Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés d’une louche d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
J’allaite mon fils d’un an et demi et l’autre jour, alors qu’il mangeait tranquillement au sein sur un banc dans un parc, un couple de gros nazes m’a demandé de me couvrir parce qu’ils étaient gênés.
Sur le moment, j’étais tellement surprise que je n’ai rien répondu, et que j’ai mis un lange pour planquer mon sein. Mais j’aimerais bien savoir ce que toi, tu leur aurais répondu à ma place.
Bisous,
Moira
La réponse de la Daronne
Mon petit pot de compote industrielle,
Les bras m’en tombent, les nichons m’en tombent (bon ok, ils m’en tombaient déjà avant), les cheveux m’en tombent, les ongles m’en tombent, les jambes m’en tombent. Je n’ai même plus de membres tellement tout est tombé.
Parfois, j’oublie vraiment qu’on vit dans un monde bizarre où certaines personnes viennent au monde dépourvu du truc humide et spongieux qu’on trouve habituellement à l’intérieur de la caboche. En revanche, le gros trou béant dans le bas du visage qui leur permet de la ramener même quand ça ne les concerne pas, il est systématiquement livré à la naissance, et c’est bien dommage.
Tu veux savoir ce que je leur aurais répondu à ta place ? Rien. Je n’aurais rien répondu.
J’en serais restée comme deux ronds de flan. Choquée la meuf. Puis je serais devenue toute rouge et j’aurais mis un lange sur la tête du bébé.
Ensuite, ledit bébé aurait tiré sur le lange, dévoilant de nouveau le boob maudit. J’aurais alors essayé de remettre le tissu en place, mais rien n’est plus libre qu’un gosse d’un an et demi, et comme lui, les cons, il s’en fout et que le lange le gêne, j’aurais fini par renoncer et me lever de mon banc où j’étais pourtant assise peinarde avec mon gamin et où je ne faisais de mal à personne.
J’aurais repris toute penaude le chemin de mon domicile, où il semblerait donc que se trouve ma place de mère. Sur le trajet du retour, j’aurais commencé à rejouer le film dans ma tête. Et en rejouant le film dans ma tête, là et seulement là, j’aurais commencé à imaginer plein de trucs à la fois super malins, mais sans pitié à répondre à ces crétins. Et autant te dire que je me suis lâchée en pensées, ça m’a fait la soirée.
Voilà tout ce qu’on leur dira la prochaine fois, en variant le ton, ça va de soi :
Agressif : Taisez-vous bande d’odieux putois.
Encore un mot et je vous botte le fondement !
Amical : Cet espace est public, partageons-le gaiement,
Moi sur ce banc, vous 500 mètres plus loin !
Descriptif : Ce que vous voyez ici, s’appelle un sein,
Et 3 millions d’humaines en ont deux comme moi !
Curieux : Expliquez-moi ce qui provoque votre émoi,
Chez mon enfant qui boit tranquillement ?
Gracieux : Mes excuses ! Je comprends, naturellement,
Que la vue d’un nichon vous cause des sueurs.
Rassurez-vous, j’ai la solution : regardez ailleurs !
Truculent : Il y en aura pour tout le monde, soyez sans peur !
Mon fils est un fripon, mais il est partageur !
Prévenant : Voici un lange mes bons amis,
Recouvrez-en votre tête et plus de soucis !
Tendre : Oh, mais ça les gêne ces crânes de nœuds ?
Allez-vous faire cuire de mignons petits œufs !
Pédant : Connaissez-vous les bienfaits du lait maternel ?
Nutritif, antibactérien et autres nombreuses merveilles,
Je donne le meilleur à mon trésor, et rien de moins
Cavalier : Oh ça va allez, n’en faites pas tout un foin !
Achetez-vous une vie, ça vous fera du bien !
Emphatique : Projeter comme ça, ce n’est pas sain,
J’espère qu’un psychologue pourra vous aider !
Dramatique : Hors de ma vue, sales obsédés !
Admiratif : Quelle audace ! Vraiment chapeau !
Lyrique : Vous avez vraiment le QI d’un bulot !
Naïf : Éclairez-moi, qu’est-ce qui vous dérange,
À la vision de mon tout petit qui mange ?
Respectueux : C’est vrai que votre poitrail nu exposé aux 4 vents,
Est bien moins obscène que le boob qui nourrit mon enfant.
Campagnard : Bah qu’est-ce qu’y a, c’est la nature !
Toi aussi, t’aimais téter, fais-pas genre t’es pur !
Militaire : Troupes repliez-vous et foutez-le camps !
Pratique : Je ne regarde jamais les inconnus, faites-en autant !
Enfin parodiant Nabila en un sanglot :
Je vous préviens, si ça continue, je vais vous balancer sur les réseaux sociaux !
Voilà, mon petit lémurien de Norvège, ce que tu aurais pu leur répondre, si seulement ils ne t’avaient pas pris par surprise, fourbes qu’ils sont. Mais tu auras de quoi faire, la prochaine fois que des inconvenants viendront interrompre le déjeuner de ton enfant. Ce qui d’arriver ne manquera pas. Parce que d’ici que les gens arrêtent d’être cons, on a le temps de mourir et ressusciter mille fois.
En attendant, si tu veux leur donner tort, continue de filer à bouffer à ton enfant quand il a faim, ou quand il a besoin d’un câlin. Parce que les relous existent, mais on ne va pas arrêter de vivre notre vie pour eux. Sinon, on ne sort plus de chez nous, et on ne va quand même pas leur faire ce plaisir.
Allez, je te laisse, je dois donner une conférence à la Leche League
La bisette,
Ta daronne
Crédit photo image de une : Lolostock
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