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« Notre seule limite n’est plus la norme, mais notre imagination » : je pénètre régulièrement mon copain

En couple avec Alban* depuis 6 ans, Angela* a souhaité témoigner sur leur sexualité pour balayer les préjugés qu’on peut avoir sur certaines pratiques et rassurer celles et ceux qui ont envie d’essayer le pegging ou la pénétration par la femme de son partenaire masculin.

« Je suis une femme de 31 ans en couple depuis maintenant 6 ans avec Alban (le prénom a été modifié) . Je dirais qu’on forme un couple solide et plutôt classique vu de l’extérieur : on vient d’acheter ensemble un appartement, on a un chat et des projets d’avenir ensemble. Si je souhaite témoigner aujourd’hui sur notre sexualité, c’est parce que sortir des schémas classiques de la sexualité hétérosexuelle a bouleversé ma vision globale du sexe et du plaisir.

Une rencontre classique et belle

Avec Alban, tout s’est fait facilement : un date Tinder, des confidences, une, deux, trois soirées passé ensemble, et rapidement l’évidence qu’on voulait continuer notre route à deux. La première année, nous couchions énormément ensemble, mais nous ne parlions pas tant que ça de notre sexualité. Tout semblait naturel entre nous, je jouissais à chaque rapport (ce qui n’avait jamais été le cas avec mes ex) et je trouvais ça incroyable. Que demander de plus ?

Et puis la folle passion des débuts s’est tassée, on a ralenti notre rythme de rapports et même si rien n’avait changé, j’ai commencé à prendre moins de plaisir. C’est là qu’Alban m’a questionné plus précisément sur mes envies, et j’ai dû répondre quelque chose comme « je n’ai pas de désirs hors-norme, mais je trouve que c’est parfois un peu barbant que ce soit tout le temps la même chose.« 

Ça a commencé avec un doigt

Il a semblé d’abord un peu vexé, puis il m’a dit qu’on n’était pas obligé de toujours suivre le même schéma, qu’il adorait me pénétrer, mais qu’on pouvait se concentrer sur d’autres pratiques, et que d’ailleurs en parlant de ça il avait envie de son côté d’explorer son plaisir prostatique. Il a ajouté : « J’aimerais bien que tu me caresses l’anus ou même que tu me mettes un doigt quand tu me suces par exemple »
La demande ne me choquait pas, mais au moment de passer à l’acte pour la première fois, je ne faisais pas la fière. Je me sentais totalement inexpérimentée, gourde, et de ce fait pas franchement excitée par la scène. Lui a guidé mon doigt et assez rapidement, j’ai senti qu’il allait jouir. C’était beaucoup plus rapide que d’habitude, et une fois mon appréhension passée, plutôt rigolo. Assez rapidement, c’est entré dans nos pratiques habituelles. Notre sexualité a évolué au passage, devenant pendant un temps plus tournée autour du sexe oral et zappant régulièrement la partie pénétration pénis-vagin. Jusqu’au jour où après avoir jouit, il m’a avoué un peu gêné qu’il avait toujours fantasmé qu’une femme le pénètre avec un gode ceinture.

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Mon copain, la sodomie et moi

Au début, j’ai dit que c’était trop pour moi. J’avais toujours envisagé dans un couple hétéro la sodomie comme une pratique où l’homme pénètre la fa femme, et j’ai ressenti sur le coup un peu de dégoût d’envisager une inversion des rôles. Je trouvais ça bizarre… Pour autant, je continuais à stimuler son anus pendant nos rapports, et petit à petit, j’ai évolué jusqu’à me dire que j’étais curieuse d’essayer. Un jour, en vacances, on est passés devant un sex-shop, et le plus naturellement du monde je me suis dirigée vers les godes ceintures et je lui ai dit : tiens, on en prend un du coup ? Il a fait une tête de petit chiot heureux et a immédiatement dit oui. J’ai choisi un modèle de gode qui a une forme de L : je m’insère une partie gode en moi, et il y a un gode de l’autre côté avec lequel je peux le prendre lui. On ne l’a pas utilisé tout de suite, je crois qu’on avait tous deux des appréhensions à l’idée de passer à l’acte.

J’ai eu l’impression d’avoir atteint un tout autre niveau d’intimité en vivant ça avec lui.

Angela

Notre première sodomie

Un jour, on a commencé un rapport et il m’a susurré qu’il voulait que je le prenne. J’avais aussi très envie, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Tout d’abord, contrairement à ce que nous pensions, le gode était trop lourd pour être porté par mon vagin, je devais donc avoir une main en dessous pour le soutenir.
Et puis j’étais habituée à pénétrer son anus avec mes doigts. Là, je ne sentais pas vraiment ce que je faisais et ce gode était plus gros et plus large… En le pénétrant, il m’a ralenti et m’a signifié qu’il avait un peu mal. J’étais mortifiée, je voulais lui donner du plaisir, pas de la douleur. Je lui ai proposé d’arrêter, mais il a souhaité continué, on a pris notre temps et le voir se tordre de plaisir, gémir m’a excité au point où je suis passé à ça de jouir en le sodomisant. Quand on a fini, il m’a embrassée, j’ai ressenti une immense vague d’amour pour lui et il et m’a répété qu’il m’aimait fort. J’ai eu l’impression d’avoir atteint un tout autre niveau d’intimité en vivant ça avec lui.

Comment la sodomie a révolutionné ma vie sexuelle ?

Aujourd’hui, on n’utilise pas ce gode régulièrement, peut-être une fois tous les 2 ou 3 mois, mais cela ne l’empêche pas d’avoir révolutionné ma vie sexuelle. Avant Alban, je me rends compte que je n’avais JAMAIS questionné sérieusement ce que pouvait être la sexualité. Je n’entrevoyais tout simplement aucun autre horizon que celui que l’ensemble de mes amants m’avaient proposé : bisous, préliminaires, pénétration, on s’arrête quand le garçon jouit et c’est plié. Je me dis aussi qu’au début, si j’avais peur de m’occuper de l’anus d’Alban, c’est parce que j’étais tiraillée par la peur d’être une mauvaise amante. Finalement, répéter le même pattern à chaque fois a ça de rassurant que la peur de la mauvaise performance s’efface… Alors que je sais qu’on n’est pas au lit pour performer, mais pour prendre son pied.

Aussi, si je suis honnête, sodomiser mon amour m’a fait réfléchir à ma vision de la pénétration. Si on m’avait demandé bien avant cela si je trouvais le principe de pénétration humiliant, j’aurais certifié que non. Pourtant, quand il m’a proposé cette pratique, j’ai honte, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser que ça risquait de le dégrader de le voir LUI dans cette position. Aujourd’hui, je me dis que c’est stupide d’avoir pensé ça, et que dans ma tête, l’acte de pénétrer est un acte d’amour et de plaisir comme un autre.

Finalement, ça a été un long cheminement. Je trouve ça super cool d’imaginer qu’aujourd’hui, notre sexualité ressemble à ça, mais que demain, elle évoluera peut-être encore. La seule limite n’est plus la norme, mais notre imagination.

* Les prénoms ont été modifiés


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

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