- Prénom : Siranouch
- Âge au moment de l’accouchement : 26 ans
- Bébé attendu le : 22 février 2022
- Bébé arrivé le : 11 février 2022
- Stats : 3,765 kilos pour 50 centimètres
Attention : Dans ce récit accouchement, certains passages évoquent notamment des douleurs intenses et peuvent être difficiles à lire
Une grossesse désirée, survenue rapidement
Mon mec et moi sommes en couple depuis quatre ans. On a décidé d’avoir un enfant au mois de janvier 2021 et je suis tombée enceinte au mois de mai.
J’ai su que j’étais enceinte un matin où je ne me sentais pas comme à mon habitude. Vu qu’on essayait depuis quelques mois, j’ai décidé de faire un test. Surprise : j’étais enceinte d’une semaine à ce moment-là !
J’étais à la fois extrêmement heureuse — mon conjoint aussi — mais quelques heures plus tard, pour ma part, les angoisses ont pris le dessus. J’attendais ce moment depuis tellement longtemps ! Mais j’avais peur. Peur de la grossesse, de l’accouchement… je me demandais si j’allais vraiment être à la hauteur. Si j’allais réussir à m’occuper de mon enfant mais également à gérer mes émotions et mon stress. Ma maman est malade et ça faisait beaucoup à gérer.
Une grossesse pendant laquelle j’ai stressé
La grossesse se passe bien, avec les maux qu’on connaît. Mais j’étais angoissée en permanence. Je n’ai pas du tout aimé être enceinte, je réfléchissais beaucoup et je voyais tout en noir. J’avais peur de perdre ma fille à tout moment mais j’avais aussi peur qu’elle naisse avec des problèmes de santé. Personne ne comprenait vraiment pourquoi je voyais toujours le côté négatif mais c’était impossible de me contrôler.
Et puis autre chose, le corps change. Prendre trop de poids m’a fait stresser durant les 9 mois. Je redoutais l’épreuve de la balance à chaque rendez-vous médical.
Au dernier trimestre, je commence à redouter l’accouchement. Je me demande si je vais réussir à pousser, si je vais avoir mal, si ma fille allait être en bonne santé, etc. Tout ce que je sais, c’est que je ne veux une péridurale mais pas d’épisiotomie. J’avais entendu trop de choses dessus et ça me faisait peur. À l’hôpital, on m’a dit qu’ils ne la pratiquaient que très, très rarement, uniquement quand ils n’avaient plus le choix.
J’ai été suivie pendant toute ma grossesse à la maternité où j’allais accoucher, par des sages-femmes. Elles étaient au top !
C’est mon premier enfant, et je ne savais pas du tout quand j’allais accoucher. J’avais beaucoup de contractions mais je ne savais pas si c’était le moment ou pas d’aller à l’hôpital. Je n’en pouvais plus d’être enceinte… J’avais l’impression d’être une grosse larve. Je n’arrivais plus à dormir, à manger et je ne faisais plus grand-chose de mes journées.
Et puis le 11 février à 5h55, je perds les eaux. J’appelle le papa qui était au travail, et direction l’hôpital !
Arrivée là-bas, je suis plutôt de bonne humeur et je vais bien. Je suis tellement pressée d’accoucher et de la voir que je me sens bien. Les contractions sont là mais franchement ça va, je gère. Je me dis même : « Ah bon c’est ça ?? Facile ! »
La pose de la péridurale
On me propose de poser la péridurale vers 14 heures, je refuse car je sais que je peux encore gérer mes contractions. Mais étant donné le nombre de patientes à l’hôpital, l’anesthésiste dit avoir beaucoup de travail donc on me demande si je préfère qu’elle soit posée maintenant ou après. Je comprends que je risque d’attendre trop longtemps après.
J’accepte donc qu’on me la pose à ce moment-là. Je suis encore bien, la péridurale ne me fait pas mal et je suis de bonne humeur. La sage-femme qui doit m’accoucher est contente, elle me trouve joyeuse et mon col se dilate assez vite donc c’était parti pour que ce soit un bel accouchement.
Ça se gâte le soir, vers 18h30. Mon corps entier tremble et je ne sais pas pourquoi.
Il est presque 20 heures et je tremble encore plus. Mon cœur bat extrêmement vite, j’ai froid et j’ai très envie de vomir. J’ai l’impression que je fais une crise d’angoisse. J’en fais souvent mais là c’est vraiment très intense. J’avais très peur de l’accouchement et à quelques minutes de l’avoir dans mes bras, je me dis que c’est sans doute dû à l’angoisse.
