- Âge au moment de l’accouchement : 36 ans
- Bébé attendu à la date : 4 novembre 2021
- Bébé arrivé à la date : 2 novembre 2021
- Heure d’arrivée à l’hôpital : 16h45 le 1er novembre
- Heure d’accouchement : 2h50 le 2 novembre
- Poids et taille de l’enfant à la naissance : 3,5kg – 52cm
Cette grossesse a été une totale surprise pour moi. Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’étais seule et je suis restée hébétée. J’ai mis 48 heures à accepter la situation, je savais que je ne pourrais pas avorter cette fois-là. Je venais d’enterrer 4 personnes proches en 9 mois… Je ne pouvais pas gérer un deuil de plus. J’ai prévenu le géniteur qui n’a pas souhaité en entendre parler.
« Je me suis préparée à mon accouchement comme à l’une de mes courses cyclistes »
J’ai passé ma grossesse sans aucun problème. J’étais celle que les autres maudissent car pas de nausée, pas de grosse prise de poids, pas de tension élevée, pas de souci veineux… Mon plus « gros » problème était de ne plus pouvoir dormir sur le dos. J’ai roulé 5 000 kilomètres enceinte, jusqu’à 2 semaines de l’accouchement. Plutôt agréable donc, même si être enceinte n’a vraiment pas été mon moment préféré dans la vie, l’expérience était passionnante : les modifications corporelles sont fascinantes, les interactions avec le bébé sont déroutantes.
J’ai été suivie par une sage-femme libérale, très bien, et j’ai aussi assisté à un cours d’accouchement avec une autre sage-femme, je n’ai rien appris et me suis ennuyée. J’ai été suivie également pendant ma grossesse par la psychologue de l’hôpital, une femme merveilleuse qui m’a beaucoup aidée à m’ôter mes peurs liées à mes deuils familiaux récents. Enfin, j’ai également fait un suivi en haptonomie, parfait pour bien ancrer chacun dans son rôle. Seule, j’ai beaucoup lu (Michel Odent, Maïtie Trelaun, Bernadette De Gasquet) et j’ai continué le sport (cyclisme, natation, yoga) tous les jours.
Je me suis préparée à mon accouchement comme à l’une de mes courses cyclistes : concentration, visualisation, endurance. J’avais un projet précis pour un accouchement physiologique qui prenait en compte toutes les situations : si tout va bien, si péridurale, si césarienne, si problème plus grave… Je n’avais que deux craintes : que la salle physiologique ne soit pas disponible et que l’on m’attache à un lit pour me forcer à accoucher sur le dos. Accoucher sur le dos est une position de confort pour les médecins et non pour les femmes parturientes. Et en l’occurrence, mon bébé appuyait fortement sur mon nerf vague et je perdais connaissance facilement dès que j’étais sur le dos.
« Il est sorti comme un boulet de canon »
Le 1er novembre, je me suis réveillée à 1h50 avec la certitude que j’allais accoucher ce jour-là. J’avais comme une douleur de règles un peu forte. Les contractions ont très vite été régulières et se sont intensifiées au fur et à mesure des heures.
J’ai géré seule mes contractions à la maison pendant 15 heures en étant en lien par sms avec ma sage-femme et l’hôpital. C’est ma sage-femme qui m’a conseillé d’aller à la maternité vers 17 heures maximum car elle craignait que j’accouche à la maison ou dans la voiture sur le chemin. Lorsque je suis arrivée à la maternité, je riais et parlais normalement, l’équipe ne m’a pas prise au sérieux pensant à une fausse alerte. J’ai attendu plus d’une heure sur une chaise que l’on s’occupe de moi. Mais le monitoring était explicite et mon col était ouvert à 4/10, ils m’ont donc gardée et ont lu mon projet de naissance. La salle physiologique était libre, j’y ai donc pris place vers 19 heures. J’ai été essentiellement seule durant tout le travail jusqu’à minuit. J’alternais ballon, bains, toilettes (j’ai même pensé rester accoucher assise sur les toilettes, car je m’y sentais bien !) et tabouret. Le travail avançait, les contractions me prenaient tout le corps de plus en plus intensément comme une vague. Une puissance incroyable, je sentais mon bébé descendre dans le bassin.
Passé minuit, j’ai craqué psychologiquement car on passait à un autre jour et j’étais donc en travail ininterrompu depuis presque un jour complet. Là, la sage-femme a passé plus de temps dans ma salle et m’a coachée. Le bébé faisait le yoyo (on voyait la tête par intermittence). À 1 heure, on a décidé de me laisser une heure de repos (pas de poussées, essayer de manger un peu, etc) puis de réattaquer à fond et de le sortir.
