sud et l’Ethiopie au nord, le Kenya faisait jusqu’alors figure de modèle dans la transition démocratique. Plus connu pour ses safaris que pour ses problèmes politiques, le pays était considéré comme un exemple dans la gestion de sa décolonisation. Aujourd’hui, les violences qui secouent Nairobi, la capitale, et la zone Ouest du pays, envoient aux oubliettes l’idée d’un pays stable.
Une réélection contestée
Les troubles ont commencé le 30 décembre dernier, suite aux élections présidentielles du 27 décembre. Le président sortant, Mwai Kibaki, s’est imposé pour la deuxième fois devant le leader de l’opposition, Raila Odinga. Seulement, selon plusieurs observateurs, il semble que le décompte des voix ait été truqué. Odinga estime que le camp de Kibaki a fraudé sur près de 300 000 voix. Et étant donné qu’à l’issue du scrutin, les deux candidats étaient séparés de 231 728 voix, si les accusations de l’opposition sont véridiques, la victoire de Kibaki est donc illégale.
La violence a commencé le soir même de l’annonce des résultats, quand les partisans du leader de l’opposition sont descendus dans la rue protester contre la victoire de Kibaki et se sont vus repousser de manière violente par les forces de l’ordre.
Un conflit politique qui prend un caractère ethnique
Mais le conflit a pris une plus grande ampleur encore début janvier. Le 1er janvier, les violences ont pris un caractère ethnique quand les partisans de Odinga ont volontairement mis feu à une église dans l’Ouest du Kenya, église où s’était réfugiée une majorité de femmes et d’enfants supposés Kikuyu, l’ethnie du président réélu Mwai Kibaki. Des événements qui renvoient au génocide que, non loin de là, le Rwanda avait connu en 1994. Le chef de l’Etat et son allié d’hier s’accusent d’ailleurs l’un l’autre de massacres ethniques. Le 13 janvier, le haut commissariat aux réfugiés dénombrait plus de 700 morts et 250 000 personnes déplacées depuis le début des troubles.
Réactions de la communauté internationale
La communauté internationale a vite réagi, tentant de calmer les positions, et de restaurer le dialogue entre les deux camps. La secrétaire d’Etat des Etats-Unis – qui avait au départ félicité Mwai Kibaki avant de se raviser – et le ministre des Affaires Etrangères de la Grande Bretagne ont signé un communiqué commun où ils appellent les leaders du pays à faire « preuve d’esprit de compromis ». L’Union Européenne a quant à elle fait part de son souhait que les troubles trouvent une « solution crédible et transparente », et a reconnu que l’élection ne s’était pas tenue selon les critères internationaux d’une élection démocratique.
Après deux semaines de violence et l’appel unanime de la communauté internationale au calme, les deux parties ont accepté de travailler ensemble avec un comité composé d’éminentes personnalités africaines avec à leur tête Kofi Annan. L’ancien secrétaire général des Nations Unies est depuis le 10 janvier le médiateur qui va tenter de dissiper la crise entre les deux hommes et entreprendre des réformes électorales et constitutionnelles. Aujourd’hui, Odinga demande une nouvelle élection présidentielle ou un nouveau décompte des votes. Une sortie de crise serait donc envisageable sous peu.
Des conséquences à court et long terme
Mais les conséquences sont déjà dramatiques pour le pays. Les membres de la Croix Rouge internationale tirent la sirène d’alarme par rapport à la menace d’une crise humanitaire qui pourrait se surajouter aux bilans des violences politiques. Une volontaire de l’organe explique que des « femmes et des enfants risquent la famine ». La situation concerne ceux qui sont restés dans les zones où ont lieu les violences, mais aussi les déplacés qui sont partis à l’Ouest du pays ou en Ouganda. Par ailleurs, alors que le pays base l’essentiel de ses revenus sur les devises du tourisme, on estime déjà à près de 31 millions de dollars de perte pour le mois de janvier 2008, même si les tours opérateurs kenyans sont plutôt rassurants, expliquant que les troubles ne s’étendent pas aux traditionnels circuits touristiques.
Et toi, que penses-tu de la situation ? Penses-tu qu’il faut changer ses plans de vacances pour éviter la zone ?
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