20h10, je vomis. Pile à ce moment-là, la sage-femme rentre pour me dire au revoir, elle avait fini son service. Elle tente de me rassurer, de me dire que tout ira bien et que la personne qui prend sa relève est formidable. Je la crois, je la remercie énormément et elle s’en va.
Le retour des contractions
J’essaye de reprendre mes esprits mais petit à petit, je sens de plus en plus les contractions. Bizarre… Jusque-là, je ne sentais pas grand-chose grâce à la péridurale. Je respire, j’essaye de gérer au mieux les contractions avec mon conjoint qui ne me quitte pas et qui essaye de me rassurer.
À 21 heures, mon col est dilaté à 10 centimètres, et la tête du bébé se voit. J’étais déjà extrêmement fatiguée mais je me dis que c’est la dernière ligne droite. J’ai la sage-femme en face de moi, ainsi qu’un interne. Et tout près de ma tête, j’ai l’auxiliaire qui est là pour m’encourager et me dire quand pousser. J’avais peur de mal faire, de ne pas savoir pousser mais finalement j’y arrive après quelques essais. Ma fille sort petit à petit mais re-rentre.
Je ne peux pas dire vraiment combien de temps ça dure mais c’est frustrant d’en faire autant et que ça n’aboutisse pas. On me dit que c’est super, qu’il faut que je continue mais le travail n’avance pas. À ce moment-là, la sage-femme me dit que si d’ici 10 minutes on n’y arrive pas, elle devra appeler le médecin pour faire sortir ma fille avec une ventouse. En pleurs, j’acquiesce. Je n’ai pas trop le choix, il faut la sortir au plus vite avant que ça devienne dangereux pour sa santé.
Malgré mes essais, ça ne marche pas. C’est là que le médecin arrive avec beaucoup de personnes. D’un coup je sens une pression énorme, il y a beaucoup de monde autour de moi. On m’explique que sa tête est trop grosse et que c’est sans doute pour ça que ça ne passe pas. Qu’ils vont devoir utiliser les forceps. Et à ce moment-là, j’entends : « On va faire une épisiotomie aussi. »
Je n’ai pas le temps de vraiment savoir ce qui va se passer mais je sens une coupure et les forceps à l’intérieur de moi. Je hurle. Comme je n’ai jamais hurlé de ma vie. Je me sens partir et j’entends que mon conjoint à côté de moi fait un malaise. J’ai tout senti passer, l’instrument, le corps de ma fille. Tout. La péridurale ne fait plus effet, je le comprends à ce moment-là.
La naissance de ma fille
Je hurle, je pleure et en même temps, j’ai honte d’hurler comme ça. Mais rien n’y fait, je n’arrive pas à me contrôler. Là, ils me posent ma fille sur moi, elle est enfin là. Je l’entends pleurer. Ils demandent à mon conjoint s’il veut couper le cordon mais il n’était pas en état, assit tout blanc sur le fauteuil à côté de moi.
Je n’ai pas vraiment le temps de réaliser, et là j’entends que le placenta n’est pas sorti dans la totalité. Qu’ils vont devoir y mettre la main pour sortir le reste. Je ne me sens vraiment pas bien, je leur demande de prendre ma fille. Je ne suis plus en état de la porter. Je sens évidemment la main passer, je veux que ça s’arrête. Les douleurs sont atroces. Pourtant ça ne s’est pas arrêté là, il fallait me recoudre.
Ils m’administrent deux autres anesthésies mais ça n’a pas fonctionné. Je tremblais encore plus. Je leur demande si ce tremblement est normal. J’avais l’impression que j’allais mourir. On me dit que oui, que le tremblement est un effet secondaire de la péridurale. Super ! Je vois au loin — et à ce moment là il n’y a que ça qui me réconforte — ma fille dans les bras de son papa.
J’ai été vachement entourée par mon conjoint et le personnel. Sans eux, je n’y serais pas arrivée.
Je ne m’attendais à rien pour mon accouchement, j’avais imaginé plusieurs scénarios pour me préparer à tout. Mais honnêtement, j’avais imaginé tout sauf à ça. Mon corps a énormément souffert et psychologiquement, c’était très dur aussi.
Ensuite, je n’arrivais pas à m’asseoir, pas à me coucher… Je dormais peu et quand je dormais, je faisais encore des cauchemars de l’accouchement à en pleurer. Je me revoyais hurler à la mort. Mais encore aujourd’hui, ça revient. On dit souvent qu’on oublie quand on serre notre enfant dans nos bras mais c’est faux. En tout cas pour ma part. Je l’aime du plus profond de mon cœur mais je n’oublie pas et ça n’a pas été le plus beau jour de ma vie.