À 2 heures, on reprend le travail, je suis à 4 pattes sur le lit, la tête sort mais reste coincée, le corps ne suit pas. La sage-femme a alors appelé des renforts et ils ont fait une manipulation, car l’épaule du bébé était coincée. Je me suis retournée sur le dos. Deux personnes appuyaient sur mon ventre pour pousser les pieds de l’enfant vers la sortie pendant qu’elle tirait la tête. Il est sorti comme un boulet de canon, j’ai eu l’impression de me vider de toutes mes entrailles. La sage-femme a posé le bébé sur moi, il n’a pas pleuré, il a planté ses yeux dans les miens, j’étais comme hypnotisée. Tant et si bien qu’au bout de 5 minutes la sage-femme m’a demandé si j’avais regardé si c’était un garçon ou une fille (mon projet de naissance précisait que je voulais le découvrir moi-même) et non, je n’avais pas regardé. C’est ainsi que je suis devenue la mère d’un petit garçon !
Ils ont emporté mon bébé pour quelques soins (il était un peu bleu et jaune, car il avait une belle jaunisse !) pendant que cette merveilleuse sage-femme a vérifié que je n’avais pas besoin de points (juste une éraillure) et a attendu avec moi l’expulsion du placenta.
« L’accouchement est une épreuve intense »
J’ai eu de la chance de voir toutes mes demandes acceptées. La sage-femme a même été actrice pour mieux me permettre de respecter mes souhaits. Lorsqu’à un moment, je gérais moins bien mes contractions, j’ai demandé une péridurale, mais elle m’a rappelé mon choix et m’a encouragée, m’assurant que je me débrouillais très bien et que je n’en avais pas besoin. Elle m’a toujours expliqué tout ce qu’elle allait faire comme geste, a toujours demandé mon accord avant d’intervenir.
J’ai vécu 25 heures de contractions sans péridurale ni instrument. Pour être spécialiste de sport d’ultra-endurance avec des efforts qui durent parfois jusqu’à 80 heures d’affilée, j’ai pensé que ce serait parfaitement maîtrisable. Mais l’accouchement est une épreuve beaucoup plus intense !
Mon souhait était d’accoucher dans l’eau. Et finalement, c’est moi qui suis sortie seule du bain, je ne m’y sentais mieux. Je n’avais pas imaginé non plus que je ferais des micro-siestes de quelques poignées de secondes entre chaque contraction à la fin. J’ai failli tomber du ballon, car je m’étais endormie ! J’étais très fatiguée à la fin, tellement que je ne sais même pas qui a coupé le cordon ni quand !
« Une pédiatre de garde m’a fait des réflexions blessantes et stupides »
Après les soins, je suis rentrée dans ma chambre en pleine forme avec mon bébé très calme. On a essayé de lui donner le sein, mais il n’avait pas faim et s’est endormi pendant 5 heures ! Donc j’ai eu le temps de faire quelques étirements, faire une toilette au gant et dormir.
À cause de la jaunisse, nous avons dû rester sept jours à l’hôpital. En plus, avec les restrictions Covid, les visites étaient interdites donc c’était très long. Le 4e jour, j’ai expliqué que c’était très dur pour moi d’être seule et ma sœur a obtenu une dérogation pour nous voir 2 heures. C’était super, ça m’a fait beaucoup de bien. J’avais aussi pris soin de glisser un thermos et des sachets de tisane / des boissons reconstituantes / des petits snacks, donc j’étais autonome, je n’avais pas besoin d’appeler les équipes.
Toutes les personnes vues, de l’agent d’entretien au cadre de santé, étaient vraiment super. Sauf une pédiatre de garde qui m’a fait des réflexions blessantes et stupides (elle cherchait absolument à me décourager de l’allaitement en me critiquant). Heureusement que j’ai de l’humour et que j’ai réussi à prendre du recul, car ce genre d’incident peut causer des dégâts graves sur des jeunes mères…
« Mon accouchement m’a donné une confiance incroyable en moi »
Le retour à la maison s’est super bien passé. Tout le monde s’était assuré que je ne manque de rien, j’avais toujours des petits plats prêts. J’avais aussi rempli mon congélateur de plats savoureux avant de partir accoucher.
Le rythme du bébé a dicté le mien et tout s’est super bien passé. J’avais décidé que les 40 premiers jours seraient une bulle entre moi et mon enfant. Mon meilleur souvenir est notre première sortie pour aller prendre un café (mon premier café depuis un an). Il était minuscule, en écharpe contre moi.
Remonter sur mon vélo fut mon second meilleur souvenir. Je me sentais bizarre de ne pas avoir mon bébé, mais très vite, j’ai retrouvé tout mon plaisir de rouler. Ce jour-là, je n’ai roulé que quelques kilomètres, mais ils avaient un intense goût de liberté et de joie !
Mon seul mauvais souvenir fut lorsque j’ai eu un engorgement de lait. J’avais envie de m’arracher la poitrine et j’avais de la fièvre. Je suis allée prendre une douche chaude et j’ai hurlé de douleur en pressant la poitrine pour remédier au problème. Mais après ça allait mieux !
J’ai aussi eu bien sûr des moments où les hormones ont chuté et où j’étais très sensible, ou des moments où je faisais les choses de travers, mais j’ai géré avec beaucoup d’humour sans poser de jugement et c’est passé sans problème !
Mon accouchement m’a donné une confiance incroyable en moi : je sais fabriquer un humain, je sais accoucher, donc je sais que je vais m’en sortir.
Merci infiniment à Violette pour son témoignage !
*Le prénom a été modifié
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