Un allaitement compliqué
En plus de ça, je souhaitais allaiter mais je n’ai pas eu de montée de lait. J’avais deux gouttes de colostrum. Ça ne suffisait pas à ma fille qui perdait beaucoup de poids à cause de l’alimentation et de sa jaunisse. Elle a fait une jaunisse à cause des forceps, sa tête ayant été touchée.
Pour la nourrir, il fallait que je la mette au sein puis qu’on lui donne un biberon. Ensuite, il fallait que je tire mon lait pendant 15 minutes. Rien n’en sortait vraiment, c’était simplement pour stimuler et que ma montée de lait arrive.
Encore un gros coup dur psychologique. Je me sentais incapable de nourrir ma fille, je m’en voulais de ne pas y arriver. C’était très mécanique et j’avais l’impression d’être uniquement une « femme à lait ». J’étais usée, tant physiquement que psychologiquement. Je pleurais tout le temps et je n’avais qu’une hâte, c’était de sortir de l’hôpital. Nous sommes restés 6 jours à cause de la jaunisse, elle est passée sous photothérapie.
Un retour à la maison qui fait du bien
À la maison, ça allait déjà un peu mieux. On n’avait pas les vingt visites par jour comme à l’hôpital, de jour comme de nuit. Pour l’allaitement, je devais continuer à faire la même chose, mais chez soi on respire. Heureusement mon conjoint était là, sans lui ça aurait été différent. Il a été là du début jusqu’à la fin.
Son aide est précieuse et on partage toutes les tâches. C’est un super fiancé mais aussi un super papa.
En post-partum, mon corps se remet encore mais psychologiquement ça va mieux, grâce à mon chéri, grâce à la famille mais aussi et surtout grâce à ma fille. Je sais pourquoi j’ai souffert quand je la regarde. Notre lien est très fort.
Et consultant une spécialiste, j’ai su pourquoi j’avais très peu de lait. Mon accouchement a marqué mon corps et a été traumatisant. D’où la montée de lait que 15 jours après. En ayant cette information, j’ai décide d’arrêter l’allaitement. C’est mieux pour moi et c’est mieux pour ma fille. Elle aura mangé aux seins presque deux mois et je suis déjà contente, vu mon parcours.
Évidemment, je ne garde pas vraiment un bon souvenir de cet accouchement. On en parle encore avec les larmes aux yeux avec mon conjoint. Lui aussi a été traumatisé. Il m’a raconté que de me voir hurler comme ça et d’être aussi impuissant face à la situation l’a fait se sentir mal. D’où le malaise…
Forcément si c’était à refaire, j’aurais certainement demandé la péridurale plus tard — quitte à souffrir un peu plus avant. Et puis pour le reste, on ne peut pas vraiment choisir, j’ai l’impression. Dans tous les cas, le corps et la tête ne sortent pas indemnes.
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Image en une : © Solen FeyissaHire/Unsplash
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Les Commentaires
Car dans ce cas une césarienne était possible et certainement moins douloureuse pour la mère. J'en ai subi une en urgence et en 5 min j'étais prête et encore 5 min après mon fils était sorti, le plus long c'est pour tout refermer (1h pour moi environ). Je m'en suis bien remise et n'ai pas de séquelle psychologique (ni physique alors que j'avais peur que la cicatrice tire/gratte aux changements de temps et rien).
Pour la péridurale je n'ai pas tout compris malgré le fait d'avoir eu un enfant ... on vous dit souvent avant d'accoucher qu'en gros elle durera qu'un certain temps donc faut pas louper le coche : trop tôt vous aller douiller pour la poussée, trop tard vous ne sentirez rien donc compliquer de pousser, mais j'ai eu la péridurale dès le début car déclenchement, et régulièrement un/e interne passait pour contrôler la dose, je suis restée 12h avec, au moment de la décision de la césarienne ils ont augmenter la dose, donc je ne comprends pas qu'elle n'ait pas fonctionné jusqu'au bout pour elle, idem ils pouvaient attendre que l'anesthésiant fasse effet avant de la recoudre, on est plus à 5/10min ...
Après pour moi c'était une journée tranquille on était que 2 ou 3 à accoucher ce jour là donc j'avais "tout" le personnel à disposition.
Si elle le souhaite vraiment la personne peut attaquer au civil le personnel médical (là c'est mon domaine car je suis dans l'assurance) car le défaut de conseil est couvert par leur assurance professionnelle (et c'est pour ça que ça leur coute très cher) et clairement il y a défaut de conseil ... après moi je suis plus du genre à ne plus vouloir en parler que garder une plaie ouverte avec une procédure longue